Je n’ai besoin de rien. Non rien de rien, je n’ai besoin de rien.
C’est ce qu’on dit, mécaniquement, au vendeur ambulant tireur de sonnettes.
Cette phrase là, on ne l’entend plus guère dans nos sociétés de consommation depuis que le marketing a envahi notre sphère consumériste.
Ce billet m’est inspiré par l’article de Carfree « le conditionnement des besoins » paru le 25 février.
Ne pas avoir besoin d’une voiture est par exemple très difficilement imaginable dès lors qu’on n’habite pas un grand centre urbain comme Paris.
Passer par le covoiturage dans quelques rares cas?
Oui, si l’on est un célibataire et voyageur occasionnel, mais en famille tout se complique.
« Au contraire, « le simple fait de ne pas posséder de voiture et de pouvoir, par conséquent, être pris en flagrant délit de non-achat, ou plutôt de non-besoin » a conduit l’auteur, au cours d’une promenade à pied (sans but économique, et sans voiture), à être réprimandé et menacé par un policier. (l’Obsolescence de l’homme- Günther Anders)
Le cycliste est aussi un peu dans la situation du suspect dès lors qu’il adopte un mode de déplacement réputé non conventionnel – la voiture comme tout le monde, ou le bus -, suspect d’être un marginal, pour tout dire un cas social.
Mal vu? Oui, certes alors que la consommation est le seul maître-mot capable de sortir l’économie de son marasme.
Mon vieux camion de 15 ans d’âge participe à une forme d’égoïsme citoyen, je ne le renouvelle pas, persuadé que le no car viendra après moi…Foutaise! les ventes de bagnoles repartent de plus belle et les nouvelles générations auraient du mal à s’en passer non pas tant comme aboutissement d’un art de vivre mais plutôt pour leur valeur d’usage devenu incontournable.
Mon diesel à grosses particules me sert encore à assouvir le gâchis: conduire des fatras d’objets inutiles et obsolètes à leur ultime demeure: la déchetterie, cette grande poubelle des temps modernes qui encombre la planète.
C’est désespérant et lucide à la fois.
