J’ai la lampe qu’est grillée, le feu rouge qui pendouille, la selle qu’est déréglée, l’cable de frein qu’est cassé, les pédales s’font la malle, le guidon qui gigote…

Ah ! bon Dieu ! qu’c’est embêtant
D’être toujours patraque,
Ah ! bon Dieu ! qu’c’est embêtant
Je n’suis pas bien portant.
J’ai le pneu qu’est râpé, la chaine qu’est engluée, les rayons desserrés, les deux roues sont voilées…
Ah ! bon Dieu ! qu’c’est embêtant
D’être toujours patraque,
Ah ! bon Dieu ! qu’c’est embêtant
Je n’suis pas bien portant.
(d’après Ouvrard)
Faire durer son vélo est-il nécessaire?
Posée comme ça la réponse semble évidente.
D’abord sait-on combien de temps dure un vélo?
Au désespoir de mon vélociste, il me confirma qu’un vélo carbone est inusable; sa réponse me surprit tellement que je me suis demandé pourquoi il en vendait au risque de faire faillite.
C’est vrai que le mien a dépassé 50.000 km et que d’autres font encore mieux en roulant avec des randonneuses de 30 ans d’âge.
Le secret, c’est l’entretien et du soin.
Tout le monde sait ça mieux que moi. Surtout ceux dont l’exercice favori est de ciseler le vélo au coton-tige sur la table de la cuisine dès lors que le temps n’est pas favorable!

Mais faire durer son vélo en temps de crise, voire de récession est encore plus bénéfique.
Les bagnoleux n’ont cure de ce genre d’arguties: ils sont prisonniers de leur voiture pour tout, pour travailler, pour manger, pour se promener, pour aller en vacances et se taper les bouchons autoroutiers.
Comment faire autrement? Ils n’en ont aucune idée même s’ils peinent à en rembourser les emprunts tout en s’exilant toujours plus loin de leur lieu de travail.
Ils n’ont donc aucune raison d’entrer dans ce processus mental de raréfaction économique et de hausse vertigineuse des coûts d’énergie qui pourrait survenir brutalement.
Pourtant, les tentations de repli sur soi lorsque l’emploi devient rare, l’avenir incertain, lorsque la consommation se réduit, s’apparentent un peu à celles des économies de guerre.
Ces réflexes là sont partout les mêmes. Sauf chez les plus démunis qui n’ont rien à perdre.
On ne sait pas de quoi va être fait l’avenir, nos politiques sont aux abois, les conflits s’exacerbent dans le monde, alors on fait le dos rond…en attendant que ça passe…
Médiapart, le journal en ligne, titre aujourd’hui « Le gouvernement tétanisé par le scénario noir de la rentrée ».
Bien sûr, ce que dit Médiapart n’a pas valeur d’évangile…mais quand même voila des mois que les comptes de l’Europe se recroquevillent et que sans croissance, notre modèle économique ne sait pas faire.
Garder son vélo et l’entretenir est devenu facile et c’est une valeur sûre, insensible aux coups d’accordéon des prix de l’énergie et des revers de fortune.
Lors de la dernière guerre, avoir un vélo était presque un luxe pour aller au ravitaillement en banlieue.
En revanche, à quoi bon garder une voiture dès lors que les pompes à essence risquent d’être vides?
Fiction, direz-vous?
Bof, disons que je m’entraîne au pire…sans que le pire vienne forcément.
