Le vélo c’est la santé et pourtant…


La cause semble entendue: le vélo est bénéfique pour la santé.

Ne cherchez pas à vous poser des questions, puisqu’on vous le dit.

Plus personne ne semble le contester.

Mais qui le dit?

Le corps médical, les cardiologues les premiers.

On en connait tous les arguments: le vélo est bon pour le cœur et les muscles en général et bon aussi pour le souffle.

Dans Vélo et potager, le docteur Jean-Luc Saladin remarque que les trois quarts de la population a une puissance de 1 watt par kilogramme c’est à dire la puissance d’un insuffisant cardiaque (nos grands pères paysans et paysannes  avaient couramment 3 watts/kilogramme) .

C’est dire si notre sédentarité a réduit les capacités physiques de nos congénères.

Bon d’accord le vélo est bénéfique sur le plan cardiaque. Mais pourtant les cardiologues ne sont plus aussi sûrs d’eux dès lors que les sorties dominicales sont potentiellement génératrices d’accidents cardiovasculaires. En cause, des cyclistes qui poussent excessivement sur les pédales ou porteurs d’une pathologie jusque là ignorée.

L’image de la compétition serait donc une mauvaise conseillère pour nombre de postulants au vélo loisir.

Mais le docteur Saladin est formel, le vélo est bon pour la santé en général et il en dresse un catalogue édifiant d’avantages

Bon OK!

Si les docteurs le disent, c’est que c’est vrai.

On ne s’explique pas dès lors pourquoi nos pouvoirs publics ne sont pas plus prompts à décréter le vélo cause nationale.

En effet, l’État n’a toujours pas pris de mesures strictes pour encourager le vélo plutôt que l’automobile, des pistes prioritaires, comme pour les bus en ville, des primes pour acheter et renouveler son vélo et des réductions d’impôts pour les moindres dommages causés à la planète.

Reste la question pratique: comment se mettre au vélo dès lors que, depuis 50 ans, on a tout misé sur la voiture?

Venir travailler, travailler avec son vélo, le parcours du combattant

La balance du bénéfice/risque n’est plus aussi évidente dès qu’on quitte la cause médicale.

Sur le plan utilitaire, le vélo est loin de recueillir toutes ses lettres de noblesse. Il est même plutôt mal vu dès lors que vos prétendez l’employer pour aller travailler ou pour faire vos courses.

Passer pour un original à l’embauche en prétendant venir travailler à vélo n’est pas la meilleure manière de marquer des points vis à vis d’un recruteur habitué à trier les candidats selon la possession du permis de conduire…ou pas.

Mettre en question les us et coutumes sociétales au travail en suggérant par exemple la mise à disposition de douche à votre arrivée au travail n’est pas non plus du meilleur effet.

Sans parler du supposé déficit d’image que vous allez causer à l’entreprise en employant un moyen de transport  volontiers ringardisé par la norme sociale.

Et les courses?

A quand le bike drive?

Je me prête parfois à rêver; pourquoi ne pas s’enfiler les rayons des grandes surfaces sur son vélo, vu la longueur à parcourir entre le rayon cycles et le rayon bière?

Le merchandising des grands magasins est notre adversaire.

Il faut vendre beaucoup à la fois, et dit-on, si possible aussi le dimanche, là où votre esprit consumériste sera le plus disponible pour maximiser les achats plutôt que de se balader avec votre bécane.

Alors venir faire ses courses à vélo, n’y songez pas non plus. Sauf chez Intermarché.

En conclusion, vos tentatives louables de pratiquer le vélo au quotidien risquent fort de se transformer en un combat perdu d’avance.

D’un point de vue sociétal, il semble que le vélo continue de véhiculer une image connotée négativement dès lors qu’il est mis à la sauce utilitaire.

En revanche, il sera de bon ton d’associer vélo et voiture dès qu’on aborde les loisirs.

C’est le cas par exemple du VTT et des concentrations dominicales où la voiture est étroitement associée à la pratique cycliste (voir aussi cette étude qui met en question l’écologie du VTT)

Le VTT est-il écologique?

On pourra objecter que le vététiste emprunte les mêmes comportements que le randonneur pédestre qui se rend sur son lieu de balade avec sa voiture.

Ouf! finalement le vététiste n’est rien d’autre qu’un marcheur accompagné de son vélo quand d’autres promènent leur chien.

Les inconditionnels du tout-vélo le savent, se faire respecter sur la route, déjouer les pièges qui jonchent les itinéraires sont de vrais handicaps à l’essor du vélo.

Le vélo quotidien demande donc persévérance et vigilance en permanence.

Je réserve le mot de la fin de cette chronique à une image d’une rue d’Amiens, une pierre dans le jardin de nos décideurs publics incapables de faire respecter le droit au vélo en ville.

Amiens (source vélotaf)

 

 

2 réflexions sur « Le vélo c’est la santé et pourtant… »

  1. Bonjour,
    Je partage le contenu de l’article. Et surtout la fin, où sans parler des bandes cyclables qui servent de places de stationnement en toute impunité, les trains régionaux ne facilitent pas les déplacements avec son vélo… Entre le discours et la réalité, le fossé est large…

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