Encore une chronique à la gloire de la récession?
Cette récession là nous guette tous.
Je veux parler de l’inexorable perte de nos moyens physiques au fur et à mesure que l’âge avance.
On s’en amuse, sur nos vélos.
« C’est vrai, cette année, je monte moins bien le Grand Ballon que l’année passée!… »
Comme pour se rassurer de sa contre-performance, on incrimine l’âge.
L’âge! C’est lui le coupable qui nous fait perdre nos repères de l’an dernier en même temps que nos illusions de longévité améliorée.
Le problème, c’est que cette décroissance de moyens nous surprend parfois tôt.
Trop tôt à notre goût.
Alors, il faut envisager de réduire la voilure, admettre des circuits moins longs, moins pentus et rejoindre des groupes moins sportifs.
Bref, plus touristes que sportifs!
Rejoindre un groupe moins sportif, dites vous?
Facile à dire, mais pas facile à trouver.
C’est que dans la plupart des clubs, tout le monde continue de vouloir jouer les gros braquets ou les gros mollets.
Même en annonçant avec un luxe de précaution que la balade de 100 km et 2000 m de dénivelée se fera à vitesse lente et sera entrecoupée d’une pause consistante, on trouve toujours des compétiteurs sur le déclin pour venir gâcher la fête devant et aiguiser nos instincts basiques dans les hauts de côtes.
Cycliste décroissant, nous le serons tous.
Un jour.
Pour s’en convaincre, il suffit de mesurer l’âge moyen de nos clubs.
Nos clubs cyclos décroissants croient avoir trouvé la parade à la sénilité qui gagne; ils encouragent la formation de cellules pipelettes; sous ce nom évocateur et chargé de machisme convenu, des femmes!
Des femmes qu’on juge capables de régénérer les structures vieillissantes de la FFCT.
Cet appel du pied à la gent féminine relève presque du racolage cette année avec l’opération Toutes à Paris qui met en émoi tout le landerneau FFCTiste et dont certains, comme moi, s’interrogent sur cette étrange mode de séparation des sexes de notre société laïque…
Voila nos cyclos décroissants tout d’un coup ragaillardis et capables de se manger trois Grand Ballon à la fois dans la journée!
Cependant un jour arrivera où même franchir le pont de l’autoroute à Baldersheim sera l’ultime épreuve.
Puis viendra alors l’heure du vélo reposoir: sacoches et panier d’osier, tout juste de quoi rejoindre l’Aldi du quartier et rapporter les boites de Ronron en louvoyant sur les larges trottoirs, le temps de contempler la transhumance autoroutière en contrebas.
