J’ai gravi ce matin la nouvelle route rénovée du Haag. Le nouveau revêtement relie Geishouse à la ferme-auberge du Haag au pied du Grand Ballon.
Transformée en Voie Verte, cette route ne devrait plus être empruntée que par ce qu’on appelle les mobilités douces, vélos, marcheurs, rollers, trottinettes, cavaliers, plus les ayants-droits qui accéderont au moyen d’un badge libérant la barrière non encore installée.
La tenancière de l’Auberge des Vosges à Geishouse estime qu’elle va perdre des clients, les touristes de passage s’aventurant dans le chemin défoncé par les ornières.
Naturellement, si cette voie rénovée devait être ouverte sans restriction, nul doute que les habitants de Geishouse subirait ipso facto les mêmes pétarades comparables à celles subies par les habitants de Goldbach ou de Bourbach.
Provisoirement la question est donc tranchée, mais la pression du lobby automobile n’a certainement pas dit son dernier mot, d’autant que la perspective de la venue du Tour de France et sa caravane vont renforcer l’idée que motos et voitures peuvent très bien grimper par là.
Mes impressions
Avant de sa lancer dans la route du Haag, il faut d’abord monter à Geishouse depuis Moosch. Ce tronçon là n’est pas facile, mieux vaut ne pas le négliger.
Indéniablement, la grimpée est plus facile qu’avant avec la route défoncée. Les passages pentus se font en douceur avec une motricité (je monte à 5/7 km/h) qui ménage nos forces sans à-coups, sans choisir sa trajectoire, sans patinage, sans graviers faisant perdre l’adhérence.
Mais si le sommet est toujours à la même place (!) on bénéficie à partir du totem d’une bonne adhérence pour franchir la partie la plus difficile avec des passages à 14/15%.
De 9h06 à 9h54, j’ai mis un peu moins de 50 minutes de Geishouse au Haag
C’est un truc de moins en moins facile pour moi avec le temps qui passe. Pour gravir le Grand Ballon, il faut de bonnes dispositions physiques et mentales.
C’est à dire s’entraîner à grimper des choses plus faciles les semaines qui précèdent, comme par exemple le col du Hundsruck, le col Amic, et le jour J il faut se sentir prêt. Choisir un jour pas trop chaud, pas trop venteux et partir tôt pour éviter les flux de véhicules, les motos notamment.
En saison estivale comme aujourd’hui, on croise de nombreux cyclistes venus « faire les Vosges », des Néerlandais notamment. En plus, dimanche il y a la Course du Grand Ballon et fatalement certains sont déjà là en repérage.
Lorsqu’on arrive à Goldbach en montant par Bitschwiller, on a déjà fait un bon segment. Pour moi depuis Thann, 12 km et 330m de D+ soit un 1/3 de la dénivelée totale.
A la sortie de Goldbach, il me dit « salut Maxou! ». C’est Raymond de Baldersheim qui s’apprête à redescendre dans la vallée. On échange des souvenirs sympathiques. Puis je reprends.
Au col Amic, on a droit à l’alternative, soit poursuivre soit redescendre à Soultz soit à Uffholtz. Il faut juger de l’état de ses réserves…je suis à 16km du départ et 550m de D+.
Il ne faut pas se mentir, il reste 7 km et (1050-550) 500 m de D+. Faites le calcul, ça fait du 7% de moyenne et à partir de la ferme-auberge du Ballon, prévoir des rafales de vent éventuelles.
Je monte. Et je ne prive pas de prendre tous les pignons. On pourrait dire que je monte à l’économie ou que je gère le bonhomme et je m’interdis de dépasser 150 au cardio.
Un cyclo me dépasse. Je l’admire. Il est lourd, âgé, et puissant à la fois. Je ne cherche pas à m’accrocher. Un autre plus svelte passe…il restera derrière jusqu’au bout. Puis un troisième, affuté, mais qui compatit et qui me dit qu’il souffre aussi. J’aime ces cyclos qui se respectent dans l’effort.
Je mets l’imper et je file vers l’abîme (Garmin m’enregistre entre 50 et 55 km/h).
Au col Amic, je n’ai plus d’appréhensions, je sais que je peux monter jusqu’à Freundstein sans me presser. Uffohltz, Cernay et la maison.
La montagne était confinée, toute seule. Elle a retrouvé ses touristes aujourd’hui. Le public habituel, motards en nombre, quelques coureurs automobiles aux turbos rugissants et des marcheurs à chiens le long de la crête.
Quand j’aborde le col Amic par Goldbach. J’ai trois options pour continuer. Soit Wuenheim, soit Uffholtz, soit le Grand Ballon.
En fonction de ma forme, de ma motivation, jusqu’au dernier moment j’hésiterai.
Il y avait deux cyclistes à la pause du col Amic, le déclic s’est produit: j’ai fait le kéké qui tourne à gauche en saluant de la main droite sans m’arrêter.
Voila, vous savez tout de l’ego du cycliste qui décide son parcours sur un coup de dé.
C’est vrai qu’après, je l’ai regretté, car j’avais pris l’option la plus difficile…et les deux types m’ont emboité la roue.
Je les entendais discuter derrière moi quand l’un d’eux s’est mis à tousser « comme une bête » (je ne sais d’ailleurs pas quelle bête tousse ainsi?).
Alors je me suis écarté car je craignais qu’il soit atteint du corona…prétexte fallacieux qui m’a permis de « lever le pied ».
Ensuite, comme vous le devinez, j’ai raclé « les fonds de tiroir » pour finir la grimpée. Surtout après l’auberge de la famille Bronner où la pente reste soutenue et où on se fait « rafaler ».
Toutes les enseignes sont fermées au Grand Ballon, les étals de Riche sont vides. Mais les randonneurs sont là, en voitures, en motos et…trois cyclistes avec moi.
J’ai pris le Markstein, en grelottant. Même que le guidon tremblait tout seul!
Les 17 km de descente à Kruth m’ont achevé. Je suis allé voir le petit lac rempli à raz bord. On ne peut accéder à la digue en travaux, tous les accès sont fermés. Impossible de faire le tour.
Retour à Thann, un peu groggy en mode hibernation. Il n’y avait que les gros 40 tonnes pour me réveiller.
C’est un beau parcours qui permet de monter sur le toit des Vosges à 1424m et d’admirer le paysage. Penser à prendre ses jambes avant de partir. Je pars de Thann à 9 heures et je suis au Grand-Ballon à 13 heures.
Je prends la direction de Geishouse et je grimpe par la route.
Après Geishouse, la montée est toujours éprouvante. D’autant que la route est dans un état déplorable. Je croise cependant deux motards qui descendent au pas et un vététiste. Puis un Anglais et son camping-car qui monte. C’est tout. Pas de quoi me distraire.
Cette montée là m’épuise surtout après le hibou sur son totem. Je ne triche pas avec moi-même, je fais des sets à pied…tant et si bien qu’un marcheur aguerri me rattrape et me met quelques centaines de mètres dans la vue.
Devant la ferme, j’hésite…Est-ce que je casse-croûte là ou plus haut? J’entame le GR5 rectangle rouge avec les marcheurs. Des jeunes et des moins jeunes. Les jeunes ont mis la radio et du rap pour s’encourager, j’imagine.
Un groupe de locaux mangent au soleil le long du sentier. Vous ne vous êtes pas trompé d’itinéraire? Non! Ce dédale de cailloux me rappelle le Mercantour, je porte souvent pour franchir les murs d’escalier.
Puis je m’installe confortablement face à la vallée, au soleil. Et je sors mes casse-croûtes. Saucisson, jambon, fromage. Il ne reste rien pour atteindre le monument des Diables Bleus.
Je pousse jusqu’au radar de navigation aérienne qui ne sert plus, dit-on. Mais un véhicule 4×4 de l’EuroAirport est là. Je parcours le belvédère en gravissant les escaliers. Et je m’en vais. Riche a fait un super-établissement avec porte-vélos et salon de thé. Toilettes publiques gratuites. Il va faire son miel.
Je descends par les pistes vers l’Auberge du Ballon. Les vaches se baladent sur la route.Les Bronner sont fermés. J’appelle jusqu’au poulailler, personne, mais les poules rappliquent dare-dare derrière moi ! Les chiens roupillent au soleil et manifestement je ne les intéresse pas.
Je descends par les pistes vers l’Auberge du Ballon. Les vaches se baladent sur la route.Les Bronner sont fermés. J’appelle jusqu’au poulailler, personne, mais les poules rappliquent dare-dare derrière moi ! Les chiens roupillent au soleil et manifestement je ne les intéresse pas.
Une fois au col du Firstacker, je traverse la route et je prends Goldenmatt. Le site de Goldenmatt est en cours de réhabilitation et on peut suivre les travaux sur www.goldenmatt.fr. Dans les parages, ne pas se tromper, bien suivre le tracé GPS, il faut aboutir à Goldbach et pas à Altenbach.
A Goldbach, on descend en direction de Freundstein, légère remontée et là-aussi se tenir au tracé pour aboutir à Willer-sur-Thur au pont du Wissbach.
Retour par piste cyclable à Thann.
Rando de 45km et 1400m. Il faut du peps pour un parcours comme ça…et faire gaffe dans la descente, cailloux, rigoles traversières, portillons, escalier bois, barbelés, clôture électrique chez Bronner et une bonne prune qui réveille!
On a plusieurs possibilités pour grimper au Grand Ballon aussi appelé Ballon de Guebwiller. Le sommet du massif vosgien culmine à 1424 mètres, mais seulement 1325 mètres par la route au panneau (sur la carte IGN c’est 1343). Pour grimper au monument des Diables Bleus ou au radar en forme de …ballon, il reste donc une centaine de mètres par les sentiers piétons qui y mènent.
Je le précise, le Grand Ballon n’est pas un col…et aucun édile en quête de publicité n’a encore réussi à y planter un panneau « col » comme au Petit Ballon, son petit frère au-dessus de Wasserbourg.
On accède au Grand Ballon soit depuis Willer-sur-Thur, soit depuis Uffholtz, soit depuis Soultz. Dans ces trois cas on rejoint d’abord le col Amic avant de grimper les 7km restants.
Ensuite, on peut accéder depuis Moosch ou Saint-Amarin et ensuite Geishouse, ou depuis le Markstein.
Aujourd’hui je grimpe depuis Willer-sur-Thur. Soit 16 km et 970 mètres de dénivelé positif comme disent les marcheurs.Ce qui fait une pente moyenne de 6%.
En fait ceux qui montent par Willer-sur-Thur voient la pente varier entre 7, 8, et 9% jusqu’au sommet.
1/ Monter à Goldbach: la grande ligne droite à la sortie de Willer-sur-Thur impressionne. Ceux qui montent comme moi avec de faibles ressources ne doivent pas s’emballer et caler leur cardio. Après le moulin on aborde les lacets moins difficiles et un relatif replat nous amène à Goldbach.
2/ Goldbach s’étire en longueur avec son écart du Blanschen. De la cote 565 à Goldbach, on passe à 828 m une fois au col Amic. Il ne faut donc pas se laisser abuser par le profil qui parait plat.
3/ Au col Amic, il n’est pas interdit de reprendre ses forces pour achever la montée restante de 7 km. 7 km et 515m de dénivelé. Pente moyenne 7.3% D’abord passer les deux tronçons pavés vous amène au col du Sudel avec un beau point de vue à gauche sur la vallée. On entend parfois les randonneurs pédestres qui longent la route dans la forêt. Mais souvent ce sont les motos qui viennent troubler ce cadre bucolique. Quand vous sortez du bois, vous avez de la lecture avec les panneaux publicitaires annonçant le restaurant « Vue des Alpes » et l’auberge du ballon de la famille Brunner. Quand vient le chaume de la ferme-auberge, vous allez soit vous faire rafaler par le vent de sud-est soit le vent frais du nord. La pente est sévère et le grand parking vous sert de refuge pour pédaler. Une fois devant la ferme-auberge du Ballon, il ne vous reste plus que 3 kilomètres. Je vous recommande la tarte aux myrtilles si vous avez un coup de mou…
4/ Ramassez vous dernières forces et n’en oubliez pas en route, vous êtes à découvert. Le paysage est grandiose. Vous avez des méandres qui vous sauvent la mise avec quelques répits de pentes et les petits panonceaux qui font le point de votre avancée tous les kilomètres. Ne vous laissez pas impressionner par le sommet, vous allez avoir une remise de peine en virant sur la droite, on passe au nord du sommet. Au dernier kilomètre, vous allez dépasser le petit parking des promeneurs qui montent au monument et la dernière ligne droite est devant vous. Vous allez apercevoir le panneau devant lequel tant de cyclos font une photo-souvenir.
Au sommet l’apiculteur Riche, un hôtel et le restaurant de la Vue des Alpes.
Le reste est à l’avenant. L’hiver les locaux redescendent par le même chemin ou on peut poursuivre sur la route des Crêtes jusqu’au col de la Schlucht et plus si affinités.
Un peu de soleil au départ mais la froidure a eu tôt fait de se rappeler à l’ordre.
Alors j’ai mis les pouces sous la paume pour les protéger.
Les chemins sont très boueux et glissants.
Mieux vaut rouler sur du dur.
J’ai croisé trois routiers en tout.
Des inconditionnels certainement, comme moi.
Il faut quand même une dose de courage avec seulement quatre degrés pour s’engager à pédaler. Le premier cycliste croisé était un grand gars sec qui entamait la montée de Rammersmatt en danseuse, comme pour se donner de l’élan…et de la confiance.
Ensuite un couple emmitouflé, plus prudent, qui entamait Michelbach, caché derrière de généreux passe-montagnes. C’est vrai que le passe-montagne, ça doit bigrement aider à les franchir, les montagnes. Faudra que je m’en fasse offrir un à Noël.
En chemin, j’ai rencontré aussi un photographe animalier.
Il m’a montré ses prises de vues dont un pic épeiche magnifique.
On a échangé sur le matériel.
Ce qui m’inquiète un peu, c’est qu’il faut souvent se dissimuler pendant des heures sous une toile de camouflage avant de saisir dans l’objectif l’animal sauvage.
C’est un peu le contraire du vélo où il faut bouger.
Faut-il franchir le pas et se doter de matériel?
La question mérite réflexion car un boitier réflex et un objectif de 600mm coûtent autour de …..
Ouille!
Voici mes images pêle-mêle du jour. Vous saurez sans doute les reconnaître.
Cette année, une aire de camping-cars est née au Grand Ballon, le sommet des Vosges.
Cette aire est-elle légale?
Je ne le crois pas.
Pourtant j’ai compté jusqu’à une douzaine de camping-caristes installés derrière le restaurant de la Vue des Alpes.
Aucun point de ravitaillement, ni d’évacuation, est-il normal qu’au cœur du Parc Naturel Régional des Ballons on tolère ce type d’installation sans que personne ne réagisse?
Aujourd’hui, c’est au tour des promoteurs du Morvan.
Mon confrère blogueur Dominique Arnaud ne se prive pas de crier victoire Comment quelques panneaux de signalisation peuvent-ils mettre en joie un cycliste blogueur ? Je vais vous le dire en quelques mots. En 2016, me baladant dans la région d’Autun et dans le proche Morvan, m’intéressant à la topographie, aux paysages, au relief de ces petites montagnes souvent granitiques, et aussi à l’effort que nécessite leur ascension, j’avais remarqué que de nombreuses côtes et souvent cols géographiques n’étaient pas répertoriés. à lire ici
Voici qu’une rafale de cols viennent de sortir des cartons pour épater la galerie.
le col de la Croix de Messire Jean
le col de la Croix Vermont
le col des Blanchots
le col de la Porolle
J’ai regardé dans le catalogue de mon club Cent Cols, je ne les ai pas trouvés…
Les Cent Cols ont le jugement sévère: les cols refusés par les gardiens de la règle sont au nombre de 600 environ rien qu’en France…et dernièrement vient d’être retiré le col du Breitfirst pourtant accepté comme tel dans le passé.
En revanche deux nouveaux cols viennent d’être agréés dans le Haut-Rhin du coté du col du Schirm
le col du Sickertbach (68-0647)
le col de Luttersberg ( 68-0717).
Ils seront découverts lors de la journée régionale des Cent Cols le 16 juin prochain.
Rdv à 9h30 à Sentheim avec vos VTT devant l’église.