C’est quand on ne sait pas quoi dire qu’on fait son baratin.
Je ne cherche pas à vous tromper comme on serait tenté de le croire.
Baratiner: entreprendre quelqu’un pour le convaincre, le séduire, le circonvenir par la parole.
Les fortiches en vélo connaissent tous le raffinement des comparaisons d’une année à l’autre pour s’assurer qu’ils ont la forme: oui j’ai la forme! en 2013 j’ai gravi le Vieil Armand en 31 minutes et en 2015…en 29 minutes, donc je suis encore meilleur, me disait l’autre.
Très bel exploit!
Être meilleur en vieillissant, c’est comme le bon vin, mais certaines années la cuvée est moins bonne.
Les stakhanovistes du vélo n’imaginent pas qu’un jour, le plus tard possible, la forme physique et le mental vont décroître, lentement, mais inéluctablement.
Ce n’est pas triste si l’on s’y prépare. Mais plus dure sera la chute si, par mégarde, ils n’ont pas choisi la modération dans leurs exploits.
Il faut donc faire preuve de sagesse. Gérer ses performances, c’est bien, gérer sa décroissance physique est tout aussi salutaire.
Quand on a la sensation de rouler peu, le premier réflexe c’est de comparer son score à celui de l’année précédente.
Résultat: je n’ai pas moins roulé qu’un an auparavant (2668km contre 2496km en 2014).
Youpie!
Si le VTT est en léger retrait, en revanche la route comble le retard.
Me voici rasséréné pour les semaines à venir.
Mais je ne m’entêterai pas comme certains inconditionnels du toujours plus, j’entamerai ma décroissance sélective comme le marin réduit sa voilure à l’approche du port.
Le plus tard possible, cela va de soi.
Cette ambivalence entre faire toujours plus et faire de moins en moins nous taraude tout au long de l’année…et je connais les affres des arrêts forcés.
Il restera une variable à exploiter: celle du vélo-voyageur, à l’écart des performances et des sempiternels tours locaux.
Je m’y prépare.
