Je le savais.
Tous les cyclistes locaux le savent: en période estivale, les Hautes Vosges ne sont pas favorables au vélo.
C’est tout simplement la rançon du succès des promoteurs de ce massif (dont je fais un peu partie modestement).
Parcourir les crêtes, c’est un jeu d’enfant pour les possesseurs de véhicules; alors de longues cohortes empruntent la fameuse route qui surplombe la montagne du nord au sud.
On ne peut bien évidemment barrer d’un trait de plume ce qui fait vivre cette économie fragile constituée des fermes-auberges, de loueurs d’équipements, de logements, d’attractions diverses.
Parcourir la route des Crêtes en plein été à vélo est donc peu agréable; frôlés par des escouades de motards, des convois de camping-cars et des automobilistes distraits par le paysage, mieux vaut éviter l’exercice.
Des petits dictateurs en herbe, comme moi, ont imaginé l’impensable: tronçonner cette route d’origine militaire afin que les engins motorisés ne puissent plus la parcourir d’un seul trait et redonner au massif ses lettres de noblesse et si possible son air pur.
Restons-en là!
A Wildenstein on a déjà 360m de dénivelée depuis Thann.
Mais on ne s’en rend pas compte.
Cette vallée parcourue à vélo est bucolique dès lors que vous prenez la piste VV331 qui longe la rive droite de la vallée.
Il ne faut pas la manquer, cette voie commence à Willer-sur-Thur et chemine à travers les voies des villages épargnées par le trafic routier de la RN66.
Chemin faisant, vous arrivez à l’embranchement de Fellering alors que vous êtes déjà presque à Urbeis.
Traverser la nationale avec prudence juste en aval des étang du Seebach, puis prendre à droite la rue du…See.
Vous allez atteindre Oderen et son église perchée sur un piton si étroit que les tombes peinent à trouver de la place autour.
Le maire a pris des arrêtés vigoureux en vue de récupérer les sépultures abandonnées.
Je monte donc à l’église histoire de contempler le paysage.
Puis je repars en direction du lac de Kruth.
On n’a pas le droit de contourner le lac par la petite route en sens unique et c’est dommage.
Je reprends donc la route de Wildenstein.
Il est midi tapante, l’angélus sonne.
J’écoute les rouages du tympan au pied de l’édifice et je pars grimper le col de Bramont (956m).
400m de dénivelée.
Puis c’est la descente vers la Bresse.
Pas tout à fait: je prends le chemin de la Xlatte qui conduit vers la station de ski.
Remonter le long du grand parking commence à faire ses effets sur mes jambes, d’autant que mon thermomètre affiche 30 degrés.
Cette route qui conduit au col de la Schlucht ne sera pas facile.
Pourtant roulante, elle affiche une pente continue de 7% sur près de 4 kilomètres et je ne l’avais pas prévue aussi difficile.
La Schlucht.
Quelle désolation!
Le Markstein en concentré
Comment des touristes peuvent-ils aimer cet endroit et emporter avec eux cette image aussi négative de nos deux parcs régionaux des Vosges !
Comment la puissance publique peut-elle laisser ces ruines perdurer!
Je suis dégouté de voir tous ces touristes agglutinés là avec leurs voitures et leurs motos.
Ça me rend triste. J’avais l’intention de casser la croute ici, finalement, je pars.
Après le jardin d’altitude, je m’installe à une table près d’un parking, j’avale quelques reconstituants emportés dans mon sac puis je somnole…
Je suis au km 52 et j’ai 1200 m de dénivelée.
Viendra la suite de la route des Crêtes dont j’ai déjà dit plus haut tout le mal que j’en pense.
Les cols successifs jusqu’au Haag, Neurod, Herrenberg, Schweisel, Hahnenbrunnen, font que la route n’est pas aussi plate qu’on l’imagine.
La montée au Grand Ballon achève de faire souffrir le cycliste.
J’ai devant moi un cycliste qui monte « à la peine » et son déhanchement ne suffit pas à le délivrer de sa souffrance.
Je l’aborde tout aussi atteint que lui et nous montons ensemble les trois cents derniers mètres.
Descendre dans la vallée est la dernière épreuve; il faut se garder de toute euphorie et bien tenir son guidon sans quitter la route de l’oeil.

25 minutes pour rejoindre Willer-sur-Thur
100km tout rond et 1600m
Belle sortie malgré la RN66 et la route des crêtes polluées par le trafic !
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