C’est dans le Figaro qu’on trouve l’info: à Paris le vélo mange plus de place que le bus à voyageurs constants! Une affirmation qui vient contredire des idées reçues.
Je ne suis pas spécialiste, j’ai donc du mal à me faire une opinion.
Mathieu Flonneau, maître de conférences en histoire contemporaine
Le vélo en ville est-il la petite reine tant attendue ou le méchant dictateur de nos mobilités?
A force de tourner en rond, on commence à se poser la question.
Quand je dis « on », je pense aux élus, aux décideurs et aux militants de la cause du vélo en ville…et aussi bien évidemment aux usagers du vélo eux-mêmes.
Du coté national, la cause semble entendue: on ne peut rien attendre d’un Plan Vélo vide de sens.
Isabelle Lesens dit regretter l’absence de rupture avec le passé tout en constatant des mesures floues d’accompagnement loin de conduire le vélo à une part modale de 15 à 20% en ville.
Il est vrai que la France patine depuis vingt ans au moins avec 3% de part modale dans la plupart de ses grandes villes, à l’exception de Strasbourg.
Du coté de la Fédération des Usagers (FUB) on continue d’espérer…et de vouloir accompagner les Collectivités pour la création de réseaux cohérents de pistes cyclables, en dotant les villes de moyens contre le vol de vélo, et en systématisant l’apprentissage du vélo dans les écoles.
Mais le nerf de la guerre des politiques publiques, c’est l’argent.
Bercy freine des quatre fers pour déverrouiller par exemple l’Indemnité Kilométrique Vélo (IKV) à ceux qui souhaitent aller au boulot à vélo plutôt qu’en voiture.
Pour Mathieu Flonneau, Maître de conférences en histoire contemporaine à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne, si le vélo joue un rôle dans le bouquet des mobilités, il ne faut pas en attendre la panacée. Selon lui, la pédagogie repose depuis vingt ans sur un échec très large en France du report modal des mobilités en faveur du vélo.
Devant ce mur écologique, cette transition « mobilitaire », des tensions très larges apparaissent autour de ce bouquet de mobilités: la culture vélo a des limites qu’il ne faut pas nier.
Il y a des tensions, des inerties, des chemins de dépendances qui font que Strasbourg aura de la peine à atteindre 15% de part modale ajoute t-il.
Pour Olivier Schneider de la FUB, l’interrogation reste sans réponse: pourquoi, dit-il, 80% des gens veulent plus de pistes cyclables alors même que seulement 3% des usagers utilisent le vélo en ville? l’inconfort des ouvrages?… la dangerosité de l’environnement?…
La FUB revendique des efforts dans le domaine des comportements (?) et sur les infrastructures….comme par exemple imposer l’effort physique.
Agir sur les comportements n’est pas simple dès lors que l’automobile omniprésente n’a jamais autant eu le vent en poupe d’un point de vue culturel et que les démocraties libérales n’ont nullement l’intention de peser sur les choix économiques
L’automobile a t’elle été une intruse dans la ville? s’interroge Mathieu Flonneau
Non!
Au contraire, il y a eu co-construction de l’espace urbain en facilitant des trajets domicile-travail plus longs éloignant les populations des villes et transformant les modes de vie.
Ce qui parasite le débat, c’est que beaucoup de centre-ville ont changé d’affectation en devenant touristique. De ce fait les mobilités pour le vélo deviennent plus légitimes dans l’hyper-centre.
Mais le vélo perd rapidement sa légitimité dès lors que les agglomérations s’allongent.
La piste cyclable deviendrait alors plus utile dans les périphéries non conçues sur le mode « revanchard » de l’automobiliste.
Il ne faut donc pas essentialiser les comportements et nier l’intermodalité conclut-il.
Comme on le voit, les théoriciens du « tout-vélo » en ville sont loin de convaincre.
Les décisionnaires urbains sont aussi imprégnés de doutes.
On les comprend dès lors que la conception des inter-modalités est devenu un casse-tête insoluble où les enjeux divergents parasitent le débat.
Depuis qu’elle s’est mise en tête d’embrasser toutes les pratiques cyclistes, la voilà qui se targue de nous initier au vélo en ville.
Comme si on avait attendu après elle!
Dans un article paru dans Cyclo-Tourisme Magazine le 1er juin, la FFV n’y va pas quatre chemins en nous invitant à l’aventure du vélo en ville…lire l’article
Vous souhaitez tenter le vélo en ville ?
Le titre a lui seul est lourd de sous-entendu pour une fédé dont l’essentiel de ses membres prennent la voiture pour acheter leur pain au bout de la rue.
Tenter de prendre son vélo en ville serait donc hautement anxiogène pour la FFV.
Normal, avec des pneus extra-fins comme les petits pois et gonflés à bloc, des selles en pointe de diamant, l’absence de tout équipement réglementaire comme la sonnette, les dispositifs réfléchissants, la lumière, difficile de se promener dans les centres historiques pavés de nos provinces françaises.
La petite musique des pouvoirs publics en faveur du vélo en ville serait-elle parvenue jusqu’aux oreilles des administrateurs de la FFV?
Subitement la FFV semble découvrir qu’il y a des cyclistes qui risquent chaque jour leur vie en ville alors elle tente de s’investir dans un domaine dont elle ignore tout.
Rien n’est obligatoire en matière de matériel dit l’article!…
Coucou, on est là
La preuve, on nous recommande même d’installer une sonnette…alors qu’elle est obligatoire.
Je tombe des nues. C’est sidérant de niaiserie d’écrire des choses aussi fausses dans un magazine spécialisé et fédéral.
Quand on est aussi peu au fait de la réglementation, on s’abstient de s’aventurer dans des terrains inconnus.
La FFV manque t-elle à ce point de rédacteurs avertis au point de confier sa prose à un dénommé Philippe Palleron d’AG2R La Mondiale?
Que la FFV reste dans son domaine, celui des cyclos du dimanche.
D’autres savent faire beaucoup mieux qu’elle ailleurs, notamment la Fédération des Usagers de la Bicyclette (FUB), la FUB que la FFV semble superbement ignorer.
Une interview intéressante du Président du club des villes et territoires cyclables
« La culture DDE, qui marque encore les techniciens dans nombre de collectivités. Il s’agit d’amener le plus rapidement possible l’usager du point A au point B. Alors on fait large et roulant, sans anticiper les mutations qui s’annoncent dans les déplacements. À quoi sert-il de gagner quelques minutes pour aller en voiture de Créon à Bordeaux si, à l’entrée de l’agglomération, on s’englue dans les embouteillages ? »
(Jean-Marie Darmian, Président du club des villes et territoires cyclables)
Si l’on est amené à se poser la question, c’est bien en fait
parce que le vélo en ville, ça ne « prend » pas!
Avec une fréquentation lilliputienne de 2 à 3% de cyclistes en
ville, force est de reconnaître que les promoteurs du vélo en ville
sont loin d’avoir la partie gagnée.
Le plus étonnant, c’est de constater que les cyclistes
« routiers », cyclotouristes et autres vététistes du dimanche, tous
potentiellement « préparés » à affronter la ville à vélo sont aussi
les moins enclins à le faire!…
Pourquoi?
Parce qu’ils savent bien que la ville est parsemée de
chausse-trapes qui feront tout pour les dissuader de prendre leur
bécane pour aller travailler ou pour faire leurs courses.
Et cela même avec le concours des pouvoirs publics qui
s’ingénient à construire des ouvrages tortueux et compliqués pour
les cyclistes.
C’est aussi parce que les cyclistes « du dimanche » savent bien
que le vélo demande adresse, équilibre, attention et réflexe qu’ils
évitent de se hasarder dans le magma urbain.
Les élus se montrent en effet très réticents à vider leur
hyper-centre des automobiles, car ils savent très bien que les
automobilistes sont aussi capables de pressions et réclament à cor
et à cri toujours plus de places pour se garer et toujours plus de
voies pour se déplacer.
Il reste donc tous les autres…
Les cyclistes urbains militants, sûrs de leur cause… et tout
ceux qui observent, incrédules, depuis la vitre de l’autobus ou à
leur volant ces curieux funambules sur deux roues qui défient la
rue.
Ceci étant, on peut toujours se livrer à des analyses
compliquées de cyclabilité et tenter d’améliorer les choses: le
vélo est toujours perçu majoritairement comme un moyen de
déplacement archaïque et rétrograde pour ceux qui ont gouté au
confort de la voiture climatisée et aseptisée.
La cause est donc entendue: la promotion du vélo en ville ne
peut être vécue que comme une régression en dehors du
vélo-loisir.
Pire, le vélo est même identifié comme un facteur de pauvreté
susceptible de tirer « vers le bas » la qualité de nos modes de
déplacement.
C’est que la conscience environnementale de nos citoyens a quand
même des limites, celle en particulier de ne pas devoir amputer
notre confort quotidien.
Tous les promoteurs et militants du vélo en ville ont donc de
beaux jours devant eux dès lors qu’ils subiront la raillerie du
monde politique et des marketeurs de Citroën avec sa C4!