C’est en tout cas la thèse d’Isabelle Lesens, cyclologue et
expert en politiques cyclables: Le Tour de France aurait
signé la mort du vélo en France; le vélo populaire des années 30 ne
s’en serait jamais remis.
Pourquoi?
– parce le Tour de France a véhiculé l’idée que le
vélo c’est dur, c’est l’effort, c’est hors norme!
Autant de griefs suffisants pour détourner le grand public de la
pratique cycliste au quotidien.
C’est donc dans cette brèche que l’industrie automobile se
serait engouffrée avec Renault, Peugeot, Panhard,…
Les politiques de l’époque ne voulaient-ils pas désespérer
Billancourt en encourageant un machinisme forcené hérité du
fordisme?
C’est une thèse fragile et discutable surtout si on isole le cas
de la France par rapport à ce qui s’est passé dans d’autres
pays.
Isabelle Lesens passe sous silence le cyclisme sur route pour
lequel le Tour de France est encore sans aucun doute un
moteur économique dans l’industrie du cycle et une référence
sportive pour beaucoup de jeunes. Sans compter l’imaginaire qu’il
véhicule parmi les moins jeunes…
Là où Isabelle Lesens surprend, c’est quand elle affirme que
Jean-Claude Decaux aurait ressuscité le vélo!
Elle saute allègrement de l’après guerre aux vélos
Decaux comme s’il n’y avait rien eu de neuf pendant 40 ou 50
ans…Elle oublie la part prise par le monde du cyclotourisme
pendant toutes ces années là…et plus récemment celle du VTT.
On aurait pu se passer de Jean Claude Decaux pour en
arriver là!
Oui! Je suis d’accord. Dresser un raccourci entre le Tour de
France et Jean-Claude Decaux pour résumer 50 ans de vélo, c’est un
peu court!
On reste donc sur sa faim…
Si le vélo a perdu sa place en ville, c’est d’abord en raison de
choix structurels privilégiant partout l’automobile.
Comment Isabelle Lesens voit-elle l’avenir du vélo?
D’abord, un phénomène urbain où la ville va s’humaniser et
les signaux disparaître (feux et panneaux)…
Tant mieux! Mais ça risque d’être long à concrétiser.
Les transports en commun ne peuvent pas évoluer
indéfiniment…il reste les vélos à condition qu’on les laisse
prendre leur vitesse et contruire des autoroutes à
vélos pour les trajets banlieue-centre ville « sans devoir
s’arrêter tous les 300 mètres… »
La saga du vélo racontée par Isabelle Lesens, c’est sur
Néoplanète