
Je ne sais pas vous, mais moi j’ai l’impression que le cycliste devient un client intéressant pour les finances publiques.
Depuis que l’automobile enregistre des contre-performances avec la marque Peugeot, avec les assauts de la répression tous azimuts qui découragent les postulants à l’auto -il semble que les jeunes sont de moins en moins intéressés par le passage du permis de conduire-, avec la hausse des coûts d’entretien et des carburants, notre État tourne à présent, imperceptiblement, le curseur répressif vers les cyclistes, cet autre usager des bas-cotés impécunieux.
Un frémissement de répression
Ce n’est qu’un frémissement.
Déjà se dessinent ça et là des signaux de la part d’élus de terrain.
Des signaux pour tenter la coercition à l’égard d’un mode de transport et de loisir qui se veut doux comme l’est, en principe, le vélo.
Si je dis en principe, c’est que parmi nous, l’image du vélo de compétition continue de faire des ravages dans l’opinion.
Vouloir jouer les rambos avec son vélo dans les rues piétonnes produit un effet négatif ravageur dans les esprits, loin en tous cas de l’image apaisée que veulent en donner les promoteurs du vélo en ville.
Frapper aux porte-monnaies
Souvenons-nous que les vélos étaient taxés dans le passé.
On entend parler de temps à autre de plaques minéralogiques…
Alors même que nos mouvements de « masse critique » ne sont encore que d’aimables parties festives en France, la loi s’empare de nous pour mettre en question nos comportements qui s’apparentent dans bien des cas à ceux des automobilistes.
En cause nos vitesses inadaptées dans les zones urbaines et péri-urbaines, en cause aussi notre sans-gène délibéré vis à vis des réglementations.
Haro sur le cycliste lambda
Hors Armstrong, point de salut!
C’est le maire de l’Alpe d’Huez qui ouvre le feu en débaptisant deux virages consacrés au champion déchu.
Deux virages pour louer la survitesse de l’homme fusée!
Mais pour le cycliste lambda, pas question de laisser le vélo rivaliser avec la voiture en ville.
Des vélos oui! mais seulement ceux qui se trainent à un train de sénateurs.
Une image caricaturale qu’on aurait tort d’ignorer.
C’est ainsi que le maire de Cagnes sur Mer s’est taillé une belle renommée avec son radar sur les bords de mer et la contravention des excès de vitesse des vélos roulant à plus de… 10km/h.
Ou ces autres élus qui en Ariège réglementent une voie verte à …5km/h!
C’est aussi sans compter avec le maire de Strasbourg qui, bon prince, a conçu des amendes à prix étudiés pour le cycliste; walkman sur les oreilles, piste à contresens, feu rouge, stop, ce sera 45 euros.
C’est toujours ça de gagné.
A pied ou en voiture
Ne pas se tromper: ces quelques exemples suffisent à montrer que les pouvoirs publics nous ont dans le collimateur. Le statut de cycliste n’a pas encore conquis ses lettres de noblesse.
Un piéton? oui, on connait, c’est quelqu’un qui marche!
Un automobiliste? oui, on connait aussi.
Mais un cycliste?…
Les infrastructures en témoignent, dès qu’il s’agit d’intercaler un espace pour les vélos, c’est la galère qui commence. Personne ne veut lâcher une part de son territoire…Jusqu’à ces piétons à Strasbourg qui s’offusquent dans Rue de l’Avenir d’avril 2012: « rendez-nous les trottoirs, pour que les boiteux, les tremblants, les malvoyants, les fauteuils roulants, les mamans avec enfants et même les rêveurs et même les distraits et tous les autres puissent marcher, cheminer, flâner à leur guise le long des trottoirs dans les jardins, sur les places et même dans les zones dites de rencontre » .
Un code de la rue fragile
Ainsi avant même que le mouvement cycliste n’ait atteint sa maturité, on commence à lui disputer sa légitimité.
Il est vrai qu’à y regarder de près, tout n’est pas rose dans le comportement de la gent à deux roues. Qu’avons-nous de commun, nous les cyclistes, entre un compétiteur du dimanche qui fuit la ville au galop et cette dame âgée qui chemine sur le trottoir sur sa bécane de crainte d’être renversée sur la route?
Un ami me rapportait qu’autour du lac d’Annecy des olibrius en combinaison d’Ironman s’entraînaient cet été sur la piste au bord du lac parmi les promeneurs sans y prendre aucunement garde.
On comprend mieux la tentation du maire de Cagnes sur Mer dès lors que parmi les cyclistes, beaucoup ne savent toujours pas adapter leur vitesse à leur environnement. Ainsi frôler des piétons, adultes ou enfants, à 20km/h en zone mixte est d’une dangerosité extrême.
Tous ceux qui parmi nous refusent d’en tenir compte prennent le risque que les réglementations se durcissent et que des maires s’enflamment avec des coups d’éclat disproportionnés à notre détriment.
Vouloir porter sur les fonts baptismaux un code de la rue qui s’exonère du code routier, pourquoi pas?
Mais le chemin sera encore long.
