
Je ne voudrais pas terminer décembre sans rouler un peu. Il faut profiter du temps sec. Je vais donc à la Seigneurie. Je n’ai pas vu Monseigneur, ni sa pince à serrer.
En commençant par monter le Soultzbach à Soppe, je suis déjà sur la défensive. Une petite mise en danseuse quand soudain un randonneur me fait salut et me dépasse. Je ne suis pas piqué au vif, d’autant que le collègue tire gros. Mais tout de même, il a l’air fébrile à force de l’observer devant.
Je le laisse aller. Soppe-le-Haut, Mortzwiller, il reste à ma portée soit une vingtaine de mètres. Je me demande comment va se passer la grimpée que je sais casse-patte après Mortzwiller. Après la grande courbe, ligne droite et à ma grande surprise, je suis dans sa roue. C’est toujours désagréable pour celui qui est passé devant en toute bonne foi et qui se fait remonter.
- elle est casse-patte celle là…comme pour m’excuser
- je la connais bien, me répond-il, comme s’il cherchait à justifier sa modeste prestation.
C’est cruel de parler de cette façon. Un autre jour, je me suis fait doubler et le type a disparu sans que je puisse réagir. Celui d’aujourd’hui semblait être un tafeur avec un petit sac à dos et s’il rentrait du boulot ou s’il s’y rendait, je luis dois tout mon respect.
Sur la route de le Seigneurie, j’ai filé à 28/30. Au lac, je l’ai vu passer vers Petitefontaine sans un signe. Une forme de dépit sans doute vis à vis de ma conduite futile.
Au retour, le froid a commencé à me chatouiller le bout des doigts.
Toutes ces expressions que j’ai soulignées en italiques sont celles du milieu cycliste auquel j’appartiens. C’est du jargon. Mais il y en a bien d’autres plus audacieuses comme celles ci-après proposées par Bing de Microsoft
- Ajuster (arrivée finale) : Lorsqu’on ajuste un adversaire, on vient le devancer, au tout dernier moment sur la ligne. Lorsqu’on se fait ajuster, on perd pour quelques centimètres (un boyau diront les anciens).
- Avoir la bise : Lorsqu’on gagne une course. On finit sur le podium et (avant covid), on reçoit une bise. Expression en voie de disparition. Variante : Avoir les fleurs.
- Avaler une bosse : Se dit d’un coureur qui n’éprouve aucune difficulté à gravir une route pentue. On parle généralement de gros faux plats, côtes ou « petits » cols de 3 ou 4e catégorie.
- Avoir la giclette : Lorsqu’on a la giclette, c’est qu’on est prêt à sortir du peloton (ou d’un petit groupe), en attaquant. S’emploie généralement pour les cyclistes qui ont des fourmis dans les jambes.
- Avoir la socquette légère : Se dit d’un coureur qui pédale avec grande facilité, qui est dans un bon jour.
- Astiquer les rivets de selle : Lorsqu’un cycliste reste assis sur le devant de sa selle. Généralement, il le fait pour gagner quelques Watts (ou par habitude) avec une position peu académique, qui peut faire mal mais qui reste efficace pour certains.
- Avoir la pancarte : Expression qu’on a beaucoup entendue ces dernières années concernant Julian Alaphilippe. C’est lorsqu’un cycliste est surveillé par les autres coureurs car il est en forme / favori d’une course.
- Avoir une fringale : Lorsque vous ne vous êtes pas assez alimenté. Vous avez un coup de pompe (une grosse faim) et vous n’avez plus de force ni pour attaquer ni pour suivre les attaques. Les fringales surviennent surtout lors des étapes / courses de cotes, en montagne.
- Avoir grand : Lorsqu’un cycliste emmène trop de braquets (développement trop important qui le pénalise). Le coureur s’oblige à emmener grand car s’il met une dent de moins, il sait qu’il explosera.
- Avoir la pompe : Semblable au coup de fringale (pas la même cause mais les mêmes effets), le coureur qui a la pompe (ou le coup de pompe) ne pourra plus suivre ses concurrents.

