Le débat fait rage ici en Alsace depuis que Madame le recteur Armande Le Pellec-Muller a décidé de sabrer dans les heures d’enseignement d’allemand qui permettait aux élèves de suivre un cursus bilingue de 12 heures en français et 12 heures en langue allemande.
La crise est passée par là.
Il faudra se contenter de 8 heures en allemand, seulement.
Dans sa course frénétique pour supprimer un fonctionnaire sur deux, le Gouvernement fait des ravages. Y compris parmi ses supporters.
Ce qui ne fait pas le compte des parents d’élèves qui lorgnent vers le voisin d’outre-Rhin.
Si l’Allemagne est tellement montrée du doigt pas seulement par le gouvernement actuel pour sa supposée réussite économique, c’est aussi du coté des emplois que se tournent les Alsaciens.
Pas d’allemand, pas de boulot!
C’est un peu le slogan de ceux qui constatent chaque jour combien la possession de la langue de Goethe est nécessaire pour commercer, pour travailler…et pour les loisirs.
Avec son taux de chômage qui rejoint dangereusement celui de la métropole, l’Alsace a tout intérêt à maintenir la connaissance de la langue allemande parmi ses jeunes générations.
Les arguments ne manquent donc pas.
Il est vrai que l’Alsacien se tourne plutôt naturellement vers son voisin immédiat que vers Paris, toujours suspecté de préparer des mauvais coups dans son dos.
C’est en partie pourquoi la décision rectorale est ici très mal prise.
Le modèle trinational Suisse-Allemagne-France
La zone économique trinationale proche de l’Euroairport de Bâle-Mulhouse est encore une raison de militer pour la langue allemande et le Conseil Général du Haut-Rhin ne se prive pas de le rappeler, lui qui est si soupçonneux dès lors que le Conseil d’Alsace en gestation envisage de renforcer encore la suprématie strasbourgeoise.
Des ponts franco-allemands
On comprend donc vite pourquoi les Alsaciens sont pressés de jeter de nouveaux ponts en les deux rives du Rhin.
Une façon de retisser des liens naturels vers l’Est.

La ligne du tortillard qui relie Mulhouse à Müllheim est en cours de modernisation en vue d’une réhabilitation de son trafic passagers et dans la presse de ce matin (DNA 29 janvier), on apprend que des militants demandent un nouveau pont sur le Rhin pour relier Colmar à Fribourg; « un mode de transport alternatif nécessaire dans les échanges transfrontaliers économiques et touristiques » disent-ils.
Pour les cyclistes, la portion congrue
Du coté des cyclistes, on en est toujours réduits à la portion congrue.

Sans représentation suffisante, sans leader identifié dans la diaspora cycliste, on se contente donc de passages étroits et bricolés pour rejoindre les pistes cyclables allemandes qui, il faut bien le dire, sont elles aussi un modèle du genre.

Tout n’est pas rose pour autant de l’autre coté du Rhin.
Par exemple au niveau des salaires.
« Pour faire baisser les chiffres du chômage, on pousse les gens à accepter des petits jobs payés 1 € de l’heure pour des travaux d’intérêt général. » déclare Hermann Spiess, secrétaire général du syndicat IG Metall à Fribourg (journal L’Alsace du 18 janvier)
On comprend donc mieux pourquoi les chiffres du chômage ne sont que de 3.9% à Fribourg; ils masquent en fait une paupérisation du prolétariat qui ne dit pas son nom grâce à un multitude de petits-boulots mal payés.

En Allemagne les association religieuses ou laïques sont très actives et malheureusement utiles pour assister, combler les familles de travailleurs sous-payés en limite de rupture sociale. La chute du mur que presque tous a soulagé, est prétexte à beaucoup de décisions injustes de rigueur que le peuple a beaucoup de mal à supporter malgré leur côté solidaire et d’union familiale.
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Un lecteur écrit à vélomaxou:
Réflexions sur l’enseignement du bilinguisme.
Je suis un professeur d’Allemand retraité qui voit avec regret que l’enseignement de l’Allemand est en régression au collège et au lycée. Une des raisons en est la progression de l’Anglais et une autre est, paradoxalement, l’enseignement du bilinguisme paritaire lui-même. La preuve : la déperdition importante des effectifs entre la maternelle et le lycée.
Quelles sont les raisons de cet échec?
1) Apprendre une langue consiste avant tout à faire un effort important et suivi. Aujourd’hui peu d’élèves ont envie, ou sont capables de faire ce travail supplémentaire qu’implique le bilinguisme. Seuls persévèrent les enfants très motivés, doués ou fortement poussés et aidés par les parents.
2) On ne peut pas enseigner une langue sans une formation linguistique suffisante, même et surtout à des débutants, sinon on fait plus de dégâts que de bien. Or, c’est loin d’être toujours le cas. Et c’est d’autant plus grave qu’on demande à ces professeurs d’enseigner des disciplines non linguistiques telles les maths, les sciences, l’histoire et la géographie.
3) Ce qui, en général, handicape le plus les élèves dans leurs études (en français, en math, en histoire géographie) c’est le manque de vocabulaire, la pauvreté de l’expression orale et écrite. Par exemple, un élève ne sait pas résoudre un problème tout simplement parce qu’il ne comprend pas l’énoncé. Or le bilinguisme, à raison de 12 h de Français par semaine seulement, accroît encore ce déficit de vocabulaire et compromet souvent les études, déjà à partir de la 6ème.
En résumé : l’enseignement du bilinguisme paritaire tel qu’il est pratiqué en Alsace est contre- productif. Au lieu de faire progresser l’enseignement de l’Allemand, il le freine et souvent handicape les élèves dans les autres matières.
En plus il désorganise souvent les écoles. Et n’oublions pas les dépenses des deniers publiques en pure perte.
Pourtant il faut tout faire pour promouvoir l’enseignement de l’Allemand dans notre région Comment ?
Tout simplement en dispensant un enseignement de qualité de cette langue par un personnel formé, à raison de 4 à 5 heures par semaine, mais enseigner les autres matières en Français qui doit rester la langue dominante pour ne pas compromettre les études futures. La récente prise de position pertinente et courageuse de Madame le Recteur d’Académie va d’ailleurs dans ce sens, sauf que sa proposition de faire enseigner le Français et l’Allemand par le même maître me semble difficile à réaliser.
Ajoutons encore ceci : les parents qui choisissent une classe bilingue pour leur enfant sont de bonne foi puisqu’on leur a assuré que ce sera un plus pour leur avenir. Mais on leur a caché les manques et les échecs que cet enseignement peut générer.
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