Rubens
– « Verre! »
C’est l’ami Jean qui à l’accent le plus aiguisé pour annoncer
l’approche de ces objets piègeux.
Le cri est souvent trop tardif pour que ceux qui suivent
échappent aux débris de la canette de bière balancée par une
portière la nuit précédente.
Je ne résiste pas ce matin à vous citer cette phrase
merveilleuse d’un « vélotafeur « relevée dans Vélotaf,
le site de ceux qui vont bosser à vélo (lorsqu’ils
en ont) , aux abords d’une zone comportant du verre:
« Bien rouler lorsqu’on passe sur un endroit à risque; en
gros, mettre le minimum de poids sur le vélo, donc ne pas pédaler
par exemple lorsque vous roulez sur du verre!… »
Cette phrase là va certainement faire date dans l’anthologie
humoristique du cycliste.
Si l’on a bien compris, aux abords d’une zone « verrière »
(verreuse?), il faut se faire léger!…
Se faire léger?…
Oui, si on est un peu gros, en gros, il faut d’abord mettre tout
son poids sur l’arrière du vélo pour franchir le verre avec sa roue
avant et ensuite rapporter son poids vers la roue avant. Pour
soulager la roue arrière, à son tour.
Comme un fakir sur sa planche à clous.
Et ensuite, attendre…
Attendre quoi?
Chut! Taisez-vous!
Ne pédalez plus! Retenez votre souffle!
Ecoutez si vous entendez un « pschitt » de pneu qui se
dégonfle!…
Bon, pour cette fois ça passe.
Ne vous croyez pas pour autant soulagé!
Arrêtez-vous et inspectez vos roues!
Votre poids « résiduel » a peut-être quand même permis à un débris
de verre de s’inviter dans le pneu comme un virus à retardement
dans votre ordinateur…
Ceux qui souffrent d’une légère surcharge pondérale en seront
pour leurs frais. Tant pis pour eux!
Seule notre frêle gazelle à vélo peut échapper aux flêches du
Cupidon qui pointent sur le chemin vicinal.
L’autre moyen d’échapper à cette silice alcoolisée, c’est la
sustentation avec son vélo. Autrement dit sauter en l’air, vélo
pendu aux pieds.
Mais l’exercice est périlleux; si vous manquez de vitesse, vous
risquez de retomber sur les débris de « Kro » éparpillés.
Voire tout simplement de vous casser la binette sur la
canette.
J’adore ce genre de digressions matinales qui nous invitent tous
à l’humilité devant les lourdeurs de ce bas monde…
Comment se faire plus léger comme ces elfes du Rhin qui dansent
sur le rocher?
Comment avancer à pas feutrés, comme le chat ou comme le loup?
…
…et déjouer les pièges tendus sur les bas-côtés par les
Silènes au retour du bal de Dionysos?
Vaste sujet!
Mes lecteurs non avertis vont me demander si j’ai fumé la
moquette.
A n’en pas douter!
L’abus d’alcool est dangereux pour la
santé
A consommer avec modération