J’ai arrêté de boire


Ma cure d’intoxication à l’eau est terminée. J’ai arrêté de boire.

J’en oublie même de prendre le bidon. C’est ma femme qui vient vérifier avant de partir.

Tu as de l’eau?…

Oui, j’ai de l’eau!…alors elle vient vérifier.

Et je pars.

Mais l’eau que j’emporte, c’est souvent celle de la semaine passée. Je ne bois donc plus. Quitte à être en infraction avec tous les codes de la santé publique qu’on nous inculque dès le plus jeune âge cycliste. Je dois être atteint par le syndrome du vieux qui ne sent plus la soif. Peut-être vais-je devoir me faire installer une perfusion sous le maillot avant de partir?

Finalement quand je commence à cracher une salive blanche et pâteuse, c’est que je suis bon pour la déshydratation, l’hypo, la perte de connaissance et la chute dans le fossé.

Alors je lève le pied. J’ai le souvenir lointain d’avoir bu à la roche dans les Ardennes faute d’eau dans mon bidon. Mais ce temps là est révolu.

Je connais le bonhomme sur le bout de mes doigts. Lorsqu’ils fourmillent, je les secouent un peu comme si je les égouttais.

Mais arrêter de boire est un symptôme, un symptôme du vieillissement. Comme les vieilles guimbardes dont le radiateur fument dans les cols. Surtout ne pas dévisser le bouchon!

Oui, les vieux participent sans s’en douter à la préservation de l’eau. Ils ressentent moins le besoin de boire que les plus jeunes. J’avais déjà supprimé dans le passé « les barres », ces friandises de mauvais sucre, incontournables à mi-chemin. A présent j’ai arrêté de boire et je rapporte souvent mon bidon plein à la maison. Je le verse au retour dans les pots de géraniums. Au cours d’une carrière cycliste, on aura tout essayé. Du sucre en morceaux mélangé à l’eau du bidon, du thé, et d’autres choses inavouables pour certains.

Mais arrêter de boire présente un autre avantage, on s’arrête moins au coin du bois. Notre moyenne n’en pâtit donc pas.

Hic!

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