11h50.
Je pianote sur Basecamp à toute vitesse.
Le post-it est là, planté en dessous de l’écran depuis des semaines.
Niedereck, Obere Sattel, Holzwasen. Pour ne pas oublier de les faire.
Faire la peau aux cols, quel pied!
J’en connais qui ne vivent que pour ça.
Mais la plus grande méchanceté, c’est de s’attaquer à ceux qui ont sombré dans l’oubli de l’histoire. Perdus au milieu des fougères où subsistent encore les stigmates d’un affouage antique, des billes abandonnées et des ornières de tracteur. La solitude du col qu’on dérange.
Je transfère au GPS et je renomme…Ce sera « Altenbach » pour tomber sur le circuit sans chercher dans la jungle du menu GPS…
Trois cols à faire entre deux.
Entre deux quoi?
Entre deux grains de l’univers dépressionnaire qui s’empare du pays.
Vite!
Je trace le parcours; je longe le GR5…chouette! je reste à la cote 1000 en contournant le Grand Ballon…
Vite, à table!
Je révise mentalement le parcours…
D’abord, Altenbach!…puis, je me faufile vers Geishouse…puis je rejoins la cote 1000 et j’avale les deux derniers cols … demi-tour!
Le tour est joué.
Avant le fromage, je mime mentalement mon parcours. Comme ces pilotes de la patrouille, je révise en 3G en fermant les yeux…
– « Tu vois, je sais où je vais! » dis-je à ma femme…
Top! à droite dans le sentier….
Top! élan…
…avec de grands gestes qui manquent de renverser la cruche…
Top! je freine…
Top! je relance…
La tension est à son comble.
Ma femme s’inquiète…
Trop tard!
Dehors, il tombe des cordes.
On prendra le thé.
Paisiblement.
Le temps de laisser la tension retomber.

