
Il n’est pas toujours facile de peindre les paysages visités à vélo…
Mon aquarelle est couchée presque brutalement. Elle est, pourrait-on dire, « brut de décoffrage ».
« Plaf »! je mets une mare d’eau là, là et là, je tamponne un peu là, je touille de la couleur et boum! je transvase dans ma mare d’eau et je regarde ce qui se passe…
Elle a un coté « pas fini », pas soigné d’un type pressé.
Peindre, comme jouer de la musique, est une expression de l’âme pas facile à décrire sans tomber dans une sorte de contemplation de soi déplaisante.
J’ai le regard compliqué de celui qui chipote pour ses mises en pages, ses cadrages; je suis exigeant sur la place de mes sujets et le traitement des plans, pourtant je n’obéis qu’à des trucs simples.
Ce qu’on appelle le champ en peinture conduit souvent à recadrer le champ visuel, à le rétrécir où à mettre en valeur un seul sujet par le jeu du précis et du flou.

J’abandonne souvent des panoramas trop diffus à peindre dans un format 4×3.
L’autre difficulté du peintre, comme pour monter sur le vélo, c’est la motivation.
Peindre demande de la méthode, de la technique, de l’inspiration, une appréciation juste des valeurs tonales, des ombres et des lumières et aussi un peu de réussite.

On peut s’appliquer et manquer de réussite.
Je peins vite, je ne m’attarde pas, je fatigue vite.
L’aquarelle me convient car on y travaille dans l’instantané, le temps que l’eau dépose ses pigments et sèche.
Je suis satisfait quand je vais « au bout » de ma peinture comme de mon voyage à vélo.

J’ai cette chance de « rattraper » mes fausses manœuvres de pinceaux là où d’autres déchirent la feuille.
Finalement ce qui compte, c’est la satisfaction et l’estime de son travail.
Chacun a son truc avant de commencer; d’abord un sujet « porteur », c’est à dire qui plait et qu’on juge accessible.
Je ne suis pas doué pour les fleurs, alors je les évite, là où d’autres excellent.
