
J’ai voulu en avoir le cœur net
En ma qualité de membre du Parti du Vélo, j’ai interviewé mon vélo. Lui seul sera capable de me dire comment voter.
Il a commencé par ruminer, comme s’il avait mal digéré les mauvais coups de Macron.
Le coup de Macron est désormais bien connu des cyclistes, il consiste à les obliger à tourner dans un rond d’un kilomètre pendant une heure. Un truc de ouf dont ma bécane se souvient encore.
Elle a du mal à s’en remettre.
Les Gilets jaunes aussi tournaient en rond mais ils pouvaient changer de rond-point chaque samedi. Les cyclistes non, la gestion sanitaire avait pris une tournure chinoise.
Après un tel bilan, il est clair que pour un vélo, reconduire Macron est quasi impossible sans craindre d’attraper la danse de Saint-Guy célèbre en Alsace depuis le XVIe siècle. Macron a réussi un coup de maître sur nos valeurs. Il a tout mélangé, puis il a secoué. Et maintenant on trie. Nos jeunes générations sont d’une infantilité crasse en matière de politique. Tous les dogmes ont été jetés par-dessus bord, alors fatalement on ne croit plus en rien. Sauf à son pognon. L’Ukraine? bof! mais l’essence à deux euros, alors là voila qui pourrait faire trébucher les élites au pouvoir. Alors on subventionne…avec notre pognon qu’on n’a pas.
Alors mon vélo s’interroge, comme moi
La campagne, on la cherche. Existe t-elle seulement? Chez nous c’est Fabien Roussel qui s’est collé en premier sur le panneau électoral à la place 2. Fabien Roussel est sympa, il revendique la France des jours heureux, il cache tout sous le tapis. Mais n’est-ce pas un vœu pieux ou un vieux pneu, comme dit mon vélo qui en a marre des nids de poule partout.
De mon coté, je suis d’accord avec mon VTT, je ne peux plus écouter tous ces postulants complètement en dehors de la plaque et qui pédalent dans le vide.
La campagne n’a pas de prise, elle m’imprime pas. Mon vélo me le dit « je ne crois plus en rien, même ton programme vélo est désespérant; on ne sait pas où on ira une semaine à l’avance et tes sacoches commencent à sentir le moisi dans l’armoire«
Avec le routier, le soir dans le garage, ils se parlent. « Le patron n’a pas l’air en forme en ce moment. On ne sait pas quelle est sa politique, il vote, il vote pas, il ne sait plus où il en est.«
Il faut bien reconnaître qu’à force de nous confisquer le pouvoir, on se sent tous anesthésiés, vélos et cyclistes.
J’irai donc voter au premier tour comme je peux en risquant une contamination. Et j’attendrai sans trop douter de la suite.
Je voterai avec la procuration de mes vélos. Comme un pied.