Plougasnou, construction d’une image

Je mets en place mon outillage, mon écran vidéo, mon chevalet, mes couleurs. Je commence par mes trois primaires en haut de la palette, un gris de Payne sur le coté et un blanc de titane. Je verrai après si j’ajoute d’autres teintes. J’ai incliné le chevalet avec des serre-joints et mon médium est accessible. Pour les pinceaux mon organisation est encore précaire. Je manque de chiffons, le sopalin est incertain. J’ai commencé avec des huiles Pébéo et j’ai changé avec des Georgian.

Une peinture en atelier a un avantage, j’ai de la place. Je me gave de tutos sur Youtube comme ceux de Christian Arnould qui est peintre lorrain.

Je reste des heures devant son art. Puis je me mets au boulot. Je me suis constitué une bibliothèque d’images à partir de mes clichés pris en randonnées. Il me reste à puiser un sujet, pas n’importe lequel, celui que « je sens », celui où je vais pouvoir m’exprimer. Il m’arrive de comprendre que le sujet n’est pas bon, trop compliqué pour moi. Alors je renonce. J’ai cette tendance de croire à « la prima » comme si j’étais dehors et de pouvoir réussir à la première passe. Or je comprends qu’il faudra une deuxième passe, ce qu’on appelle « le gras sur maigre » à l’huile pour bien approfondir les contrastes et les détails.

j’ai commencé par disposer mes couleurs
une première couche. il faut se méfier des images photographiées ou vidéos car un vert citron et un bleu ciel s’accommodent très mal ensemble. Il faut donc savoir arbitrer avec ses tons.
une deuxième couche comme pour les plafonds

Composition

Je suis parti d’un sujet réel. J’arrive à une composition à force de tout changer. J’ai reconstruit mon paysage à mon goût. L’huile s’y prête volontiers.

Je reprends mon tableau. Ce qui est satisfaisant un jour ne l’est plus le lendemain. Je ne sais pas si les peintres éprouvent ce sentiment. Au départ je suis parti d’une photographie cadrée par moi-même.

Puis je me suis rendu compte que beaucoup de choses me dérangeaient. Des maisons diffuses dans l’arrière plan. J’en au supprimé une et j’ai atténué le blanc des autres et le bleu des toitures.

J’y ai apporté de l’eau et des bateaux.

J’ai ajouté une cabane de douanier à l’avant. Mais mon personnage est encore un peu grand.

Puis j’ai ajouté deux bateaux, rendu la mer moins étale, construit une balustrade le long du chemin et des jalons renforçant la perspective. Et enfin j’ai apporté un peu de volume aux arbres en avant-plan en contrebas de la falaise.

Pour mémoire ce tableau de Plougasnou (50×40), c’était ça à l’origine

Plougasnou

Quand je ne sais plus quoi faire, j’invente des trucs et j’en retire d’autres. Son imagination conduit parfois à mieux prendre la conduite de la toile, son graphisme, ses couleurs. Je rentre dans la Bretagne comme je peux.

Plougasnou en cours

Huile 50×40

C’est une peinture en cours.

Première pression à froid de cette huile en attente de durcissement et de changements.

Il faut que je revienne sur cette grande étendue végétale que je ne sais pas nommer…et peut-être rétrécir mon personnage sur lequel on butte pour redonner du champ à l’image.

Faire son autocritique n’est pas facile et c’est pourtant l’antidote de l’échec.

Penn- ar- Bed à Plougasnou

Se laisser guider par les randonneurs bretons. Et c’est tout.