Ne le répétez pas, il m’arrive d’user de pouvoir occulte pour faire reboucher des tranchées oubliées depuis des semaines par des concessionnaires de voirie qui se croient souvent tout permis.
J’ai longtemps côtoyé dans ma carrière des maires ruraux. Eux avaient encore le bon sens paysan. Un chemin endommagé, un élagage, un bornage défaillant, une clôture chancelante, une goulotte percée à l’église,… tout se réglait par convenance réciproque avec le voisinage. En bonne entente.
Les maires de France se plaignent de ne plus être respectés. Certains sont même violentés ce qui dans un état de droit est évidemment insupportable.
Alors on assiste à des démissions car beaucoup d’élus veulent bien se consacrer au bien commun mais pas au prix d’attaques insidieuses sur leur vie, leurs biens ou leur famille.
Le problème c’est qu’il y a des « mais » après ce constat. Etre élu confère des droits dont celui pour le maire d’être le premier magistrat de sa commune mais aussi des devoirs.
Reconnaissons-le, au chapitre des devoirs certains maires ne font pas le boulot de base. On est plus facilement absorbé par les inaugurations, les commémorations, la réunionite aigüe, que par les nécessités quotidiennes des administrés.
Le boulot de base, il est là le problème. Dans les communes de petites tailles, on a pris l’habitude de déléguer soit à son équipe technique soit à une communauté de communes. Et le boulot de base, on l’a oublié. Plus personne ne l’exécute notamment celui du pouvoir de police. Déléguer à une communauté certains pouvoirs comme celui de l’éclairage public ne vous exonère pas de responsabilité à l’égard des administrés; pourtant il arrive qu’on vous renvoie vers une administration distante et peu concernée par les réclamations.
J’en suis presque à me demander si dans les petites communes on ne devrait pas nommer des corps de fonctionnaires formés à la conduite des petites communes à la place du maire comme le font les Allemands.
Je prends un exemple, les travaux sur le domaine public. Ils sont assujettis à un contrôle des maires. Enédis, le service des eaux, Orange, le service de l’assainissement, font des trous dans le sol, puis disparaissent pendant des semaines abandonnant panneaux et tranchées. C’est anormal. On ne fait pas des trous n’importe où sans respecter des dispositions préalables et administratives et sans remettre en état les chaussées avec des matériaux compactés par couches et de granulométrie contrôlée. En outre on ne laisse pas une tranchée sans revêtement, même provisoirement, aux usagers cyclistes ou motorisés.
Ecrire? on ne vous répond même pas.
Ce sont aussi ces incivilités qui braquent les riverains obligés de contourner les obstacles sans que le pouvoir local vienne mettre bon ordre à l’exécution des travaux.
Osons-le dire, certains maires s’en foutent carrément que leurs concitoyens marchent dans la glaise ou secouent leurs bagnoles dans des chaussées rapiécées pendant des mois. Il existe parmi nos élus un déficit démocratique à l’égard des administrés; des conseillers municipaux sont passés dans ma rue en 2022 pour interroger le voisinage, recueillir des doléances, puis plus de nouvelles!