Huit à huit

Huit kilomètres par heure avec huit pour cent de pente.

Oui, le vélo, c’est fastoche.

Y’a rien à faire, il suffit de pédaler.

Le reste, c’est dans la tête.

J’essaie de m’en convaincre.

Chaque jour.

Tous les paramètres sont affichés devant moi.

Vitesse, pente, cardio, sens du vent, température, calories,…

Il ne manque que l’âge du capitaine.

Et son poids.

C’est mon coté ingénieur, j’ai besoin d’une panoplie de données pour instrumentaliser mon parcours.

Quand la route est barbante, je fais défiler les écrans du Sigma, histoire de me passer le temps et de faire du calcul mental.

A l’origine, il y a 40 ans, j’avais sur mon vélo Peugeot en ferraille, un modeste compte-tours qui faisait tac-tac-tac plus ou moins vite à chaque tour de roue. Multiplié au retour par le tour de roue, on découvrait son kilométrage parcouru. C’était plus pratique que d’additionner des tronçons de départementales sur la carte Michelin.

Depuis les choses ont beaucoup changé. Surtout avec le GPS couplé au cardio-fréquencemètre!

Encore hier, j’ai jeté un œil derrière moi avant d’entamer la montée d’Osenbach: un poursuivant en vue.

Je lève le pied, pour tester l’ennemi.

Il n’arrive pas…Etrange!…

J’ai beau prêter l’oreille, je n’entends pas le souffle du pédaleur arriver dans mon dos.

J’observe la longueur de mon ombre devant moi…et je regarde le sol sur ma gauche…

J’en aurai le cœur net: je simule une pause pipi à la déchèterie.

Ouf, il était moins une.

Voila mon poursuivant qui passe.

Salut!

Salut!

La dépression prostatique m’a délivré de l’angoisse.

Je peux reprendre ma route en toute quiétude.

Pour beaucoup d’entre-nous, filer le train de celui qui est devant est un jeu.

Bon alors pour que les choses soient claires, je donne à tous mes poursuivants mes paramètres de réglage…

la pente en %	ma vitesse km/h
5	11
6	10
7	9
8	8
9	7
10	6
11	5

De quoi rassurer tous les compétiteurs en herbe!

Avec ces repères, je sais vérifier l’état de ma forme.

Je devrais dire aussi l’état de mes formes!