
Je me tâte…pas de doute, c’est bien moi.
Se lever avec la gueule de l’autre en oubliant qui l’on est, c’est une histoire à la Mister Hyde et docteur Jekyll.
Depuis la nuit des temps, l’homme cherche à se faire passer pour ce qu’il n’est pas mû par une hypocrisie des sentiments.
Dans le monde sportif, le surpassement de soi a conduit à tous les excès que l’on connait avec le dopage. On aurait même selon une formule devenue célèbre, tenté de vous faire passer pour quelqu’un d’autre « à l’insu de votre plein gré », c’est à dire un surhomme sans réellement le vouloir.
C’est dire si la rouerie humaine a ses faussaires patentés.
Se faire passer pour un autre est devenu tentant dès lors que l’on ne possède pas le don de se transformer en passe-muraille.
On est capable de remonter loin derrière nous dans l’histoire.
Jusqu’à Jeanne d’Arc dont certains historiens estiment qu’elle aurait pu être…un homme déguisé en femme.
On a tous en tête le film « le retour de Martin Guerre » où l’usurpation d’identité en 1560 est mise en images sous une forme romanesque.
Ces illusionnistes exercent toujours sur moi une espèce de fascination dès lors qu’ils peuvent nous apparaître tantôt sympathiques ou tantôt diaboliques.
Le dernier exemple en date nous vient de cet escroc Christophe de Rocancourt qui a été capable pendant des années de se faire passer pour ce qu’il n’est pas auprès du showbizness jusqu’à dépouiller la comédienne Catherine Breillat de ses biens.
Cette chronique m’a été inspirée ce matin par ce titre de presse encore plus surprenant « un automobiliste décédé en 2008 a été verbalisé pour excès de vitesse à cinq reprises début janvier sur l’axe Tours-Bordeaux-Bayonne, alors que son véhicule était retiré de la circulation depuis près de quinze ans. » (journal L’Alsace du 19 février)
Les esprits fragiles seraient tentés de se demander si l’homme mort n’est pas ressuscité afin de se mettre au volant et de faire la nique à la police…au volant d’une voiture faussement détruite?
Ainsi, les exemples d’usurpation d’identité se multiplient à vitesse grand V comme disent les mathématiciens; surtout dans le domaine familier de la conduite routière.
Ce n’est pas moi, monsieur le juge, c’est mon frère…ce coup là est vieux comme le monde.
Ainsi il n’est plus rare, vu le niveau atteint par la répression, que de nombreux automobilistes choisissent délibérément d’entrer dans la clandestinité.
Fausses plaques, faux permis, fausse identité, fausses barbes au volant, permis à points de la grand-mère cachectique en maison de retraite, tout est bon pour pouvoir conduire en s’affranchissant des règles. Dès lors que c’est l’autre, parfois décédé, qui est censé payer!
Les politiques ne sont pas exempts.
Tous ces grands hommes qui retournent allègrement leurs vestes une fois élu avec nos suffrages et qui manient avec dextérité le double langage, certains diraient le mensonge, ont de la chance: on leur en tient rarement griefs.
Un jour, la Finance est l’objet de tous nos maux et le lendemain, on la rassure.
On aura beau jeu de m’opposer tous ces faussaires facétieux qui peuplent le milieu interlope de la blogosphère et pour lesquels je plaide volontiers coupable.
Suis-je bien moi?
Finalement, je commence à en douter.
