vélomaxou
Un lecteur, peu élogieux à mon encontre, me faisait remarquer
l’autre jour que ma campagne anti-rallye de France revenait tout simplement
à promouvoir « l’âge de pierre ».
Cette finesse de jugement d’un laudateur de l’automobile me
plongea dans la perplexité…
Maxou a déjà dans le passé été déclaré mort par des adversaires
anonymes, mais ce plongeon dans la préhistoire par ces températures
caniculaires n’est pas pour me déplaire.
J’ai donc testé les bienfaits supposés de l’automobile cette
semaine sur route et sur autoroute.
Un scénario intégral fondé sur 3000km de limitations de vitesses
à 20, 30, 50, 70, 90, 110 et 130 km/h qui font de l’automobiliste
moyen que je suis un homme moderne capable d’atteindre sa
destination sans encombre et malgré le vertige des panneaux
routiers qui défilent le long de la route, et ce curieux strabisme
infligé en permanence à notre vue consistant à river un oeil au
compteur et l’autre sur la route.
Un vrai supplice!
Il convient quand même d’attendre quelques jours pour voir si
une contravention à la bonne conduite n’arrivera pas dans ma boîte
à lettres pour me renvoyer ipso facto au moins à l’âge du
fer…
Pour ce grand jour de transhumance, un jeune capitaine s’était
mis sur le bord de la route à grande circulation du coté de Laval,
lorgnant d’un regard ombrageux de « bison futé » ce grand
chassé-croisé eucharistique de la route qu’on nous annonce
obligeamment sur les ondes chaque année de cette ère
chrétienne.
Point d’infraction caractérisée à se mettre sous la dent.
Un comble au milieu de ces embarras circulatoires!
Le jeune capitaine rentra chez lui, marri.
C’est qu’aoûtiens et juilletistes s’entendent comme larrons en
foire après tant de déconvenues: ils se font même des amabilités en
se croisant au pas dans les embouteillages jusqu’à s’envoyer
d’aimables SMS: « on vous a laissé un fond de Côtes du Rhône dans le
placard et quelques rondelles de Justin Bridou dans le
frigo pour quand vous arriverez…ça sera toujours ça de
gagné! »
Les aires autoroutières ne désemplissent pas; les petits
aoûtiens sont si heureux de pouvoir enfin se rouler dans l’herbe où
le chien du juilletiste a fait ses besoins…
Oui, c’était un curieux retour que celui de Vélomaxou.
Après tout ces vélos ficelés à la hâte sur les coffres des
voitures, comme emportés dans une débâcle de civilisation en crise,
il fallait revenir à des valeurs plus sûres.
Un autre lecteur attentionné surnommé
Minouse, s’interrogeait sur la gravité de mon cas:
« tu parle(s) à la troisième personne? »…
Ce lecteur me fit comprendre, à moitié, que cette pathologie
supposée relevait d’un dédoublement de personnalité suggérant
qu’outre mes jambes, il fallait aussi que je pense à oxygéner mon
cerveau…
C’est chose faite!
PS: merci à la commune de Lambell d’afficher
si gentiment sur ses routes étroites qu’un espace de 1,50m est
nécessaire pour dépasser un cycliste hors
agglomération.