Si les différences sexuelles des individus sont aujourd’hui mises en question par de nouvelles études, le vélo s’est longtemps distingué lui aussi par des formes distinctes selon qu’il s’adresse à des femmes ou à des hommes.
C’est une banalité de le dire, un cadre de vélo est soit évasé ou non et largement dépendant de nos normes sociales et codes vestimentaires.
Autrement dit cadre pour femme ou cadre pour homme. Vélo pour la ville ou pour les champs.
Trancher était simple.
Pas si simple, puisque Manufrance concevait au début du siècle passé ses vélos pour femmes et aussi pour les ecclésiastiques des deux sexes.
En 1914, la firme de Saint Etienne commercialisait le modèle « passe-partout » avec cette mention:
« Ce que redoutent surtout les dames, c’est la fatigue qui
résulte soit du poids de la machine, soit des trépidations
produites par les accidents de la route, soit de la selle qui
blesse, etc »
Du point de vue des fabrications, le vélo pour femme est moins bien considéré sur le plan mécanique par les « cadreurs », étant moins rigide et pourvu de filet empêchant la robe de se prendre dans les rayons.
Mais une certaine révolution sexuelle est venue atténuer ce dimorphisme avec les cadres dits « mixtes ».
Avouons-le, les constructeurs étaient contents de pouvoir enfin normaliser leur chaîne de fabrication avec un seul modèle.

On notera cependant que sur les tandems très prisés après 1936 date des congés payés, l’homme est devant, la femme derrière. Le genre masculin l’emporte sur le féminin comme la règle grammaticale. Cet engouement devait se faire en respectant une norme morale notamment pour la femme qui « doit suivre son mari partout ».
Reste la selle…
La selle pour femme avec sa pointe coupée est encore un mystère pour nombre de pratiquants masculins sur le plan conceptuel.
« Avoir quelque chose de serré au niveau de la vulve me crispe… » déclarait une Canadienne dans Candide Candida
Il faut donc la croire.
Mais du coté des hommes, la selle pointue ferait débander s’offusquent certains hommes.
Pas tous!
On se référera utilement à cet article paru dans l’Obs-Rue89 pour en savoir davantage…
On ne comprend pas pourquoi les hommes n’auraient pas droit eux-aussi à une selle amputée de sa pointe.
Dautres ont inventé la selle à trous, comme le gruyère (qui est de l’emmental).
Bref on n’en finirait pas de s’interroger sur la conformité de nos vélos à nos attributs sexuels.
La mode aujourd’hui étant à l’unisexe, on devrait trouver un terrain d’entente.
Si la question vous titille l’esprit, j’ai encore en réserve quelques écrits sur le sujet ô combien scabreux du jour.
Bicyclette-et-organes-genitaux/
un-velo-de-quel-genre-exactement
Plus sérieusement, les questions du genre (masculin-féminin) font l’objet d’une parution monumentale avec l’Encyclopédie (critique) du genre de Juliette Rennes (éditions La Découverte)

Je me souviens avoir descendu un col avec un vélo « mixte » (un Gitane du début des années 1980) : ça flottait … un peu … beaucoup !
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