Êtes-vous cycliste ou vélo?


Êtes-vous cycliste ou vélo?

Posée comme ça, la question semble incongrue.

Les mots ont pourtant leur importance.

On a coutume de penser que le cycliste, c’est celui qui pédale et le vélo, c’est l’objet qui nous transporte.

Mais la limite est tenue chez les esthètes de la chose cycliste.

Alfred Jarry, notre précurseur à tous parmi les bicyclistes, considérait le vélo comme « un prolongement minéral de son système osseux » (Ubu Cycliste).

Notez bien: bicycliste!

On ne savait pas encore après le Grand Bi et sa mini-roulette si le vélo adopterait deux roues identiques ou davantage…

Le cyclisme aujourd’hui a été « kidnappé » par la compétition depuis « Miroir du cyclisme » et cette image s’AUTOentretient avec le concours du lobby automobile.

Sans jamais que la proie tenue par les sponsors modernes, successeurs des bistrotiers du chef-lieu de canton de la France profonde, ne soit relâchée.

Bon, d’accord et alors?

Carfree sous la plume de Marcel Robert enfonce le clou en déclarant détester les cyclistes dans une diatribe violente.

Tout le monde y passe.

Même les cyclotouristes: »en règle générale, le cycliste du dimanche, qu’on appelle parfois aussi cyclotouriste, est essentiellement un automobiliste de la semaine. »

L’auguste assemblée fédérale de la FFCT dont la moyenne d’âge approche les…63 ans appréciera.

Je vais tenter la modération car j’ai une égale tendresse pour le vélo de tous les jours et celui du dimanche.

Ne tapons pas trop sur le cyclisme de loisir organisé tant cette collectivité semble fragile…alors même qu’elle fait tout pour défendre ses règles anti-compétition (pas de pub sur les maillots, interdiction de chronométrer les épreuves et de publier des classements).

Mais puisqu’il est question de stigmatiser, stigmatisons!

Oui le cyclisme a ses tares, qui n’en a pas ?

Je peste souvent contre des comportements répréhensibles chez mes amis de la ville qui se jouent des réglementations urbaines et chez ceux du dimanche aussi qui abusent de vitesse sur les bandes cyclables empruntées par des familles et aussi sur les sentiers étroits.

Je ne parle pas des compétiteurs; ce monde là m’est étranger et j’observe que nos jeunes cyclosportifs sont aussi sur la mauvaise voie de l’utilisation de « produits complexes » dont les emballages sont déversés le long de nos cimes.

Il est vrai que je ne déteste pas d’égratigner mes confrères un peu boudinés aux alentours de la taille lorsqu’ils se répandent sur nos pistes cyclables affublés d’une panoplie « Liquigaz » ou « Française des Jeux » étincelante qui les rend grotesque.

Pardonnons à ceux-là leur surcharge pondérale pas toujours voulue!

C’est toujours mieux que de rester une journée coincé devant sa télé à regarder le Rallye de France.

Ceux qui vont à l’enterrement ou qui en reviennent tout vêtu de noir le long de nos départementales sont-ils pour autant exempts de toute critique?

Puis, il y a tous les autres, ceux qui sont « voiture » la semaine et « vélo » le dimanche.

Et pire encore, ceux qui sont « voiture+VTT » le samedi… et le dimanche aussi.

Ceux-là sont effectivement définitivement perdus à la cause du « vélo tous les jours ».

Y compris pour aller chercher un croissant au coin de la rue!

Faut-il pour autant tirer à vue sur ces comportements contradictoires?

Oui, je l’avoue, moi qui mitraille à tout-va de mon appareil photo la campagne alsacienne, j’ai parfois de la peine à comprendre que mon club ne prend pas davantage de temps à s’émerveiller plus longtemps de la nature ambiante.

Alors, je privilégie les balades discrètes, celles où je suis le maître de mon itinéraire, de mes haltes et de mon accoutrement.

Mais soyons réalistes, pour beaucoup d’entre-nous, le vélo n’est qu’un sport comme un autre sans se servir du vélo dans un engagement de transformation sociale.

A la suite d’un article de Velove, je me suis interrogé en 2010 sur la signification politique du concept de piste cyclable en milieu urbain; ces pistes que certains d’entre-nous revendiquent…

Ne sommes-nous pas en contradiction avec nos propres principes de liberté d’aller là où bon nous semble avec ces infrastructures contraignantes et peu convaincantes?

Au-delà de nos polémiques, rêvons un peu à cette anarchie joyeuse si chère à Pierre Sansot!

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