
La maison a tremblé sous les bourrasques de la nuit.
En me levant je m’attends au pire. Non, les rafales se sont tues, l’atmosphère semble inerte. Mais elle est grise comme la tristesse.
Alors, que faire?
Filer sans attendre que des gouttes me surprennent ou se réfugier sous mon univers de peinture au toit pentu?
Je me donne encore un quart d’heure avant de statuer.
Je me demande parfois si Thann pourrait avoir les pieds dans l’eau comme le Pas-de-Calais. Nous ne sommes pas à plat mais les faubourgs de la ville autour de la Thur sont tout de même menacés en cas de crue. En guise de protection, nous n’avons que le barrage de Kruth.
Dans le Pas-de-Calais on feint de découvrir un phénomène qui serait centennal. Pourtant les voisins proches des Pays-Bas ont déjà tout prévu de longue date (depuis l’an 1000) avec les polders.
Nous non.
Les experts semblent formels: nous ne sommes pas prêts à affronter le changement climatique.
Mais les naufragés du Pas-de-Calais, pourtant avec un permis de construire en bonne et due forme, n’ont plus qu’à pleurer car leurs maisons ne valent plus rien.
Près de chez moi un complexe de cent logements est en voie de finition. A la place se trouvait une cuvette en forme d’exutoire qui permettait à l’eau de surface de se répandre. Attendons de voir où va aller l’eau qu’on a expulsée…
