Le mode hibernation du cycliste


C’est toujours pareil.

C’est ce que j’étais en train de me dire.

Mon imaginaire, mon instinct me conduit à prendre une direction, puis il s’agit de deviner là où je vais aller.

Tout le monde procède certainement un jour comme ça.

Aujourd’hui, j’ai la flemme. Je pose la bécane et je regarde le cours d’eau couler à flots

On ne sait pas où on va, puis au fur et à mesure on sait.

Je dois le confesser, je n’avais pas une grande motivation aujourd’hui à monter sur le vélo.

Temps maussade et incertain.

Je pars tout de même.

Je tripote le noir et blanc qui nous donne de si beaux gris. N’est-ce pas Charly?

Après le bois de l’Allmend, je prends confiance.

Je sors à Pulversheim et naturellement je prends l’Ecomusée.

Entre le noir et le blanc, un train

A VTT, mes choix se restreignent sur de petits parcours autour de la maison.

A l’Ecomusée, les entreprises s’affairent à mettre la maison en ordre, une belle palissade neuve devant l’entrée.

Puis je contourne le Petit Prince.

A Ungersheim, j’en ai marre de ce scénario qui consiste à rentrer.

Je prolonge à travers champ. Ce chemin là est praticable, il me permet d’atteindre Merxheim.

Je passe sous la voie ferrée et je prends Meyenheim.

Le grésil me fait mettre pied à terre à la gare. Je m’abrite sommairement en bordure du parc à vélo…et j’attends.

J’enfile l’imperméable, je ramasse tous mes gadgets électroniques que j’enfouis au fond du sac à dos et je pianote sur la borne distributrice de billets de la SNCF.

Merxheim-Colmar, aller-retour, 8 euros.

Cinq vélos derrière la cabane grillagée, ils attendent leurs maîtres, sagement.

Merxheim-Colmar, 1 kg de CO2 aller-retour par le train 7 kg en voiture…et à vélo?

Le mode hibernation

Le mode hibernation demande de l’entraînement

Comme la fine pluie froide s’éternise, j’enfourche la bécane, j’allume le feu arrière et je me mets en mode hibernation.

Le mode hibernation, faut que je vous raconte…

Ça consiste une fois le vélo en marche, le cap affiché, à déconnecter le cerveau du pédalage.

Vous allez dire, il a fumé le moquette (le) maxou…

Vous allez comprendre.

Pour y parvenir, il faut que votre haut de corps soit bien protégé: plusieurs couches, pas d’humidité pénétrante, des gants étanches, un sous casque imperméable,…ce relatif confort vous procure une espèce de bien-être, une somnolence qui rappelle un peu celle du conducteur automobile détaché du contexte routier.

Très important: ne pas fermer les yeux, vous pourriez vous endormir, ce qui n’est pas le but recherché!

Certes l’exercice peut s’avérer casse-gueule, c’est pourquoi il ne faut y recourir que sur les grands axes dégagés, là où vous pourrez tomber sans danger pour le cas où par abus de confiance votre hibernation se transforme en roupillon!

L’essentiel, c’est que les jambes pédalent avec un bon braquet afin d’assurer une bonne motricité.

En principe, elles ne s’arrêtent pas et s’autocontrôlent d’elles-même, les creux et les bosses du profil de la route sont avalés sans encombre.

Les flaques peuvent jaillir de toutes parts, vous ne les sentez pas.

Vous le comprendrez, ce mode hibernation est idéal par temps froid et de pluie car le bas du corps est déconnecté du haut.

C’est une forme d’insensibilisation comme on la pratique en acupuncture lors des opérations.

Je suis persuadé que beaucoup pratiquent ainsi en de grands raids à vélo

Au km 17, j’opte pour un raccourci en forêt.

Ce chemin forestier entre le Durbach et le Waldbach est très roulant.

On y longe un ensemble de pompages et on débouche sur le CD47.

Je rejoints Réguisheim et je prends la rue de la forêt qui longe l’ancienne voie ferrée.

Le chemin gras. En mode hibernation, il faut quand même rester semi-éveillé car les ornières vous charrient à hue et à dia.

Bon, j’approche déjà de la maison, je vais rebooter mon cerveau, histoire de ne pas passer pour un zombie.

J’ai de la chance, la pluie glacée s’est arrêtée de tomber.

trace GPS

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