Chronique de pandémie


Buggy, transport traditionnel amish dans le comté de Lancaster, en Pennsylvanie

Je commence à comprendre avec retard que cette pandémie va durablement affecter notre mode de vie. J’y ai mis plus de temps qu’il n’y fallait. Je m’en veux presque.

On a cru pouvoir vivre comme des Amish

Les cyclistes, ces ORNI, ces Objets Roulants Non Identifiés ont cru qu’ils allaient échapper au confinement. Continuer à vivre en marge de la société sans la déranger. On a cru pouvoir vivre comme des Amish, aux cotés du « monde moderne » avec notre vélosuffisance sans vouloir importuner quiconque. Avec notre vélo, notre prolongement minéral, on s’est adapté comme on a pu en rasant les bordures et en évitant le souffle des poids lourds de la consommation débridée. Vivre un consumérisme de bon aloi sans trop se faire repérer. Sans même contester le modèle pourvu qu’on nous laisse une bande routière.

Le moteur planète s’est déréglé

Mais le virus déterré par les désordres biologiques s’est mis en branle et est venu nous rappeler à l’ordre. Les désordres biologiques, ce sont un ensemble de phénomènes dont le plus visible est le réchauffement climatique. Or c’est justement celui que la planète ne veut pas voir pour continuer de faire comme avant. Oui, nous appartenons à ce monde agité, exacerbé, vibrionnant qui soudainement devient incontrôlable. Le moteur planète s’est déréglé et on ne sait pas comment le réparer. Tous les médecins se penche sur le malade. Ils ne savent pas. Ils tentent de ralentir le flux avec peine tandis que tout l’édifice s’écroule autour d’eux.

Sept cent millions de chinois
Et moi, et moi, et moi
Avec ma vie, mon petit chez-moi (Dutronc Et moi, et moi, et moi)

Les petits Gardes rouges

L’édifice qui s’écroule? oui! Ses dogmes productivistes sont à l’arrêt et partout les PIB s’effondrent. Le capitalisme ne produit plus. Pourtant il avait bien fait les choses en pactisant avec l’ennemi communiste, en lui vendant son modèle irrésistible de croissance. Une dictature communiste avec des petits soldats qui obéissent au doigt et à l’œil aux ordres du grand ordonnateur, c’était le rêve assumé de tout capitaliste: rendre son capital hyper-productif sans l’ombre d’une revendication, sans le risque qu’un rouage se grippe et vienne affecter son rendement.

Aujourd’hui l’Europe pleure

Elle a abandonné toutes ses usines, trop chères, trop vieilles, trop peu compétitives et ses smicards affamés; l’Europe n’a plus rien. Même les Allemands prudents qui ont conservé une part de pragmatisme voient peu à peu leurs ventes de machines, de voitures sans clients.

L’Europe pleure, car son modèle va s’effondrer et son concept communautaire émet des craquements sinistres. Elle a détruit ses valeurs en vendant tous ses fleurons à l’encan misant sur ses services. Il ne reste plus que des peuples éperdus qui errent dans un océan de précarité de Bucarest à Murcia.

Un effet papillon va t-il détruire le monde?

C’est envisageable puisque l’épidémie n’est contenue qu’au prix d’un artifice qui consiste à en ralentir la progression. Si l’on est confiné, c’est seulement pour ne pas dépasser les capacités des moyens sanitaires. Mais l’épidémie est appelée à durer attendant un antidote vaccinal qui va prendre du temps. Des populations confinées, ça fait mauvais genre pour le capitalisme, elles ne consomment plus, elles ne peuvent plus prendre l’avion, elles n’achètent plus de voitures, elles ne vont plus festoyer sous les contrées exotiques, et la dépréciation de l’humain n’encourage pas à procréer. Les plus fragiles confinés en hauteur vont commencer à enjamber les parapets des balcons. C’est à craindre.

Quand le vaccin arrivera, s’il arrive, on pourra attendre les prochaines vagues de virus circulants. Les virus que le réchauffement de la planète exhumeront d’un endormissement millénaire au fond des glaciers.

2 réflexions sur « Chronique de pandémie »

  1. « Je commence à comprendre avec retard que cette pandémie va durablement affecter notre mode de vie »

    Pour ma part, j’ai compris depuis longtemps que nous ne retirions jamais de leçon de rien. Une fois cette crise passée, tout repartira comme avant.

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