Il criait à s’en étrangler, le quidam. Sur le parking du Crédit
Mutuel de Sausheim.
Au point même que j’ai cru qu’il allait vomir son gosier qui
crachait le feu.
Deux cyclo-randonneurs l’apostrophaient.
Allaient-ils descendre du vélo et lui donner deux gifles? pour
le calmer?
L’algarade concernait une piste cyclable non empruntée… et
peut-être des bras d’honneur échangés et des noms d’oiseaux…
Et il n’en pouvait plus de s’époumonner notre automobiliste
désespéré que deux cyclos lui tiennent tête…
Oui, il y a des automobilistes chez qui le refus des vélos de
prendre la piste passe mal. Très mal.
« C’est sûr qu’un jour, ça va pêter! « dit
l’autre, qui observait la scène.
C’est vrai aussi que les pistes construites à grands frais ne
donnent souvent pas satisfaction aux cyclos…et que d’autres
choisissent délibérémment de les ignorer. On croirait qu’il le font
exprés rien que pour emmerder les autos, parfois. Car ce
sont des grands cyclos professionnels de la demoiselle qui étaient
en cause dans des tenues smart impeccables.
« Quand on chevauche une randonneuse toute titanisée avec des
boudins de 23, on ne roule pas sur les trottoirs, nous,
Monsieur! »
Les autos attendent donc derrière les voies étroites que
Messieurs les gentlemens-cyclos libèrent la route.
Les irascibles du volant songeraient à se faire justice
soi-mêmes…c’est à dire « nous casser la gueule »
ou, pire, nous rouler dessus.
On va certainement y arriver, un jour.
De toutes façons, la maréchaussée aura du mal à sévir puisque la
plupart des pistes ne sont pas obligatoires.
Pour l’heure!
Mais les pouvoirs publics pourraient être tentés de durcir la
loi envers ces cyclistes du refus.
Le petit prolétariat cyclistes, lui, n’a qu’a fermer sa
gueule et s’exécuter: il prend la piste peinte sur le trottoir
et s’offre un tour de manège sur l’Imalaya d’asphalte et de
pavés.