La fracture du monde cycliste


Le vélo aux Pays-Bas, une pratique homogène qui fait défaut en France

Faire du vélo n’a pas la même signification pour tout le monde. En effet le monde cycliste est très fragmenté en France et les pratiques parfois opposées. Contrairement aux Pays-Bas où le vélo dit utilitaire est prépondérant.

Un VTC aux Pays-Bas déconcertant par son anachronisme

C’est donc dans ce contexte que les militants de la cause du vélo doivent se frayer un chemin parfois étroit pour être entendus par ceux qu’ils rencontrent. Des décideurs locaux, d’autres usagers d’itinéraires communs (piétons et automobilistes) et des fédérations qui n’ont pas toutes vocation à défendre les mêmes thèmes.

A la ville

Le vélo en ville comme on l’appelle communément s’adresse d’abord à ceux qui font du vélo un usage utilitaire, soit pour les courses de la journée, les rendez-vous, la promenade au bord de l’eau et aussi pour se rendre au travail ou en revenir. Parmi ces derniers il existe aussi ceux qui font du vélo un moyen combiné avec d’autres transports comme le train pour aller et venir.

Voitures interdites, mais vélo encouragé en libre-service au parc national Otterlo (Pays-Bas)

Ces « utilitaires » là ont des exigences de sécurité et de commodité pour se déplacer vis à vis des autres usagers. On sait qu’ils revendiquent toutes sortes d’aménagements parfois en contradiction avec le monde automobile fort gourmand en espace, en signaux divers et en rocades rapides.

La France innove parfois avec le giratoire pour vélo (Remiremont). Pourquoi pas un point piquenique au centre?

Les giratoires font beaucoup parler le vélo en ville car ces aménagements ont d’abord été pensés pour la voiture…et les camions, la bête noire du cycliste.

Le grand giratoire du Burnhaupt-le-Haut en Alsace, terreur du cycliste peu aventureux. Et pourtant point de passage obligé pour rejoindre la Voie Verte de la Doller

Isabelle et le vélo y consacre un long article sous la plus de Hans Kremer que vous pourrez lire ici.

le concept de giratoire chez nos voisins avec double-anneau où le cycliste garde sa priorité

Pourtant, bien conçu le giratoire peut s’avérer bénéfique au vélo. Mais il faut une certaine motricité pour pouvoir franchir ce lot d’intersections de concert avec les voitures et en affirmant clairement ses intentions, bras tendu à droit puis à gauche, occupation large de l’espace, gilet de signalisation. Bref autant de préconisations que beaucoup ne respectent pas.

En balade

Les cyclo-randonneurs sont plus intéressés par la route dans le cadre d’une tradition à la fois sportive et touristique qui devient avec la hausse du trafic routier de plus en plus contrainte à la périphérie des grandes agglomérations.

En matière ce cyclo-camping, je ne veux pas être astreint aux itinéraires cyclables. Je prends la route lorsque je n’ai pas d’autre choix ou lorsque l’ouvrage cyclable est pourri.

Parmi eux, les cyclos-campeurs disputés aujourd’hui sous le vocable de bike-packing, une forme de cyclo-camping minimal et autarcique pourrait-on dire.

Voici mon confrère Thierry Crouzet qui part en guerre contre les réaménageurs du Canal du Midi. Après l’élimination de tous les peupliers malades, selon lui la destruction en règle du canal (lire ici) a commencé. Ce qui l’interpelle c’est la normalisation du chemin de halage: Il était merveilleux. Une ligne de terre battue entre les herbes sauvages, les joncs, les roseaux, à l’ombre des platanes centenaires. Parfois il y avait des ornières, des racines, mais rien de bien méchant.

Puis Thierry Crouzet poursuit :En voulant faire des berges du canal du Midi un itinéraire familial, on les a transformées en un Disneyland abominable, dans un esprit de vacances de carton-pâte. 

Une façon de voir les choses qui contrevient à tous ceux qui veulent parcourir les berges familialement avec des vélos de route ordinaires. Mais Thierry Crouzet est adepte du gravel , un vélo qui émane du cyclo-cross d’antan, alors il veut garder les creux et les bosses.

Vaste dilemme! Va t-on devoir concevoir des pistes parallèles, les goudronnées et les caillouteuses accidentées?

Le tout-terrain

Le vélo tout terrain (VTT) plus récent comporte lui aussi ses spécificités dès lors qu’il emprunte souvent des chemins jusqu’alors dédiés au monde agricole, forestier ou aux marcheurs. Il s’étend aussi de plus en plus à la montagne qui du fait du manque de neige endémique trouve dans le VTT un nouveau relais pour suppléer aux skieurs en moyenne altitude.

La compétition

Et n’oublions pas le BMX et le pignon fixe qui évoluent en circuit fermé et la course cycliste sur route avec ses organisations phare que sont le Tour de France, Paris-Nice, Paris-Roubaix, Paris-Bordeaux, et j’en passe.

Accident atypique aux Pays-Bas, un coureur cycliste renversé sur la piste cyclable par l’automobiliste qui rentre chez lui. Le vélo de course est rare dans ce pays (Waldhoorn)

Le nouveau venu dans le monde cycliste, c’est le vélo à assistance électrique (VAE).

Ce vélo se décline dans toutes le catégories et il est phénomène presque civilisationnel dans la mesure où il redistribue les cartes du monde cycliste et de la mobilité douce. Il n’y a pas que les vélos qui changent, il y a aussi les cyclistes. Ce ne sont plus les mêmes, ils n’ont plus la même approche du vélo. Celle de l’outil autonome mu uniquement par sa propre force. De sorte que les anciens venus du vélo traditionnel se sentent rajeunir grâce à l’assistance et les nouveaux venus sont parfois loin d’appréhender tous les préceptes du deux -roues, l’équilibre, la gestion de la vitesse, les pièges de la route.

légère, discrète, facile à utiliser la trottinette électrique va t-elle détrôner le vélo en ville?

C’est donc avec cette vaste hétérogénéité du monde du vélo qu’il va falloir compter tout en s’adaptant à de nouvelles règles environnementales et aux nouveaux venus que sont les EDPM, engins de déplacement personnel motorisés.

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Une réflexion sur « La fracture du monde cycliste »

  1. Bonjour
    Si on veut faire avancer la cause des vélos il faut que les personnes politiques aient le courage de réduire les facilités des voitures au profit des vélos.
    Pour le VAE , certes il y a une assistance mais si on ne pédale pas, le vélo n’avance pas… contrairement à une mobylette ou une trottinette électrique.Et en général il pèse le double d’un bon vélo de route , sauf ceux qui ont un beau vélo de route électrique léger à 5 000 euros ou plus. En mode Eco on appuie bien sur les pédales pour avancer 😉 et en montagne aussi, même en mode turbo… Il faut bien expliquer ça aux personnes qui n’ont jamais pédalé sur un VAE.
    De même la maniabilité d’un VAE est moins bonne. L’arrêt et le redémarrage sont techniques car je le répète il faut pédaler pour redémarrer…et retrouver rapidement son équilibre avec un vélo de 24 kg. Comme, en général, si on a un VAE , c’est qu’on n’a plus les muscles jambes et bras de ses vingts ans, c’est délicat à gérer.
    Bien cordialement
    Pascale

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