
Mon titre affiche la modestie du voyage. Tout ça pour ça! diront les professionnels habitués aux longs raids.
Mon itinéraire totalement improvisé, mon but indéfini, je ne pouvais donc au moment de partir que me réfugier vers des choses simples, pas des buts de voyages construits patiemment tout au long des soirées d’hiver. Mais les voyages spontanés ont aussi leur charme. Ne rien prévoir et justement tout prévoir.
A partir de chez moi, trois possibilités avec mon vélo: le nord mais j’chuis pas cht’i, le sud oukifécho vendiou et l’ouest où le Paul a dit mais c’est ma relavatte dans la lessiveuse.
J’ai pris l’ouest vers mes origines et je vous conte mon rapport d’étonnement.
Vagabonde
Vagabonde, c’est le nom d’un constructeur de cycles réputé dans le fait main. voir le site
Le couple arrive au camping. Il cherche à s’installer. Les deux Vagabonde rutilantes. Je reconnais tout de suite les pros du camping à vélo. Des vélos costauds mais beaux avec des guidons » à deux étages », des boites Rohloff (voir ici) et des alternateurs au moyeu.
Matos de camping au top. Des pros quoi!
On dinera ensemble en réunissant sa becquetaille et en squattant le auvent et la table du caravanier absent.
Prends le train!
Mon expert cyclo-campeur prend le train avec son épouse et leurs vélos. Ils se projettent sur le théâtre d’opération comme le font les combattants. Choisis les TER, dit-il, ils sont faciles d’accès et les contrôleurs plus tolérants…
Je ne me suis pas encore résolu à prendre le train, je reste un exclusif de la bécane. Mettre mon vélo dans un train, je trouve ça gênant sur le plan de mes principes.
Il est vrai que certains cyclo-campeurs rechignent à prendre les grands itinéraires routiers, ils cherchent de l’authentique, du fait pour le vélo et des trucs plutôt plats. Par exemple des voies ferroviaires réformées où la pente des locos ne dépassaient pas trois pour cent.
Tu fais trop à la journée!

En finissant notre bière, mon voisin campeur me dit « tu fais trop à la journée ». J’ai compris que le cyclo-campeur est habitué aux sauts de puces. Des bonds de 50 km.
Et qu’est ce que tu fais le reste du temps? je le tue!
C’est vrai que le lavage du linge, le séchage de celui de la veille, les courses à l’Aldi mobilisent du temps.

Je n’ai pas encore atteint cette philosophie de la lenteur. Mon principe consiste à avaler des kilomètres estimant qu’à 15 km/h j’ai le temps d’admirer le paysage qui défile.
Je le confesse, chargée ma rossinante pèse 30kg, et au-delà de 100 kilomètres par jour je sature dès lors que s’y ajoute 7 à 800 mètres de dénivelé.
De l’ordre dans les sacoches
Au bout de deux jours je peine à me souvenir où se trouvent la trousse de toilette, les victuailles, les cordons de merdouilles électroniques. Il faut de l’ordre. D’année en année je m’améliore. J’imagine un jour dédier chacune des quatre sacoches à un contenu immuable. 1 Bouffe/2 fringues/3 linge sale et poubelle/ 4 couchage. Et tente sur le porte-bagage.

Le gestion du linge sale pour moi est un casse-tête. Parfois je pique un fond de lave-vaisselle abandonné aux sanitaires et je frotte. Puis je m’invente une corde à linge avec mes tendeurs et je pris qu’il ne pleuve pas. Sinon je traine mon linge à sécher jusqu’à l’étape suivante. Le linge de vélo est fondamental, il est technique. J’ai fait une journée en slip et short pour faire people: catastrophe! les coutures du slip ont fini par attaquer « mes jointures cuissières » et j’ai terminé debout sur le vélo.
En revanche avec les chaussettes, même mouillées et sales, ça marche. En pédalant on ne sent rien.
Camper et décamper

L’arrivée au camping est toujours angoissante. Je me souviens qu’arrivant au bord de la Moselle après une journée exténuante dont un passage aux urgences touloises (Toul), la gardienne voyant mon attelle s’était écriée « encore un blessé, on a déjà eu deux infarctus ce matin! »
Cette fois, j’ai choisi un camping au bord du plan d’eau de Bouzey à Chaumousey 1007 chemin d’Ambafosse (88390). Il est en pleine forêt. Il fait partie de la Fédération les Amis de la Nature France (ANF) animé par des bénévoles avec des prix très compétitifs. 6.72 euros la nuitée avec douche, prise électrique,

bouilloire électrique, frigo et abri vélo.
Mais les évènements météo font que parfois la nuit idyllique attendue tourne au cauchemar. On aime s’installer sous de grands arbres protecteurs du soleil mais si l’orage intervient, c’est possiblement la cata. Une grosse branche s’est détachée et a explosé en miettes à ma tête de lit. Je me suis réfugié sous l’abri vélo mais l’eau montait si vite qu’une mare s’est formée m’obligeant à grimper sur une palette de bois.

Ne pas se tromper de camping. Autour de ce plan d’eau il en existe quatre. Regarder ce qui est dit sur le net. J’utilise le site « park4night » collaboratif et gratuit prévu à l’origine pour les camping-caristes mais qui dispose de filtres pour rechercher uniquement les campings, leurs prix et les avis récents. De plus vous pouvez obtenir votre itinéraire vélo « avec approche sonore » (Waze en cochant vélo) pour ne pas vous tromper.
L’autre déconvenue en camping, c’est la java. Il faut bien se souvenir que tous les campeurs ne rêvent pas la nuit. Beaucoup sont là pour faire la fête avec les voisins jusqu’à tard dans la nuit. Mon camping était plutôt calme loin de la route, mais de l’autre coté du plan d’eau le camping « 4 étoiles ». Avec son lot de touristes venus d’Europe du Nord logés dans des bungalows et qui chaque soir veulent en découdre avec la Chouffe de la Brasserie d’Achouffe. Le Karaoké jusqu’à 2 heures du matin achève de me faire douter de la pertinence de mon plan vélo-camping.
Linge pas sec, nuit d’enfer, tente mouillée, nourriture attaquée par les souris, faut gérer!
Epilogue

Je quitte le réservoir de Bouzey de bon matin. Les tentes modernes se plient facilement.
J’avais prévu de prolonger mon voyage vers mes terres natales. Mais comme rien ne m’était imposé, j’ai choisi de faire demi-tour en agrémentant mon voyage par un détour non encore exploré, la Voie Verte des Hauts-Vosges en direction de Cornimont.

La Voie Verte des Hautes-Vosges est très prisée parmi les amateurs de vélos randonneurs, les cyclo-sportifs la délaissant du fait des chicanes nombreuses qui la ponctuent à chaque intersection. Le train était prioritaire au siècle passé, les cyclistes non.
Mais son revêtement est parfait, le tourisme y bat son plein surtout depuis que des septuagénaires bien enrobés se sont mis au vélo électrique.
Je vous recommande un arrêt aux gorges de Crosery, un site remarquable où la Moselotte, affluent de la Moselle, a percé le granite des crêtes puis celui de la Thiéfosse.
Arrivé au terme de la Voie Verte à Cornimont, une grande place aménagée. Les rayons du soleil dardent déjà les bras et les mollets. Je me réfugie sous une ombre. Mon sandwich au jambon cru acheté à prix d’or chez Hocquaux à Remiremont ne passe pas. Alors je gonfle mon oreiller et je fais une sieste.
Où sont les poubelles?
Les familles arrivent, garent leur voiture et sortent les vélos. Elles vont partir en balade. Le monsieur venu de Belgique m’aborde « où sont les poubelles? ».
Des poubelles? il n’y en plus, lui dis-je…
Chez nous il y en a partout, me répond-il
Le phénomène de la disparition des poubelles commence à faire des mécontents. Surtout chez les cyclistes obligés de trainer leurs ordures dans les sacoches. Rien qu’à mon camping de Chaumousey, l’association n’a que des composteurs. Pour les emballages, il faut sortir…et pour les verres, c’est à un kilomètre. J’ai donc quitté mon camping avec les bouteilles tintantes dans les sacoches.
Toutes les haltes de la Voie Verte sont aussi dépourvues de poubelles.
Je m’étonne de cette initiative environnementale qui vise à supprimer toutes les poubelles sur la voie publique. in fine n’encourage t-on pas les dépôts sauvages?
Finalement il me reste le plus difficile après Cornimont. Le soleil est brulant. Je dois monter à Ventron et au col d’Oderen.

Enfin le col est atteint. Je puise dans mes maigres réserves pour y parvenir. Les motos, les voitures sont pénibles sur cette route habituellement peu empruntée.

Au total environ 200 km dans un terroir connu. En bref un aller et un retour. Hier j’ai parcouru 109 km en 7h30 de vélo. A moins de 40 km de chez moi j’aurais mauvaise grâce à loger à nouveau au camping, alors je pousse les feux et je rentre at home. J’ai pris soin de peser mon vélo à l’arrivée comme si j’avais eu des doutes sur le poids transporté. 30kg 400. Je suis dans la norme.






















