Il faut l’admettre, nos moyens de transports ne sont pas exempts
d’aléas de plus en plus sensibles.
En dépit de notre modernisme abouti, il suffit de 15 cm de neige
pour que le Pays soit paralysé.
Pas seulement sur nos routes!
Si les avions peuvent voler par moins quarante degrés, ils
restent étonnamment fragiles dans les aéroports, là où il faut
« dispatcher » les avions et…les voyageurs et leurs
bagages.
Mais c’est un moyen de transport centenaire qui vient aussi de
montrer ses limites: le train!
Dans cet incroyable périple que viennent de vivre en direct 600
voyageurs se rendant de nuit de Strasbourg à Port-Bou, il y a lieu de
s’interroger…26 heures pour faire un voyage qui dure normalement
13 heures!
Les « professionnels de la profession »,
comme on dit à ce sujet, analysent cette contre-performance de la
SNCF avec pragmatisme.
Avec un verbiage propre à toute grande entreprise, voici un
exemple de ce que ça donne:
Il faut trouver :
– une machine apte chauffage train (pas de 27000 par
exemple….)
– un conducteur habilité « voyageur » disponible ou en réserve
– avoir un sillon pour porter le secours, sachant que la machine
viendra sois de Dijon soit de Lyon (100 km de chaque coté environ:
Dijon PK 312, Tounus PK 407, Lyon PK 512)
Entre la TT0035 (aptitude lignes parcourues
et type de trains pour les conducteurs), la quasi suppression des
réserves…. pas très facile… Il faut en plus que le condcuetur
de réserve soit positionné au même endroit que la loc qu’il
acheminera pour porter le secours….
Pour les sillons, c’est idem: c’est sans
doute sous couvert d’un SDM (Sillon de Dernière Minute) que la
machine de secours sera acheminée, sillon tracé comme son nom
l’indique, au dernier moment…. Et dans le cas présent, avec
l’acord de deux PC: Dijon et Lyon, ce qui doit donner un accord de
circulation au pire en 4 heures (si si….) Quand on rajoute les
opérations liées au secours (ordre de contrevoie éventuel, attelage
plus essai de frein « VFF »), çà a donné trois heures
d’attente….
Les locs dispo: sur cet axe, en principe, pas
de locs à Chalon sur Saone ni Macon, à moins de la prendre sur une
rame réversible (25200 ou 22200R + corail ou 25500 + RRR) en
stationnement, mais ce qui conduira à devoir acheminer un autre EM
pour reprendre la rame….
On aurait tort de leur faire le reproche de rester
« zen »: on sait d’où viennent les dégâts.
La SNCF confrontée à d’impossibles défis financiers et
technologiques sacrifie depuis des décennies des pans entiers de
son coeur de métier; écartelée entre les exigences des politiques
qui veulent toujours « plus avec moins », on voit les conséquences de
cette nouvelle culture du résultat:
– des trains qui n’arrivent plus à l’heure faute
de…machinistes,
– des aiguillages qui restent grippés par le gel
– …et au centre des clients devenus de simples usagers
victimes de « l’incompétence de gestion humaine de la SNCF »
(lire à ce sujet le coup de gueule d’un
passager)