Beaucoup s’en souviennent de cette épitaphe sur la passerelle de
Wittelsheim devant les gravats de la tour Zorn.
La tour n’est plus là, l’épitaphe si.
Tout le monde pouvait se réjouir de la disparition de cette tour
hideuse qui déparait le site…sauf les petites frappes qui
hantaient le quartier et qui ne se privent pas d’encombrer la piste
d’ordures et de verre pilé.
On ne peut donc que se réjouir que ce ghetto disparaisse.

Nous, on a le look, le look cyclo.
Un look si discordant dans le quartier qu’on nous interpelle
volontiers.
« Hé m’sieur, t’as pas peur de tomber?… »
« Si tu commences à parler avec ces gars là, t’es
foutu! » me dit Pierre à voix basse…
La remarque fait froid dans le dos.
Les retours à la ville nous plongent dans un multiculturalisme
oublié.
Le temps d’une balade, d’un autre horizon.
La vie des quartiers a échappé à notre identité cycliste, celle
dont les racines remontent au siècle passé.
Finalement, le vélo, c’est un peu comme un retour sur soi. Et
pas toujours pour aller au devant de l’autre.
Pourtant Maxou ne s’en prive pas, d’aller au devant de
l’autre.
Comme en apportant sa contribution modeste à l’apprentissage du
vélo chez des femmes maghrébines de Drouot, espoir d’une
émancipation et d’un espace de liberté étendu.
Mais Maxou revendique aussi le droit de constater que chez nos
immigrés le vélo n’a pas la cote.
Un constat qui n’est pas pour déplaire à des cyclotouristes trop
éloignés culturellement de « ces gars là » qui vous toisent
à tous les coins de rue…plus prompts à nous délivrer des
infrasons de rap qui font trembler nos carcasses haletantes, ces
« dégage de là! » d’un irascible du volant qu’on gène en
empruntant la traversée cyclable.
Même sur notre modeste territoire peint de vert, on ne serait
pas chez vous? vraiment?
Identité, multiculturalisme, communautarisme, des mots qui vont
résonner étrangement demain à l’heure des bilans et des projets et
qui curieusement, au delà des cercles politiques, s’invitent aussi
dans le monde des loisirs cyclistes.
Vouloir taire ces sujets en lien avec nos valeurs serait une
erreur des partis de progrès.
Ils feraient même bien de statuer rapidement sur ce malaise et
ces incivilités permanentes qui se dressent sur nos chemins.