Tour de France 2009 – col du Firstplan

Le cyclisme professionnel faisait étape dans notre région
aujourd’hui.

Montés tôt au col du Firstplan rebaptisé pour la circonstance
« Carrefour-Market », nous allions prendre place le long des
barrières « Carrefour-Market » et y séjourner plusieurs heures dans
le froid et la pluie dense qui s’y installa dès 12 heures.

Nous assisterons donc aux derniers préparatifs, la mise en place
du portique de « meilleur grimpeur », le déploiement d’un vaste
dispositif de gendarmerie et l’arrivée des spectateurs dont
certains installés la veille à bord de confortables camping-cars,
d’autres dans des tentes campées au bord de la forêt et parfois
déjà attablés autour d’une bière dès 9h30 du matin.

Je compris évidemment toute la ferveur, pour ne pas dire la
dévotion, qui entoure le Tour de France et le cyclisme
professionnel.

Le « diable » légendaire était déjà là au sortir d’une courbe.
Babouches aux pieds, fourche à la main, queue entre les pattes, il
conversait avec un vacancier dans son costume pourpre et noir, les
cornes fièrement ajustées sur son bonnet.

Maxou trempé jusqu’aux os avait sorti son costume de survie en
aluminium doré et ressemblait à un poisson en papillotte prêt à
être enfourné.

Des cohortes de véhicules anonymes grand tourisme et de motos
défilaient devant nous…Les derniers cyclos-spectateurs
franchissaient la banderole de « meilleur grimpeur » avant même la
course et sous l’oeil attendri des familles, heureuses
d’immortaliser un pareil défi.

C’est alors que la caravane publicitaire s’annonça à grands
renforts de klaxons et de sirènes, vitres entrebaillées et lanceurs
de gadgets à l’affût…

Pêle mêle, les véhicules les plus extravagants s’avançaient vers
nous… »Vittel », « Cochonou » et sa 2CV rallongée , « Bouygues »,
« L’équipe » et ses parapluies et même la « CFTC » qui nous informait
que « l’ascenseur social était en panne!« …Avec Gaston, on
s’est dit « pas de chance! comment vont monter les coureurs si
l’ascenseur est en panne?
« …Il fallait bien se
distraire…

Mais après nous être roulés dans la boue pour attrapper les
casquettes et les bobs lancés par les amazones de la caravane
publicitaire, les voitures du Ministère de l’Intérieur
apparurent…allions nous cette fois recevoir des coups de
matraques ou des tirs de flash-balls ou des tenues camouflées pour
jouer aux gendarmes et aux voleurs?

Rien!

Cette caravane là ne distribuait rien.

C’est ensuite que la pluie se mit à redoubler faisant perdre
patience à nombre de spectateurs qui n’en pouvaient plus d’attendre
les coureurs cyclistes.

Auraient-ils eu, comme la veille, un mouvement spontané de
mauvaise humeur en raison du temps ou d’oreillettes parasitées et
pris une autre direction plus directe vers Colmar sans passer
devant nous?…

C’est alors qu’un premier coureur échappé se présenta…un
allemand, parait-il dénommé Haussler porteur de la marque de vélo
suisse « Cervélo », au grand dam des hollandais tout près de nous,
dépités, qui nous avaient pourtant offert le café et pour qui nous
avions du regret…Gaston tentait d’apprécier la vitesse du
compétiteur en fonction de sa propre prestation du
matin… »allait-il plus vite que moi, ce matin? »…La question ne
fut pas encore résolue, bien que pertinente, que déjà un groupe
compact de coureurs approchait…Il semble que le célèbre Armstrong
était là, protégé par ses lieutenants…Mais l’hélicoptère lassé
d’attendre Armstrong en vol stationnaire au-dessus du Firstplan
était déjà parti dans la vallée de Munster rejoindre le fuyard
allemand…

Enfin, le gros du peloton s’avança, compact, depuis le fond
brumeux de la vallée, silencieux et harassé tandis que les
spectateurs tambourinaient comme à une feria sur les barrières
« Carrefour-Market ».

Comme je n’étais pas très au courant, je crus reconnaître
Jalabert dans ce peloton…alors tous les regards se tournèrent
vers moi, même ceux des hollandais, et je compris combien je
m’étais trompé d’époque en émettant une telle sottise qui me
disqualifiait instantanément de la fête, même en arborant ma tenue
de cycliste amateur.

Bref, il fallut attendre un bon quart d’heure la voiture balai
qui accompagnait le dernier participant avant d’entamer la descente
glaciale du Firstplan dans un monumental défilé, ma casquette à
pois rouges, ramassée dans la boue, sur la tête.

Dérision, quand tu me tiens!…