Bloc-notes 4 juillet 2022

Made In (apprendre l’oubli) à Thann

C’était hier.

l’atelier théâtre Double Sens vous convie au Relais Culturel de Thann, le dimanche 3 juillet à 18h30, pour un spectacle au goût de notre époque, de nos solitudes en manque de présence, de ces atomes que nous sommes, assoiffés de se rapprocher, de nos corps en manque de se toucher, de s’embrasser.

J’étais dubitatif. Le titre « Made In (apprendre l’oubli) » ne me disait rien. Mon vélo garé là où faut pas car le rack à vélos est sur le coté du Relais Culturel et je ne l’ai pas vu.

Les spectateurs arrivent doucement et on nous recommande de s’installer à l’avant pour mieux entendre. La salle est spacieuse et les sièges confortables. Une petite centaine de spectateurs. De quoi ravir l’organisation qui semblait inquiète pour ce spectacle programmé à 18 heures un dimanche soir très chaud.

Finalement mon seul inconfort sera de porter le masque pendant près de deux heures car je sais ces rencontres propices.

J’ai mis un bon quart d’heure pour comprendre où l’on voulait en venir. Un décor sobre, onze acteurs tous épatants.

Vient parfois une farandole, en forme de virgule, qui donne du rythme aux acteurs assis au fond de la scène et qui interagissent comme s’ils étaient éloignés l’un de l’autre. Les écrans ne sont pas là, mais on les devine.

Il s’agit d’une satire du monde moderne, de son économie mondialisée et de l’effrayante déshumanisation et parcellisation des tâches productives d’un bout à l’autre de la planète…et l’incontournable verbiage du marketing américain.

Bon, on a rit, mais les lèvres serrées. Peut-être un peu long sur la fin. Pas sûr que tout le monde aura compris.

Bravo pour un tel spectacle de qualité!

Avec Elodie Bocher-Rajalu, Nathalie Quatrelivre-Lefebvre, Séverin Arnold, Céline Marsibez , Edouard Cousin, Sly Sylvestre , Mathieu Grosjean, Sandrine Ribeiro, Marion Schimpge, Kévin Peter et Sarah Delabesse Boursier .

Proust (Marcel)

A 42% de ma lecture, je dors. Même si la phrase est interrompue

à ne pas confondre avec la selle Proust du même nom. (voir à dimorphisme sexuel)

Je suis à Combray dans le Calvados. Un village imaginé par Proust fortement inspiré par Illiers, devenu Illiers-Combray depuis. En matière de campagne, je m’y connais, j’y suis né.

La côte de la carrière, sa roche creuse à mi-chemin qui héberge un monstre, le tas d’ordures, le champ de petit-pois, le chemin de l’église, la maison à Mimile, le bouif et sa fourche maléfique…je connais tous les registres de mon enfance villageoise et ses imaginaires gravés à jamais dans ma mémoire.

Proust est orfèvre, il est capable d’écrire de longs monologues sur son enfance.

Proust c’est le temps qui passe. Or, au lit le soir, mon temps d’éveil passe vite. Si bien que j’avance comme un âne au pas dans la Recherche du temps perdu de Proust. J’ai commencé par le début, Du côté de chez Swann. Je crois toujours être au début à 42% du livre…et le temps passe.

Pendant toute la journée, dans ces promenades, j’avais pu rêver au plaisir que ce serait d’être l’ami de la duchesse de Guermantes, de pêcher la truite, de me promener en barque sur la Vivonne, et, avide de bonheur, ne demander en ces moments-là rien d’autre à la vie que de se composer toujours d’une suite d’heureux après-midi.

(extraits Du côté de chez Swann)

Proust, tu m’énerves avec ta prose!

Et pourtant je m’y attache. Car Comme Proust, je suis un furtif. Le soir, sort-il du coté Guermantes ou du coté Swann? Parfois je renonce. Je renonce à aller au bout de la phrase. Où est le point de départ? le point d’arrivée. C’est comme un marathon. Mais lent. Proust fignole. J’avoue: parfois je zappe. Mais il ne le sait pas.

Je ne suis qu’à la campagne, celle de Combray, et ses transports à pied et à cheval en cette fin de siècle. Mais les salons parisiens viendront et ce théâtre de sentiments et d’échecs me ravit.

J’ai le côté de Guermantes en version papier qui m’attend sur le bureau depuis des semaines. (imprimé en 94 par Brodard et Taupin ISBN 2-87714-209-4)

La recherche du temps perdu comprend sept tomes! Impossible d’aller au bout?

Etre club ou pas?

Dépité de ne pouvoir suivre le train. A qui la faute?

Entre les deux, mon cœur balance. J’ai écrit des dizaines de billets sur les clubs vélos. Souvent critiques mais toujours bienveillants. Parfois j’ai été jusqu’à la détestation, et je suis revenu sur mes pas

Je me force à rester en club, à en garder l’esprit. Mais le club a t-il encore de l’esprit? ces valeurs de partage, de solidarité, d’amitiés, de bienveillance?

Parfois j’en doute. Un club au départ est une association de membres partageant des intérêts en commun. Par exemple le vélo.

Je m’applique. Je fais des efforts pour m’adapter au groupe.

Mais le vélo, c’est vague. Il faut aussi une homogénéité de pratique pour faire club. La route, le VTT, le VAE, … A trop vouloir rassembler les pratiques, on en arrive à ne plus comprendre le vélo de l’autre.

S’accorder au départ sur la physionomie du parcours, plaine ou montagne ou panachage, semble parfois impossible tant les niveaux sont diffus.

Dans les grand clubs, la notion de groupes de niveau satisfait tout le monde. Dans les petits clubs c’est plus délicat, il faut négocier au cas par cas en fonction des présents, parfois inattendus.

Publier un calendrier des parcours pourrait résoudre le dilemme. Mais on n’est jamais sûr que la difficulté affichée ne va pas en dissuader.

Entre celui qui comme moi fait du vélo trois fois par semaine (la chance!) et celui qui vient au club une fois l’an, de quel club est-il question? il faut que celui qui n’a aucun entraînement ne vienne pas le 3 juillet au club en espérant pouvoir suivre le train. Peut-on rouler ensemble lorsqu’au bout de trois kilomètres, un membre du groupe fait demi-tour? un autre caracole en tête? un troisième a pris son VTT pour faire la sortie routière?

Je m’interroge et me demande si le club a encore sa raison d’être.

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