autoport de
Sausheim-vélomaxou
Où sont-ils le dimanche lorsque la circulation est
interdite?
Ils sont là!
A l’autoport de Sausheim.
Jusqu’à 240 camions qui attendent le droit de pouvoir reprendre
la route.
Cortège immuable de travailleurs des temps modernes, anonymes,
devenus intermittents de la route malgré eux.
Des avaleurs de bitume confinés dans un parc de mastodontes
inertes, alignés impeccablement sur la ligne de départ, prêts au
grand rush du lundi matin.
Eux et leurs camions ne font qu’un. Une forme d’asservissement
qui attache l’homme à sa machine.
Réunis autour d’un maigre réchaud à mille lieues de leurs
domiciles, à l’écart du regard des autochtones, ils ressemblent à
des réfugiés.
Lituaniens, Tchèques, Polonais, Portugais, Espagnols,…ils se
rassemblent par opportunités linguistiques pour tenir
conciliabules, puis conviennent de mener des raids conviviaux au
Carrefour tout proche en empruntant un chemin invisible le
long du pont routier qui franchit l’autoroute.
Histoire de se fondre dans le temple du consumérisme et de
retrouver l’illusion d’une humanité.