
Un post-confinement à vélo
L’idée avait germé à la suite du confinement lié au Covid-19. Puisqu’il fallait nous inscrire dans une limite administrative arbitraire de 100 km ou à celle de son département afin de ne pas colporter le virus, pourquoi ne pas appliquer cette contrainte à nos circuits à vélo!
Ce faisant, j’ai pris une carte du Haut-Rhin et j’en ai tracé les contours d’un itinéraire vélo.
A VTT car le terrain de nos frontières est accidenté. Vicissitudes de notre histoire géologique, de notre histoire politique et militaire, le Haut-Rhin se compose au sud de l’Alsace d’une plaine installée dans le sillon rhénan et de contreforts de montagnes usées, à l’Ouest avec le massif vosgien, au sud le Sundgau, zones de collines ayant échappées à l’effondrement du fossé rhénan.
Un VTT s’imposait donc pour épouser finement les contours de notre département du Haut-Rhin.
En 1871, la France perd la guerre qu’elle a déclenchée le 19 juillet 1870 contre le royaume de Prusse. La perte de l’Alsace-Lorraine est consacrée et une nouvelle frontière franco-allemande est établie le long des crêtes vosgiennes.
Les bornes-frontière sont toujours présentes sur les cimes vosgiennes. On les suivra du mieux qu’on pourra.
Le programme du parcours étant établi, il reste l’évidence: de nombreux passages le long de cette ligne frontière ne sont praticables qu’à pied. Avec un vélo et des bagages, c’est un défi difficile à certains endroits surtout dans les zones rocheuses accidentées où il faut pousser ou porter son vélo.
Je ne chercherai pas une « labellisation » d’un tel parcours car je sais que de nombreux obstacles s’y opposeraient. D’abord l’hostilité des marcheurs qui exercent une sorte d’exclusivité sur l’usage des sentiers de randonnée, ensuite des autorités diverses qui posent des interdits un peu partout à coups de panneau B0 (rond blanc à liseré rouge) ou d’article 331.3 du code forestier.
Enfin, cette sorte d’auto-censure de la société vis à vis des sports à risques, une forme d’hygiénisme moral qu’on voudrait nous imposer dans le cadre d’une optimisation des coûts sociaux ne prêchent pas en faveur de ce genre de raids à vélo. Le Covid-19 a en ce sens constitué un véritable frein à nos libertés individuelles et collectives en désignant du soupçon tous ceux franchissant les limites d’une ligne jaune infranchissable.
Cela dit, roulons et manifestons notre droit de rouler!
Les parcours
Au total le Tour du Haut-Rhin à VTT mesure 330 km et 6300 m de dénivelés positifs. Décomposés en 5 parcours, nous n’en effectuerons que les trois premiers sur abandon à la suite d’une chute.
En mai 2021 nous pourrons terminer notre tour qui aura pris au total cinq jours et la fin du parcours est mentionnée en bout de cet article.
- Sentheim-col de Bussang (51km/1700m)

- Col de Bussang-col du Bonhomme (60km/1700m)

- Col du Bonhomme-Vogelgrün (96km/1200m)

Les deux dernières étapes (Vogelgrün-Ferrette et Ferrette- Sentheim) n’ont pas été réalisées
Les cols
Le Haut-Rhin dans sa partie vosgienne comporte de nombreux cols. On en franchira 37. Les chasseurs de cols que nous sommes seront donc comblés.
- col du Montori 758m
- col du Lochberg 978m
- col de Fennematt 946m
- col du Hirtzelach 930m
- col Sans Nom 935m
- col du Ballon d’Alsace 1171m
- col de Ronde Tête 1091m
- col de Morteville 1035m
- col du Moinechamp 1085m
- col de la Petite Chaume 1087m
- col des Charbonniers 1105m
- col du Rouge Gazon 1086m
- col des Allemands 915m
- col de Bussang 727m
- Der Sattel 1095m
- col du Bockloch 1015m
- col de la Vierge 1067m
- col de Bramont 956m
- col de l’Etang 1018m
- col du Rothenbach 1205m
- collet du Rainkopf 1192m
- collet du Hohneck 1275m
- col de Falimont 1298m
- col de la Schlucht 1139m
- collet du Lac Vert 1225m
- col du Calvaire 1144m
- col du Louschbach 978m
- col du Bonhomme 949m
- col du Pré de Raves 1005m
- col de Saint-Marie 772m
- col de Ralaine 806m
- col de la Hingrie 747m
- col du Creux-Chêne 570m
- col de Schlingoutte 664m
- col de Noirceux 732m
- col de Fouchy 608m
- col du Schaentzel 584m
Le vélo
J’utilise un vélo tout suspendu (un amortisseur avant et arrière) qui présente l’avantage de mieux absorber les zones caillouteuses et ajoute de la motricité tout en préservant le dos et les bagages des tressautements. Pneus de 26/2.25 Maxxis sans chambre insensibles aux épines, débordant préservant les jantes des « coups de cailloux ». La surlargeur du pneu, malgré le surpoids, est un atout pour le contrôle de la trace sur sol encombré.
Les bagages
J’ai expérimenté le bike-packing, c’est à dire un sac de selle de 17 litres de marque Zéfal. La fabrication semble être de qualité. La paroi intérieure est thermosoudée et l’ensemble pèse seulement 620gr.
Ce dispositif fixé sur le tube de selle et sous la selle présente l’avantage d’être profilé et de pouvoir passer plus facilement aux tourniquets de parc et sur les passerelles « anti-vaches ».
Mais il faut savoir ranger ses affaires à l’intérieur où un seul compartiment est disponible avec une longueur modulable jusqu’à 60 cm de long. J’ai opté pour un rangement des vêtements par sacs plastique, les plus petits dans la pointe du bag à l’avant, les plus volumineux à l’arrière avec en dernier l’imperméable. J’ai renoncé à utiliser le filet extérieur car en passant sous des branchages, on risque de perdre l’imper (ce qui m’est arrivé, heureusement je m’en suis aperçu). Ensuite, il faut savoir que le bag inévitablement fait balourd au pédalage, c’est à dire qu’il balance. C’est surtout dérangeant sur route. Pas en chemin. Enfin par rapport à des sacoches, le bag est supérieur au poussage dans les montées car il vous libère le coté latéral du vélo et il ne se décentre pas.
Point important: si vous partez avec un bag droit (horizontal) il va rapidement s’affaisser et finir par frotter sur le pneu. Il faut donc le contraindre avec les sangles latérales à prendre une courbure vers le haut et il conservera cette forme jusqu’à l’arrivée.
Quand vous déballez, il faut évidemment tout sortir pour accéder au fond du sac, mais avec de la méthode on y arrive
- le sac gants et les sous-casques
- le sac chaussettes
- le sac pyjama
- le sac cuissards
- le sac maillots
- le sac « fringues civiles » pour les soirées de gala. En général c’est celui qui pèse le plus lourd, surtout le lendemain, alors méfiance! Les tongs pour le resto, c’est pas top, mieux vaut des espadrilles, un pantalon long ou short, un sous-vêtement, un tee-shirt, un chandail ou une veste de vélo à manches longues,…
Après expérimentation, je constate que pour cinq jours j’ai emporté trois jours de fringues pour optimiser le poids en comptant laver deux fois…et en priant pour que ça sèche la nuit.
Les hébergements, les gestes-barrières
Nous ne sommes pas campeurs. Transporter son couchage sur les cimes, nous n’y sommes pas préparés et on ne dort pas n’importe où dans le Parc Naturel Régional des Ballons des Vosges (PNRBV).
Covid oblige, les établissements hôteliers ont du se plier à un ensemble de règles destinées à éviter la contamination de se disséminer parmi les clients et le personnel. Plutôt bien appliquées dans l’ensemble. Pour entrer, il faut un masque, du gel est placé aux endroits de passage, un sens de circulation établi lorsque la place le permet. Pas plus de deux personnes à la fois à l’accueil…
Ça coûte combien?
Ne pas se voiler la face: voyager à vélo n’est pas gratuit. Surtout si on pratique un vélo « dynamique »…
Auberge du Ballon | 20.00 |
Moto-Hôtel | 81.25 |
Auberge Firstmiss La Bresse | 19.60 |
Auberge du col Bonhomme Plainfaing | 79.65 |
Marche Château Saint-Hippolyte | 16.20 |
Hôtel Caballin Vogelgrün | 80.38 |
Total trois jours | 297.08 |
Nous avons fréquenté trois hôtels-restaurants au col de Bussang le Moto-Hôtel, à l’auberge du col du Bonhomme, au Caballin à Vogelgrün aussi appelé Ranch du Rhin, et à l’heure méridienne l’auberge du Ballon d’Alsace (cne Urbès), l’auberge Firstmiss route des Crêtes (cne La Bresse), le Marché Château à Saint-Hippolyte.
Focus sur les hôtels
Moto-Hôtel de Bussang: je recommande!
On arrive par le col des Allemands, on traverse la nationale en faisant attention au trafic routier et on est à demeure. Inutile de descendre à Bussang car le le lendemain il faudra grimper au Drumont. Terrible à froid!
Il n’est pas banal de voir des cyclistes dans l’antre des motards du Moto-Hôtel du col de Bussang. L’hôtel est situé dans l’ancienne douane à l’entrée de l’ancien tunnel. Le patron hollandais nous attend et nous connait déjà à notre arrivée en nous appelant par notre prénom. On est surpris! Il a sa clientèle d’habitués, une trentaine de motards venus d’Allemagne, de Grande-Bretagne, de Suisse, d’Autriche…de Hollande. Les motos sont toutes abritées par quatre, toutes de prix, bichonnées le soir jusqu’au repas par les voyageurs. Et nos vélos dormiront à la cave. Belle ambiance rétro au restaurant, petit parc au pied de la RN66 (ça ne s’invente pas!) et si l’on a de la chance, dans l’abrupt rocheux on aperçoit les chamois, une mère et ses deux petits. Après vingt ans d’exploitation, l’hôtel est en vente, la patron et sa femme veulent se retirer aux Canaries.
Auberge du col du Bonhomme: à la rigueur!
Il y a un problème au Bonhomme. Le commerce ne repart pas. C’est une misère. Deux clients, nous! L’établissement est bien tenu, les gestes-barrières en place. Un menu sur ardoise, des patrons accueillants, chambre et sanitaires propres.Certes l’ambiance est loin d’être celle de Bussang
Le Caballin Vogelgrün: oui sans hésiter!
Lorsqu’on choisit son point de chute à vélo, il ne faut pas se tromper et ne pas devoir faire des kilomètres en plus. Donc à Vogelgrün, ce sera Caballin. Cet hôtel trois étoiles est situé sur l’Ile du Rhin entre Vieux et Neuf Brisach. Tout le personnel est bilingue, normal puisque les Allemands y sont nombreux. On sera logés près de notre garage à vélos (une dizaine de vélos) au sous-sol mais avec accès au plan d’eau. Une clientèle locale et familiale vient se restaurer le soir, la terrasse sera pleine. J’ose demander si on peut laver son linge…la directrice me dit non, il n’y a de machine à laver le linge ni de sèche linge…« mais si vous voulez, apportez moins un sac, je laverai votre linge chez moi et vous l’aurez sec demain matin ». Le lendemain matin, un sac de linge à ma porte. Propre. Il y a un atout commercial majeur pour les hôteliers de proposer ce service à la clientèle cycliste. Le Caballin a eu le bon réflexe. Malgré le luxe de l’établissement, les prix sont comparables avec les auberges de montagne.
Les images
Sentheim-Bussang
Bussang-Bonhomme
Bonhomme-Vogelgrün

Vogelgrün-Ferrette
Bernard est tombé en traversant un ralentisseur de vitesse métallique. On appellera une ambulance. Notre Tour du Haut-Rhin à VTT s’achève ici. C’était une belle expérience. Bernard a fait soigner son doigt abimé à Mulhouse. J’ai repris ma route à vélo et je suis rentré chez moi directement. Un peu triste.
La fin (provisoire) de l’histoire
Notre histoire a une fin…mais ce n’est pas un terme final puisqu’une chute a du nous conduire à l’interrompre.
Nous avons longé le Rhin sauvage coté français pendant 26 kilomètres jusqu’à Chalampé où une chute malencontreuse a mis fin à notre Tour du Haut-Rhin à VTT comme je viens de l’expliquer.
J’hésite encore sur le statut de cette Ile du Rhin. On me dit qu’elle est interdite à la circulation. Il est vrai qu’un panneau B0 est positionné sans autre interdit explicite aux vélos et randonneurs à pied.
La fin de l’histoire et du tour du Haut-Rhin à VTT
Mon collègue une fois remis de sa chute a souhaité reprendre la fin de notre tour du Haut-Rhin à VTT en 2021. Il nous restait donc à parcourir la partie méridionale du département.
Longer le Rhin, traverser le Sundgau, puis longer le Territoire de Belfort jusqu’à Masevaux d’où nous étions partis en 2020.
Bravo Maxou
ce n’est que partie remise, l’an prochain certainement avec autant de plaisir et de l’expérience en plus.
La météo a été de votre côté, ce qui est une bonne chose
J’ai passé la nuit dehors, vélo cyclo-cross et sac à dos pour monter sur le plateau de Millevaches (900 mètres) et dodo sous la tente, les 4°C à 5h30 du matin m’ont sorti de mon sommeil.
Bon rétablissement à ton copain
Stef
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Une chute, cela me rappelle des choses…
Cela nous dit combien nous sommes vulnérables, mais l’essentiel est de repartir….
Tout de même, l’expérience est positive, non ?
Et nous l’avons suivie avec intérêt.
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Merci pour l’intérêt porté à notre voyage. Oui pour sûr l’expérience est positive d’autant qu’on l’a commencée par le coté le moins facile
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Magnifique reportage, magnifiques photos. Dommage qu’une chute vous ait empêcher d’aller au bout du projet.
Respect 👃à vous deux.
Amitiés
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Bonjour Max et félicitations pour cette splendide randonnée. Quel dommage que vous n’ayez pas pu aller jusqu’au bout ! Bon rétablissement à ton ami.
J’ai bien apprécié le récit et les photos, tout en réalisant que ce genre de truc ce n’est pas (plus :-() pour moi !
Amitiés
Charles
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