Bédoin, 8 heures15


Mont Ventoux

J’y vais ou j’y vais pas?

Parti tôt, je suis à pied d’œuvre à 8h15.

Il fait déjà 21° à Bédoin.

Là-haut l’observatoire m’observe…

Je tâte à vue d’œil…1900m?

C’est pas plus impressionnant que le Grand-Ballon vu de Bollwiller…

Bon, j’y vais!

Les cinq six premiers kilomètres sont aimables.

Et puis après, on prend son mal en patience…

On sait qu’on est parti pour 15 bornes entre 7 et 10%.

Pas de brutalités dans les variations de pentes.

Il suffit d’adopter le bon braquet.

Pour moi, tout à gauche!

Fidèle à mes engagements.

La forêt est belle, le temps est beau; curieusement pas la foule attendue.

Deux aimables compétiteurs me dépassent en discutant non sans me dire bonjour, poliment.

Rien!

Le calme.

Presque inquiétant…

Un scooter, un 4X4,…

Pas un vélo.

J’arrive presque à m’ennuyer.

Heureusement, les bornes kilométriques nous offrent de la lecture…

… et nos admiratrices anonymes nous encouragent…

Cardio à 135-140 avec 20 pulsations d’avance.

Pas d’affolement! On se sait pas comment sera la suite.

J’en garderais donc sous la semelle? comme me l’a conseillé Rouletabille?

Après les baraques abandonnées, les chalets en vente, je sors du bois…déjà Reynard!

chalet Reynard (vélomaxou)

J’hallucine.

Sur la grande esplanade, je ne sais où est la droite de la route…je traverse au mieux.

Au dessus, je découvre des types  à VTT qui se font tirer par un tire-fesse…le comble de l’hérésie.

Passons!

Un couple amouraché prend la photo mythique de sa belle voiture en contrebas du Ventoux…il consent avec bienveillance à filmer le cycliste esseulé…

Arrive la stèle Simpson…je compatis à la douleur des proches…ici, pêle-mêle, des bidons, des casquettes, des vieux pneus abandonnés à l’idole des vieux.

stèle Tom Simpson (vélomaxou)

J’ai pas le temps de m’arrêter, tellement je suis poussé par les rafales.

Le col des Tempêtes porte son nom, comme il faut.

vélomaxou

Cramponner son vélo pour ne pas redescendre à pied!

L’observatoire me rappelle celui de l’Aigoual, mais il a l’air plus musclé.

Pas âme qui vive…c’est louche.

A peine descendu devant l’édifice, je dois agripper mon vélo en carbone qui manque de s’envoler sous l’effet des rafales.

Je m’accroupis…le vélo flotte à l’horizontale…non assistance à vélo en danger, ça peut coûter cher!

Y aurait-il une présomption d’innocence à ne pas prévenir le quidam du danger qu’il encoure?

Je tente de trouver une échappatoire…rien pour s’accrocher…pas de parapet!

Le précipice se rapproche…je suis prêt à laisser partir mon vélo dans les airs.

A regrets.

Il atterrira peut-être à Sainte-Marguerite? Qui sait?

Un avion tombé des cieux, oui!

Mais un vélo tombé des cieux, l’a t-on déjà vu?

Deux touristes plus bas se fendent la pipe…y’en a même un qui préférant me venir en aide me prend en photo, histoire d’immortaliser la scène…avant ma mort.

Heureusement, je me cramponne aux crampons de mes pompes VTT; avec des semelles à bascule, c’était le ravin assuré!

Je redescend penaud au chalet Reynard, encore tout pâle, virevoltant dans les bourrasques de vent, visant le milieu de la route tandis que des fous à motos faisaient péter les compte-tours de leurs moulinettes.

A la stèle Simpson, je m’arrête.

Accroupi derrière l’édifice, mon comportement est louche: je tente d’enfiler l’imperméable…un bras, puis l’autre qui désespérément flotte au vent.

– Un café serré, svp!

Le serveur de Reynard en a vu d’autres…il s’exécute sans mot dire.

L’émotion passée, je préfère en rire.

Le retour sur Bédoin est une aimable plaisanterie.

Debout sur les pédales, je savoure mon exploit, tandis qu’une C3 Citroën m’ouvre la route triomphalement.

J’ai même allumé la lampe de casque pour la circonstance.

Dans la montée, des cohortes de lève-tard affronte le Mont Chauve.

Un grosse dame à bourrelets bien garnis me lance un regard en coin.

Pourtant je ne lui ai rien dit de méchant.

3 heures15 aller et retour. Mais plus à l’aller qu’au retour toutefois.

42 km

1600m et des poussières.

Pas à l’agonie.

Étrange, non?…

Bédoin (vélomaxou)

Pour les amoureux du Ventoux, il existe un club, le club des cinglés du Ventoux

2 réflexions sur « Bédoin, 8 heures15 »

  1. Bravo Velomaxou! As tu vu aussi, pas loin de la stèle « Simpson » la stèle dédié au « Gaulois » ( cyclo surpris par le froid et mort au Ventoux), et la stèle des Belges3?

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