Le niveau zéro de la complexité


Col des Fourches (2261m)

Figurez-vous que j’assiste ébahi actuellement à une passe d’armes  européenne et pacifique du coté de mon cher Club des Cent Cols pour savoir comment est mesurée la hauteur de nos cols d’Europe.

La question est primordiale puisque nous devons identifier les cols franchis à vélo supérieurs ou inférieurs à 2000 mètres….

J’ai toujours pensé, en bon béotien, qu’il suffisait de se référer au niveau de la mer…

Oui, mais quelle mer?

Je tombe de haut avec mes idées reçues.

Le premier à dégainer est notre ami allemand Ludger Vorberg…

 » la Suisse mesure ses altitudes à la Pierre de Niton (dans la rade de Genève) qui est déterminée – depuis 1902 – à 373,6 m au-dessus du niveau moyen de la mer.

Le repère de ceci est le marégraphe de Marseille, donc le même que pour les altitudes françaises.

Marégraphe de Marseille

Avant 1902, on avait fixé l’altitude de la Pierre du Niton à 376,86 m.
C’est la raison pour laquelle les altitudes des vieilles cartes ont 3,26 m de plus que les valeurs actuelles. »

Donc, il n’y a pas que la fonte des glaces capables de rapetisser nos pics helvétiques.
Ludger poursuit…
« Le repère des altitudes en Espagne est le niveau de la mer à Alicante,
pour l’Italie celui de Gênes. »

Quant à l’Allemagne « elle base ses altitudes sur Amsterdam. Si ma mémoire est bonne, cela fait une différence d’environ 40 cm » précise Mario Labelle, un autre Centcoliste émérite, ajoutant que « l’Autriche et la Slovénie prennent leur référence à Trieste »…

Restons zen: du temps du bloc de l’Est en ex-RDA (comme dans les autres pays du pacte de Varsovie), on prenait l’altitude au niveau de Kronstadt.

La chose s’est donc notoirement simplifiée aujourd’hui!

Laufenburg (vélomaxou)

Pas assez toutefois puisque notre perfide Ludger nous raconte que si la différence d’altitude entre la Suisse et l’Allemagne n’est que de 27 cm, les ingénieurs qui ont construit le pont de Laufenbourg se sont quand même trompés en prenant les mesures « à l’envers ». La réparation de l’erreur de 54 cm lors de la construction du pont de Laufenburg a coûté 50 000 €.

Il est vrai qu’avec nos GPS, tout s’arrange…L’ami Patrick Schleppi précise qu’aujourd’hui, les altitudes des points de référence sont aussi mesurées
par satellite. Ces mesures sont très précises… mais pas identiques aux
mesures terrestres parce que le champ de pesanteur terrestre a la forme
d’une patate pas très régulière (un géoïde) alors que les satellites se
réfère à un forme plus ou moins simplifiée (ellipsoïde dans le cas le
plus simple).

Dormons en paix tant que le ciel ne nous tombe pas sur la tête!…

8 réflexions sur « Le niveau zéro de la complexité »

  1. Ce problème de référence n’est pas nouveau, et il a toujours préoccupé les scientifiques (dont je suis).
    Le niveau de la mer d’aujourd’hui n’est pas le même que celui de la mer d’antan.
    Si tu as passé un col il y a plusieurs années, il faut tenir compte de la mer d’alors.

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    1. Coucou, Lomoberet.
      C’est toujours un vrai régal de découvrir tes commentaires.
      C’est vrai que la mer monte par rapport à la merd’alors.
      Et quand la mer monte, j’ai honte…que mes cols rapetissent.

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  2. La montée des mers n’influe pas sur l’altitude. A partir des marémètres, on a établi des niveaux zéro. Si la mer monte, le niveau zéro ne change pas tant qu’on n’en a pas établi un nouveau. Si la mer monte de 10 cm, l’altitude ne baisse pas de 10 cm. Les corrections proviennent surtout de l’amélioration des instruments.

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  3. « L’ami Patrick Schleppi précise qu’aujourd’hui, les altitudes des points de référence sont aussi mesurées par satellite »

    J’ai comme un doute. Le GPS est notoirement très imprécis dans l’axe vertical. On notera qu’en aéronautique l’altimètre reste encore et toujours un baromètre…

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    1. Et un baromètre, ça mesure quoi?…
      Et bien le poids de la colonne d’air à l’endroit où il se trouve..
      Du coup, c’est encore le champ de pesanteur qui entre en ligne de compte.

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      1. Je ne dis pas le contraire, justement. Je notais juste que si le GPS est très précis sur les axes horizontaux, il ne l’est pas du tout sur l’axe vertical, raison pour laquelle toutes les hauteurs, altitudes et niveaux en aéronautique sont mesurées par l’altimètre qui est, comme chacun sait, un baromètre.

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