
Le jogging matinal permet de commencer la journée du confiné. La vraie, pas celle de ceux qui font comme avant. Le retraité est le vrai confiné, celui dont les interdits sont les plus pénalisants.
Mes pompes chaussées, j’arpente donc le quartier en petite foulée. C’est un contre la montre. Les dames secouent les draps à l’étage, les messieurs promènent le chien.
Je m’octroie souvent la chaussée plutôt que le trottoir car c’est moins fatigant que le trottoir en pente variable, couvert de regards de branchements et rapiécés. Je prends les traversées piétons en diagonale, c’est aussi moins éprouvant que les angles droits.
Le corps une fois réglé, les jambes courent toutes seules,comme si nous pouvions consacrer notre esprit à autre chose. C’est fabuleux cette accoutumance de la machine humaine. De temps à autre, je me surprends à peiner, alors je relance les feux, puis je reprends mes songes.
J’avais écrit un 2016 un billet sur le mode hibernation du cycliste. Je pense que l’activité d’endurance à pied relève du même processus mental.
Quand l’heure de fin approche, je resserre l’itinéraire. Au bout de cinquante minutes, c’est bon, je peux passer à autre chose.
Finalement, le jogging, c’est une hygiène de vie comme une autre. J’ai été dépassé par une jeune femme sur sa trottinette électrique. Elle avait une silhouette un peu…enveloppée et je me suis dit que nos maux sanitaires venaient en partie de là. Mon jugement n’a aucune valeur morale, mon prochain fera comme il veut.