
Ce fut une belle histoire.
J’arrête en douceur. D’abord les Potins du lundi.
Mes lecteurs n’en verront rien, car mon intention est de m’éclipser doucement. L’été revenu, la torpeur est idéale pour s’absenter.
Ce sera donc le 249ème et dernier lundi de mes Potins. Presque cinq années!
C’était pour moi un espace pour parler de tout, un peu, et de n’importe quoi, des choses que j’avais à cœur, de mes convictions, de mes doutes.
Ce blog créé en 2006 n’est plus vraiment au goût du jour. J’en conviens. Sur la toile aujourd’hui, c’est la chaîne Youtube qui cartonne en terme d’audience. Il faut bouger beaucoup trop pour construire ce type d’outil de communication…et avoir du grain à moudre.
J’ai conscience que mon modèle rédactionnel n’est plus en phase avec les générations plus jeunes. Vouloir être un généraliste du vélo est devenu beaucoup trop compliqué lorsqu’on est seul. Il existe les militants d’un coté, engagés dans des combats pro-vélo aux perspectives incertaines et, de l’autre, le loisir sportif à vélo sans oublier la niche du voyage à vélo, et toute son implication dans un processus de marchandisation qui conjugue à la fois fatalement voiture et vélo. Je ne parle même pas du train tellement il est dissuasif de l’employer. La segmentation du marché du vélo en de multiples formes de pratiques est difficile à suivre. Rien que sous le générique VTT, les déclinaisons sont nombreuses, l’enduro, la descente et l’all mountain, le freeride,…et maintenant le gravel qui vient brouiller les pistes.
Les cyclos d’antan y perdront leur latin.

Mon audience subit une érosion lente depuis 2014, il faut assumer ce déclin.
Mes contemporains semblent de plus en plus s’éloigner de mes préoccupations initiales. Je ne me sens plus en phase avec le quotidien, cette immédiateté, cette brutalité, cette vulgarité qui s’empare de la sphère internet et des réseaux sociaux.
Si tu n’es pas trash, tu es has-been.
Je ne veux pas combattre tous ces tissus de mensonges, de populisme extrême. Je préfère me retirer sur la pointe des pieds. Laisser le champ à cette vox-populi vociférante qui ne promet rien de bon pour la suite.
L’exemple nous est donné avec cet incroyable fanatisme des antivax et des complotistes de tous poils, cette violence verbale radicale sans nuance.
Les tranches de vie se superposent. Elles diffèrent souvent l’une de l’autre et il faut savoir passer de l’une à l’autre. Sans regrets. J’assume donc cette évolution. Mon investissement vélo a souvent été chronophage surtout si on y ajoute mes récits, mes compilations d’images. J’éprouve le besoin de lever le pied et de passer à autre chose. Il y aura des sensations de vide sans doute, comme une dépression, de devoir s’éloigner de son lectorat. Mais ne vaut-il pas mieux s’arrêter en douceur que d’attendre une chute brutale liée à un évènement imprévu et incontrôlable? Je plains ces grands ultras du vélo et de la toile qui du jour au lendemain sombrent. Se relever doit être difficile.
En matière de pratique du vélo, force est de constater que je suis, naturellement et fatalement, sur le déclin. Je suis obligé comme beaucoup de me rabattre sur des choses moins exceptionnelles, plus modestes et en même temps moins singulières. Il faudrait inventer des maisons de retraite pour cyclistes comme il en existe pour les comédiens. Sur le plan du vélo militant, j’ai donné, même beaucoup donné. Force est de constater que la France politique et associative a zappé sur le vélo. Culturellement, le vélo fait toujours beau dans les revues et instille une touche écolo. Mais en réalité, les infrastructures à l’allemande ou néerlandaise qu’on a pu rêver sont restées un vœu pieu. Au lieu de véloroutes, on a eu droit à des bricolages, des tentatives sans lendemain, des promesses électoralistes …La faute a des politiques tétanisés par la crise automobile qui se dessine à l’horizon et le désespoir des marques dont le marketing tente de prolonger la survie de ses modèles à coup de 4×4 et de SUV gloutons pour la planète pour attendre l’avènement du tout électrique salvateur.
L’heure est donc à présent à la voiture électrique et accessoirement au vélo à assistance. L’un n’allant pas sans l’autre.
Laissons donc les spécialistes de la chose s’exprimer sur la toile. De nouvelles mobilités naissent et les jeunes générations vont se les approprier avec brio.
Il reste ma peinture. Celle sur laquelle je me projette ces prochaines années. Moins énergivore que le vélo.