cliché Alain Caraco
– « C’est grave docteur? »
La sentence tombe comme un couperet:
– « Cyclomanie dépressive! »
– « …dépressive, ma cyclomanie?… »
-« oui, disons qu’en vous calmant un peu et….euh…avec
quelques dispositions simples, ça devrait vous passer… »
– « dispositions simples?… »
– « oui, par exemple, en confiant les clés du garage le matin à
votre femme avant son départ au travail! »
– « Me priver de mon garage à vélo? jamais! non, jamais je ne
pourrai me séparer de mon garage à vélos! vous m’entendez
docteur! »
– « bien, alors dans ce cas, je ne peux rien faire d’autre pour
vous. »
La cyclomanie dépressive, pour ceux qui l’ignorent, c’est la
maladie des vélos. Comme dans le temps jadis, il y a avait la
maladie des bagnoles…Ceux-là ne savaient où mettre leurs
bagnoles. Tellement ils en avaient. Des bagnoles.
Il fallait sous-louer souvent le garage des voisins; et encore
des granges dans les fermes à la campagne pour les modèles peu
utilisés.
« L’avantage » de la cyclomanie dépressive, c’est qu’on peut en
garer beaucoup dans son garage. Des vélos.
Des p’tits, des grands, des vieux, des neufs, des « pour le
dimanche », des « pour la semaine », des « chars d’assaut » pour grimper
les côteaux de derrière, des pliants pour se marrer, des gros
boudinés à flancs blancs pour Carnaval, des Inoxydables, des cargos
pour ramener du foin aux lapins, des VTC « rurbains », des fixes pour
épater la voisine, des routiers pour la route, des City Bike
anglais pour acheter la baguette, des tandems pour rechercher l’âme
soeur, des demoiselles à marier, des randonneuses esseulées et même
un VAE déchargé en attente des heures creuses de la nuit.

