
Appelons-le Claude.
Claude m’en parlait hier.
Sorti de l’hôpital avec une restriction sportive, il peine à reprendre corps avec son club.
On part ensemble, on rentre tout seul
Dans les côtes, il faut l’attendre.
Ce que Claude a découvert depuis qu’il est convalescent, c’est que faire attendre les autres, ça les agace.
Les autres, justement.
Alors la mort dans l’âme, il va décrocher.
Pour rouler seul.
Se retrancher derrière une solution individuelle, c’est l’alternative quand on voit qu’on n’est « plus dans le coup ».
Oui, le coup est rude, lorsqu’un jour on voit remonter de l’arrière tout le reste du peloton.
Ceux justement sur qui l’on pouvait compter afin de pouvoir faire route ensemble et garder encore un reste de fierté.
Le mal individuel qui ronge les clubs
Claude me l’a dit hier, un peu désabusé que son sport collectif finisse si brutalement en sport individuel, celui où la montre n’a pas d’importance.
Claude illustrait une tendance qui ronge les clubs à petits feux.
Finies les épreuves avec capitaine de route, au diable « le roul cool » de jadis; ce qu’ils veulent nos cyclos d’aujourd’hui, c’est la défonce à outrance avec le maximum de décrocheurs esseulés, histoire de rentrer seul au club-house pour constater qu’il est bien premier.
Ceux qui pointent leur nez en cours de saison vont vite comprendre leur douleur.
Avec 300km dans les pattes, inutile d’insister!
Qu’ils finissent par des raccourcis ou qu’ils rebroussent chemin!
D’abord ils n’avaient qu’à pas venir…avec si peu d’entraînement…osez se joindre à nous, c’est honteux!
Moi, ce qui compte, c’est la moyenne…j’ai assez attendu comme ça, donc maintenant faut qu’je refasse mon retard.
Ces sentences cruelles, si on ne les entend pas, on les devine.
Cyclisme d’abord, tourisme après
Le cyclotourisme, celui de la grande fédé, est devenu une foire d’empoigne où l’on se bat pour être en haut le premier au grand dam de la camaraderie et de tout ce qui fédère le vélo associatif.
Et les responsables de clubs le savent, eux qui sont écartelés entre le désir de maintenir une cohésion de bon aloi et celui d’attirer du sang neuf, de donner un second souffle aux effectifs en berne de l’association.
Oui, on ferme les yeux, on accepte les entorses, les maillots bariolés et les tenues d’enterrement, les arrivées à quatre de front sur les bosses, …et j’en passe.
« Les premiers arrivés en haut, attendent les autres… »
Combien de fois ne l’a t-on pas entendue cette formule vexatoire pour ceux qui peinent derrière!
Vite, au bercail!
Effectivement, si les premiers arrivés attendent en haut, ils n’attendent pas longtemps; c’est même l’occasion d’entendre dire « allez on y va les gars! » quand le dernier au bord de l’asphyxie pointe le bout de son guidon en zigzaguant.
Bref, le cyclotourisme devient affaire de chiffonniers dont la cible pour les plus forts est le bercail le plus vite possible.
Le tourisme attendra des jours meilleurs.
Pour ceux qui veulent découvrir l’Amicale Cyclos-Cardiaques
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