J’ai profité d’une accalmie pluvieuse pour sortir le long de la plaine d’Alsace.
L’ami Jacques (de Morschwiller) rencontré à Reiningue m’a accompagné jusqu’à Schweighouse. Comme Jacques parcourt 22.000 km sur son vélo chaque année, je suis arrivé plus tôt que prévu chez moi car son rythme est évidemment plus soutenu que le mien.
Je suis devenu timoré. J’hésite à sortir en raison du temps. En Alsace, il fait largement en-dessous de zéro, le verglas et la neige recouvrent les chemins et les chaussées secondaires. Alors ni vélo, ni course à pied. L’idée même de pédaler dans le garage? non, ça ne me motive pas. J’ai regardé les tapis de course, il faut compter dans les 300 euros en prix d’appel…sinon il faut aller dans une salle de sport. 9 euros de l’heure, je suis radin.
Je me réfugie dans ma peinture.
Aujourd’hui un paysage de neige. Je ne le considère pas réussi pour plusieurs raisons dont l’erreur la plus fondamentale est qu’on ne place pas son sujet dans l’axe du tableau.
Une erreur de débutant. Et pourtant je l’ai commise.
Je ne parle pas du reste de la même tonalité.
Je n’ai qu’une excuse, la neige n’est pas facile à restituer
Aujourd’hui rendez-vous à la pharmacie pour mon rappel de vaccination. Je sors mon vélo et je vise la partie sèche de la rue.
N’essayez pas de faire du vélo sur la glace, vous serez à terre brutalement avec des dégâts inestimables, fractures, dermabrasions, commotions,…tout ce qu’il faut pour encombrer les urgences de votre hosto déjà fort sollicité et passer les fêtes alité.
Dès que j’aborde la rue Jean Flory, celle du lycée et du collège, une patinoire.
D’abord s’arrêter sans freiner et descendre si possible sans tomber…puis tenter de marcher sur le trottoir. C’est pire!
A la première intersection rejoindre les grands axes, la route d’Aspach et le boulevard Auguste Scheurer Kestner (ex RN66). Là les vélos peuvent rouler au milieu du trafic routier. Quel privilège! Mieux vaut revêtir son gilet jaune. Derrière moi, les camions patientent car je dois éviter les bas-côtés. Finalement je suis content d’em… le monde.
Il n’y a aucune culture vélo dans ma ville et il est donc normal que les axes secondaires ne soient pas traités combien même ils conduisent aux établissements scolaires. Je ne reproche donc rien aux pouvoirs locaux étant entendu que rouler à vélo les jours de pluies verglaçantes est un non-sens cycliste pour le commun des mortels. Mais j’en fais un principe, je me refuse à prendre ma voiture pour faire 4 km (aller et retour) et les trottoirs à pied ne sont pas plus praticables. D’ailleurs ici les piétons marchent sur la route, c’est dire le sentiment d’abandon de cette populace démunie de bagnole.
Au jour J à l’heure H, je me présente à mon rendez-vous de rappel de vaccination quand mon attention est attirée par un bruit de pelles maniées vigoureusement; ce sont les employés municipaux qui dégagent l’épaisse couche de glace rendant impossible l’accès au marché de Noël.
Je m’approche du guichet: Ce n’est pas moi, c’est ma collègue…
Je patiente avec mon masque sur le nez dans l’officine, mes lunettes sur la casquette…
Vos six mois de délais ne seront révolus que le 1er janvier, votre dernier rappel date du 30 juin. Désolé, les consignes sont strictes.
Quand vous n’êtes pas sûr de l’état du sol, tenter de le tester avec les pieds pour mesurer l’état de glissement de la neige. Il existe des neiges plus ou moins collantes.
Le vélo sur neige demande de l’attention. Ce matin la neige tombe et mieux vaut aller à pied faire ses courses. Je tente néanmoins le vélo. Tout est une question de dosage: la neige est-elle glissante? avec ou sans congères? le sol en dessous est-il verglacé? un ensemble de paramètres détermine ma décision de prendre ou pas le vélo, notamment l’épaisseur de neige. Ensuite, l’itinéraire: éviter les grands axes empruntés où vous n’aurez pas la place d’évoluer à votre guise, surtout si vous tombez. Cet affirmation n’est vraie qu’en cas de neige. En cas de verglas, mieux vaut utiliser les axes traités.
Le but, c’est d’aller de A à Z sans tomber.
Car la chute est potentiellement risque de fracture de poignet ou de hanche. Ne pas encombrer les urgences déjà très sollicitées avec le covid.
Ensuite prendre ses aises sur la chaussée et se souvenir de l’état du sol, là où se trouvent les nids de poules, les raccords, les caniveaux en traversée. Si vous êtes au milieu de la chaussée, les voitures ralentissent, sinon elles vous frôlent sans ralentir.
Les prises de bordure:
d’abord une grande boucle pour vous aligner
ensuite franchir la bordure perpendiculairement lentement
Le freinage:
pas besoin de frein, il suffit d’arrêter de pédaler, la neige va vous aider.
on passe le stop au ralenti
on s’interdit le frein avant (en France, la poignée du frein avant est à gauche)
Un dernier mot
D’une heure à l’autre, les conditions de vélo sur neige peuvent évoluer défavorablement. Ce n’est pas parce que ça marche le matin que ça ira aussi facilement l’après-midi.
A VTT sur la neige, il en va tout autrement, la conduite peut-être sportive et tout aussi casse-gueule car la nature des sols et l’enneigement est très variable au long d’un itinéraire.
La neige est revenue en Alsace. Ce n’est pas la même qu’en janvier. Celle-ci est plus fine, moins collante.
La question qui se pose tout de suite: est-ce que je prends mon vélo pour aller en course? Je ne suis pas un jusqu’auboutiste. Je tâte d’abord le terrain, je veux voir comment est l’état de la route avant de partir?
A huit heures, le déneigement
A propos de l’état de la route, à dix heures on peut rouler suite au salage récent, mais avec le froid de moins six degrés comme actuellement, le gel peut beaucoup changer le contexte de la chaussée deux heures après. En conclusion ce qui est vrai à 10 heures ne l’est plus forcément à 14 heures.
Ensuite je change de machine: un vélo de ville comme le mien ne va pas faire l’affaire, je préfère prendre le VTT et un sac à dos. Gants et casque indispensables car si je tombe, la tête et les doigts sont fragiles.
Je ne vais pas faire un cours. Je prends les axes traités quand bien même ils rallongent le trajet et je me cale sur une trace. Souvent c’est au centre de la chaussée. Ne pas hésiter à la prendre et à la garder car celui qui arrivera en face avec sa voiture va fatalement se serrer, c’est en changeant de trajectoire que vous allez risquer la chute. Le carrefour arrive, je passe en petits pas et sans frein. Le stop est glissé et ça repart. D’une rue à l’autre, le traitement n’est pas le même, il faut s’adapter. La moindre pente descendante demande plus d’attention car le mouvement s’auto-entretient même en arrêtant de pédaler. Pas de cale-pieds!
Pas de mauvaise blague non plus: devant chez le commerçant, on ne se vautre pas en sautant le trottoir, on s’arrête sur la route pour descendre de la machine. Idem en arrivant chez soi.
Même en faisant un détour par les grands axes, rouler à vélo est hautement périlleux
J’emprunte les grands axes de la ville avec mon vélo. Ce sont les seuls où la neige a disparu. Mais mon inconduite reste notoire. Moralement, je ne montre pas le bon exemple. Le bon exemple, c’est prendre sa voiture ou rester chez soi. On n’imagine pas le nombre de congénères gênés par les congères. Je pense à tous ces petits vieux qui ne peuvent plus sortir faire leurs courses à pied.
Maintenant on s’est mis d’accord sur le groupe Facebook local; c’était en 2006 qu’on a eu à connaître un tel épisode neigeux en ville.
« Attention y’a du verglas! » me lance la dame qui marche sur la route vers moi.
Le piéton n’a pas d’autre choix que de marcher sur la chaussée. Parfois un geste citoyen du riverain a dégagé le trottoir mais le long des collectifs, plus personne ne se sent concerné par cette règle de civisme.
Gaston n’est plus au telefon pour nous dire où se trouve la borne à sable.
Je l’ai vu. Le verglas brille au soleil levant. La neige fondue la veille, repoussée le long des artères, s’est répandue sur la chaussée et a formé un verglas tenace. La ville ne passe plus. Existe t-elle encore, la ville? celle des services régaliens de la circulation publique? j’en doute. Il est vrai qu’avec un cas de neige comme celui-là tous les quinze ans, les managers de la pelle et du balai ont perdu la main. Le conducteur de travaux manuels est devenu conducteur d’engin. On ne peut donc plus attendre de services au cas par cas et personnalisés. Gaston n’est plus au telefon pour nous dire où se trouve la borne à sable.
Il y a manifestement une incapacité à maîtriser la situation. Plus de bataillons de manœuvres dotés de pelles et de balais, le métier a disparu, plus de cohortes zélées pour saler le matin les traversées de piétons. Quelques engins high-tech qui se dispersent on ne sait où. Pas devant la Poste en tous cas. Poster une lettre, retirer sa pension sont des exercices périlleux. Aucun traitement préventif aux abords, même pas un peu de sable!
Rue de la Poste justement, je dois sauter du vélo avant la chute.
La dame que je croise se tient au parapet du ru.
Avant d’aborder le dos d’âne, le bien-nommé, je me rends compte que ça va coincer. Je n’aurai pas la force suffisante, ni l’influx nerveux pour enjamber cette bosse pleine de glace. J’ai les manchons au guidon qui m’handicaperont pour sortir les mains en urgence et je n’ai pas le casque qui m’évitera de taper directement latéralement avec la tête. La dame que je croise se tient au parapet du ru. Je pousse mon vélo en attendant mieux.
L’ambulance va arriver, me dit la vieille dame
La vieille dame est assise par terre sur la glace au milieu du parking. Elle vient de tomber en tentant de rejoindre la supérette. Une autre dame prend soin d’elle. Une automobiliste s’arrête et l’entoure d’une couverture. L’immense parking de la ville est abandonné à son triste sort, un vaste réseau de bourrelets de glace s’est formé au fil des jours comme ces racines qui émergent le long de nos chemins.
Je n’ai pas l’expérience de la neige. Mais j’ai tenté l’aventure prêt à faire demi-tour si c’était trop difficile.
J’ai commencé par prendre la route dégagée puis j’ai tenté la piste cyclable de Leimbach.
Pas facile du tout! je n’ai que deux empreintes de roues de tracteur qui me font tressauter comme sur une tôle ondulée. Un joggeur arrive face à moi sur ma trace. Je m’arrête et je change de coté. Parfois je suis dévié dans la poudreuse épaisse. Je plonge mon pied dedans. Puis je repars. Il faut mouliner « petit ».
A la ferme d’Aspach, c’est dégagé et c’est plus facile.
Sur la route de Michelbach, aucune difficulté. Une fois dans le village, c’est plus sportif avec les congères.
Je vais tente le tour du lac. Un cheminement de marcheurs existe et aussi une trace de skis de fond. Je progresse comme je peux, cahin-caha car la direction n’est pas facile à tenir. Une fois sous le bois, j’ai moins de neige et je rattrape le fondeur. On enjambe ensemble l’arbre couché. Une fois arrivé au barrage, le chasse-neige est passé. Tout va bien.
Je rentre par la route dégagée à Thann.
Ne pas s’aventurer sans un peu d’expérience. Porter le casque! Contrôler sa vitesse et ne jamais freiner de l’avant!
Je n’ai qu’une trace de tracteur pour progresser comme sur de la tôle onduléeUne fois arrivé à la ferme, la lame est passée, on progresse facilementtraversée d’Aspach-le-HautMontée à Michelbachje tente le lacle lac est magnifiquele petit lacdès que je me fais éjecter de ma trace, la roue plantede nombreux arbres n’ont pas résisté au poids de la neigeun joggeur au loinune fois sur la digue, la voie est dégagéeje quitte le lac en direction de Michelbach
Préférer la neige fraîche et éviter les traces déjà compactées. J’arrête de filmer, j’entends une voiture arriver derrière moi, mieux vaut contrôler sa trajectoire des deux mains!
Il ne faut pas se mentir: faire du vélo sous la neige est hautement périlleux.
Cela dit, j’en fais quand même. En sachant que la chute si elle se produit est instantanée, brutale et douloureuse. Et qu’on risque une fracture du poignet ou de la hanche.
Une fois qu’on sait tout ça, étudions les différentes facettes de la course à vélo. Voici quelques leçons à retenir:
1/ On va au train de l’escargot, c’est à dire 10 km/h, soit quand même au moins deux fois plus vite qu’à pied. Casque et gants recommandés.
2/ On pédale à plat: tout votre itinéraire doit être constitué de segments de droite. Ne jamais se pencher
3/ On tient bien sa place au milieu de la demi-chaussée. Vous avez compris: pas question d’abandonner la neige fraîche et de vous pousser dans la bande de roulement des véhicules à droite.
4/ Pas de freinage! vous aller délibérément vous priver de frein et donc pas d’arrêt autrement qu’en roue libre. Si l’arrêt rapide est nécessaire, quitter votre assise et tout de suite les deux pieds en « patins » de chaque coté du vélo tout en contrôlant la verticalité de la machine en cramponnant le guidon
5/ Changement de direction: à un carrefour, faire un tournant « en table de bistrot », c’est à dire ligne droite, arrêt, 90 degrés, je repars. Si c’est à gauche, s’installer au milieu après avoir tendu le bras, positionner le vélo dans l’axe de l’itinéraire et préparer le départ…
6/ Se souvenir des rigoles, des bordures de votre itinéraire car sous la neige on ne les voit plus. Attention aux gendarmes couchés, bien prendre les pavés berlinois par le milieu ou alors aller dans la rigole en s’aidant du pied droit sur la bordure de trottoir.
7/Arrêt: on ne saute pas sur le trottoir, c’est le meilleur moyen de se « viander » devant tout le monde. On s’arrête sur la route, on prend le trottoir à pied
8/ Quand l’itinéraire devient compliqué, beaucoup de trafic, nombreuses congères, descendre du vélo et devenir piéton.
Qu’a t-il fait? Il arrive derrière une enfant et la fait tomber avec son genou. Impossible qu’il ne s’en rende pas compte.
L’affaire fait le buzz sur la toile. La police belge a réagi et le cycliste a été retrouvé. Il risque un an de prison pour coups et blessures volontaires sur un mineur selon la presse belge.
Il faut se méfier. Moi qui suis cycliste, je n’arrive pas à savoir si le geste est intentionnel en réaction d’un énervement vis à vis du comportement des parents ou s’il tente de garder sa trajectoire sur le sol gelé.
On imagine que c’est le père de famille qui filme.
Cela dit si cette affaire est montée « en vinaigre », c’est vraisemblablement parce que le cycliste ne s’est pas arrêté, ne serait-ce que pour s’excuser.
Kruth, route de contournement du barrage réservoir. Nous sommes à 550m, ce matin il pleut et la neige ne résiste pas.
C’est souvent à regret que le cycliste abandonne son vélo lorsque la neige est là. L’occasion d’essayer la marche, par exemple. Aujourd’hui j’ai fait le tour du lac de Kruth. Une balade familiale de 5 kilomètres. Juste de quoi admirer les couleurs de l’hiver. Les cascades sont en action et le réservoir retrouve un niveau correct qui contraste avec celui de la sécheresse de l’automne.
Un peu de soleil au départ mais la froidure a eu tôt fait de se rappeler à l’ordre.
Alors j’ai mis les pouces sous la paume pour les protéger.
Les chemins sont très boueux et glissants.
Mieux vaut rouler sur du dur.
J’ai croisé trois routiers en tout.
Des inconditionnels certainement, comme moi.
Il faut quand même une dose de courage avec seulement quatre degrés pour s’engager à pédaler. Le premier cycliste croisé était un grand gars sec qui entamait la montée de Rammersmatt en danseuse, comme pour se donner de l’élan…et de la confiance.
Ensuite un couple emmitouflé, plus prudent, qui entamait Michelbach, caché derrière de généreux passe-montagnes. C’est vrai que le passe-montagne, ça doit bigrement aider à les franchir, les montagnes. Faudra que je m’en fasse offrir un à Noël.
En chemin, j’ai rencontré aussi un photographe animalier.
Il m’a montré ses prises de vues dont un pic épeiche magnifique.
On a échangé sur le matériel.
Ce qui m’inquiète un peu, c’est qu’il faut souvent se dissimuler pendant des heures sous une toile de camouflage avant de saisir dans l’objectif l’animal sauvage.
C’est un peu le contraire du vélo où il faut bouger.
Faut-il franchir le pas et se doter de matériel?
La question mérite réflexion car un boitier réflex et un objectif de 600mm coûtent autour de …..
Ouille!
Voici mes images pêle-mêle du jour. Vous saurez sans doute les reconnaître.
Place de la Comédie Montpellier. Pas une lame pour racler ce déluge de neige fondue (image Vincent Pereira)
En France, dès que le système se grippe, plus rien ne marche.
C’est un peu la tonalité des commentaires ce matin dans la presse à la suite des intempéries en Languedoc-Roussillon qui m’incite à réfléchir. Continuer à lire … « Montpellier la surdouée »
Être observateur des embarras parisiens à plus de quatre cents kilomètres, c’est facile.
Aucune action à mener, juste observer comment l’on nous rapporte la situation à travers le net, la radio, les medias TV.
Après les inondations, voici la neige et son corollaire la paralysie totale des transports et donc de l’activité économique. Continuer à lire … « C’était prévu… »