la rentrée au collège dans un canton rural vosgien
Il manque 8000 chauffeurs de bus pour assurer la rentrée scolaire. On ne dispose pas comme dans le passé d’une réserve de trouffions capables de suppléer au manque de conducteurs. Alors l’idée fait son chemin qu’en dessous de cinq kilomètres, chaque élève viendra à vélo. Rien d’extraordinaire à cela, nos petits voisins allemands de l’autre coté du Rhin vont déjà en classe à vélo depuis longtemps.
Quel vélo?
Voila le vélo qui convient pour aller au collège. un dérailleur est un plus s’il y a des côtes à franchir
Le vélo à ne pas acheter
Le VTT est justement le vélo qu’il ne faut pas pour aller à l’école. Pourquoi? tout simplement parce qu’il n’est pas conçu dans ce but. Pour aller au collège, il faut un vélo doté de garde-boue, d’un éclairage fixe et d’un porte-bagage.
Un petit chemin qui évite la route du collège. Au collège de Masevaux, rien n’a été pensé pour accéder à vélo. On a surtout pensé autobus. J’ai signé un clause de confidentialité: on ne doit pas reconnaître les enfants
L’école mène une offensive pro-vélo dans le Haut-Rhin.
Les élèves doivent savoir faire du vélo avant d’entrer au collège. Tant mieux.
Aujourd’hui j’accompagne une classe à Dolleren au pied du Ballon d’Alsace. La nuit dernière des grêlons ont saccagé les plantations du village et les décorations florales sont anéanties.
Nous sommes quatre à accompagner la classe CM1/CM2 avec la maîtresse. Je choisi de fermer la marche en étant en queue de peloton. Le moniteur est aussi bénévole, il connait les lieux. Il nous mène avec la classe dans de petits chemins à l’écart de la grand route. Parfois il faut contourner d’immenses flaques mais les petits cyclistes préfèrent passer au milieu.
C’est l’enfance.
Apprendre le vélo à la campagne
Lorsque nous devons emprunter la route, je deviens « chef de section » avec cinq ou six élèves. Je suis amené à conduire mon groupe, et donc à ne pas voir ce qui se passe à l’arrière. J’entends quelques ricanements, quelques gloussements, mais je n’y prête pas attention.
Au stop, on s’arrête.
M’sieur, Mickaël (prénom imaginaire)a dit que ma cervelle était pleine de conneries…
J’avoue être désappointé par cette gestion des ressources humaines à laquelle on ne m’a pas préparé. Les enfants expérimentent en même temps que le vélo l’exercice du conflit et des gros mots avec une sincérité déconcertante.
On monte la fameuse côte du collège de Masevaux avant le pique-nique. C’est périlleux car nous sommes le long d’une rue passagère et la fatigue, le manque d’expérience dans le choix des développements font que plusieurs doivent mettre pied à terre.
24km pour les petites jambes
A midi on en profite pour réviser les vélos et parler « émissions de CO2 ».
C’est quoi l’émission de CO2?
par exemple manger moins de viandes , dit le moniteur…
une main se lève…
oui, mais mon papa il est boucher…
Les fameux dérailleurs à poignée tournante sont souvent défaillants, voire inopérants.
A Masevaux, nous n’avons qu’un giratoire où éprouver notre savoir-faire et où nous allons faire un demi-tour. La classe entière suffit à remplir le rond-point sous l’œil étonné des automobilistes qui redoublent de prudence.
Au retour le groupe s’égaye. Et la maîtresse intervient pour rappeler à l’ordre les bavardages intempestifs. Certains peinent, j’en pousse un ou deux, sans le montrer, pour revenir au niveau du groupe. Arrête de pédaler comme un dératé, on va tomber. Je préfère pousser intégralement pour gagner du temps.
Chacun reçoit à l’arrivée, non sans satisfaction, son petit brevet de compétence à vélo. Dans trois jours, ce sera les vacances. Lundi la maîtresse fera compléter le diplôme sans fautes avec les pleins et les déliés, je présume.
La scolarité dans les villages implique des classes mutualisées. Tel village conserve une classe de CM1/CM2 et tel autre les CE/CE2 et le CP.
Les enseignants sont admirables de savoir-faire et de savoir-être. Qu’ils soient remerciés de leurs efforts!
L’exercice qui consiste à potiner est parfois tout aussi difficile que celui de pédaler.
Alors je réfléchis. Puis j’écris en m’appliquant, en veillant à mon vocabulaire, à la construction de mes phrases, à mon style.
Respecter son lecteur me guide.
Je tente de résister à cet avilissement de la langue dont on voudrait faire un passe-partout en abolissant par exemple le participe passé. Je suis chaque jour comme cet élève qui tente les pleins et les déliés avec sa plume Sergent Major qui gratte le papier, l’écorche et projette des micro-bulles d’encre là où on ne veut pas.
Maintenant que la pluie est revenue en Alsace, après une absence de quatre mois, nous allons pouvoir bichonner nos vélos dans le garage.
Le Molkenrain dimanche 28 octobre, la neige a fait son apparition et l’aubergiste a eu fort à faire pour acheminer sa clientèle avec son 4×4 depuis le col du Herrenfluh. L’auberge fermera en principe le 11 novembre
Un grand rouleur s’honorait cette semaine d’avoir bouclé ses 20.000 kilomètres à vélo.
Au cours des 10 premiers mois de cette année seulement!
Il a donc encore des chances d’en engranger 2 à 3000 de plus d’ici le 31 décembre.
Son truc à lui, c’est de bouffer des kilomètres et d’en tirer des moyennes.
Pourquoi pas!
Un jour, le poids des ans va l’atteindre comme tout le monde et il devra battre en retraite, aborder une relative décroissance.
Sauf Robert Marchand!
A 106 ans, Robert Marchand fait le show en salle sur un vélo grâce à l’insistance de ses fans.
Il est devenu une bête de foire. Malgré lui? je ne sais pas…
Souhaitons-lui qu’un drame ne vienne pas clore le spectacle prématurément.
Tous mes autres confrères, l’âge venant, se retirent un à un sur la pointe des pieds lorsqu’ils sentent ne plus être « dans le coup ».
Car le sport ne fait pas que du bien, il use aussi prématurément les articulations et irrite le système respiratoire gorgé de nombreux polluants.
Il est vrai que pour affronter la route aujourd’hui, il faut être rompu à tous les incivismes, comprendre que le danger est partout et que le plus sournois peut survenir par l’arrière sans qu’on s’y attende.
On a cru pendant un temps que le VTT allait nous mettre à l’abri de la route mais voici que les chasseurs se mettent à leur tour à nous flinguer!
En otages, les profs!
Comment braquer son prof (image Facebook)
En parlant de flingue, quelle n’est pas notre surprise de voir cet élève qui braque sa prof en direct sur Facebook.
On a longtemps laissé croire que l’école était un sanctuaire, un monde à part à l’abri des violences urbaines, garant de l’apprentissage des savoirs, du respect de l’autre.
Que nenni!
C’est devenu le champ clos de petites frappes et de trafics en tous genres et le défouloir d’une jeunesse en déshérence.
En otages, les profs!
Désacralisée, déqualifiée, déconsidérée, vilipendée, la profession ne recrute plus.
Aller faire l’école la peur au ventre, c’est devenu le lot de nombreux enseignantEs.
Les yaka-faukon ont tous leurs solutions, jusqu’au ministre Castaner qui y verrait bien des policiers.
Nos petites têtes blondes sont nulles en maths, parait-il. Pour le Français, on le savait déjà!
Ce matin dans la Presse, question du test de CM1:
Marie roule depuis 2 heures à vélo depuis Paris. Elle arrive devant un panneau qui, dans le sens d’où elle vient, affiche : Paris, 30 km et dans l’autre, indique Évreux, 45 km. Marie continue de rouler à la même vitesse en direction d’Évreux. Combien de temps mettra-t-elle pour rouler du panneau jusqu’à Évreux ? 1 h 30, 2 h, 3 h ou 3 h 30 ?Continuer à lire … « Le vélo au secours des maths… »
Quarante ans, c’est un bel âge, la force de l’âge diraient certains.
L’âge où l’on est capable de faire jouer l’ensemble de ses savoirs, d’argumenter en fonction de ses croyances avec le recul suffisant pour tenir compte de son expérience, de son vécu.
Si la largeur des quais de gare plonge la France dans un abime de perplexité ces jours derniers, c’est aussi parce qu’elle se sent attaquée sur son terrain de prédilection, celui de sa suprématie scientifique et technologique.
L’affaire fait grand bruit dans le Haut-Rhin depuis que l’Agence Régionale de Santé (ARS) préconise de ne plus donner le goûter de milieu de matinée aux enfants des écoles.