« Bien sûr, me voyant arriver, que fait le conducteur? il
fonce pour passer avant moi en me regardant lui faire un signe de
dépit de la tête du genre “encore un pressé qui s’en
fout” (Alain-Carfree)
Ces comportements là, on les connait tous: des voitures qui vous
coincent juste avant un feu ou celles qui vous serrent sur le
trottoir en arrivant à un rond-point.
Il existe un racisme anti-vélo de la part des automobilistes. De
même qu’on retrouve ce type de comportement parmi des cyclistes vis
à vis des piétons.
Comme s’il existait une hiérarchie d’usagers. Sur les vélos, les
prolétaires de la route et dans les limousines, les
aristocrates.
Cette xénophobie du moyen de transport n’est pas sans rappeler
un débat récent à propos de la stigmatisation du cycliste qu’on
enferme sur une portion étroite de la chaussée.
Cette parcellisation des espaces publics revient, in
fine, à la ségrégation des modes de transport et
d’usagers.
Disons le tout net: notre individualisme forcené nous conduit à
ignorer l’autre. Quand ce n’est pas à le percevoir comme un
gèneur!
Nous qui roulons aussi outre-Rhin sommes toujours surpris de
constater que ces comportements ne se retrouvent pas chez nos
voisins.
Trois comportements typiques de l’automobiliste allemand vis à
vis du cycliste:
1/ vous montez une côte sur chaussée étroite: l’automobiliste
attend derrière vous…et prend son mal en patience.
2/ vous arrivez en haut de la côte et vous vous arrêtez parce
que vous êtes fatigué: l’automobiliste s’arrête pour vous demander
si vous avez besoin d’aide!
3/ vous vous apprêtez à couper la route pour emprunter une piste
cyclable: les voitures s’arrêtent devant et derrière vous pour vous
laisser passer.
Je n’invente rien.
Ces conduites sociales différenciées ne manquent pas de susciter
la curiosité.
L’automobiliste français semble conditionné par l’aversion du
cycliste; il cherchera par tous les moyens à se débarrasser d’une
obligation réglementaire qui placerait le cycliste en position
prioritaire. C’est pourquoi, on fera subir au cycliste toutes les
petites crasses capables de le dissuader de faire du
vélo. Même si cela doit occasionner une chute. Pourquoi pas? pourvu
que ça lui serve de leçon!
On ira rechercher les causes de cet ostracisme dans les
comportements élististes et machistes d’une société qui a voué
depuis 50 ans, soit deux générations, un culte sans partage à
l’automobile.
Mais alors, pourquoi les allemands, avec leurs grosses
limousines, seraient-ils différents?
C’est un paradoxe historique.
Les allemands aiment la bagnole, mais ils ont tous des vélos au
fond de leurs garages.
Dès le plus jeune âge, on vous apprend le vélo.
Dans le Bade-Wurtemberg, les enfants vont en classe à vélo. Pas
avec des autobus.
Le transport inter-modal « train+vélo » est une réussite.
Sans parler des infrastructures cyclables!…
Il est vraisemblable que ces apprentissages du vélo comptent
pour beaucoup dans les comportements observés chez l’automobiliste
allemand.

