Donne-lui tout de même à boire (V.Hugo) Je crache tellement sec que la bave colle au menton (chut!)
J’ai pris la route, plus exactement le trottoir jusqu’à la route de Cernay à Vieux-Thann, puis la piste cyclable.
Un 10km de running pour moi c’est une défonce d’une heure qui me coûte aujourd’hui 850 kcal soit l’équivalent de 50 bornes de vélo et 1200m de déniv
Au Bike-Park de Cernay, j’avais atteint mes cinq kilomètres habituels.
Une pause, puis je repars par le sentier botanique le long de la Thur. Je suis peu habitué à ce type de sol. La petite rigole dépourvue d’herbe au centre du chemin n’est pas confortable. Finalement j’opte pour l’herbe, c’est plus doux au pied mais je crains l’entorse. Deux jeunes à VTT arrivant face à moi caché par la Renouée du Japon manquent de me percuter dans le virage.
Au km 7, je suis à hauteur du centre de tri postal de Vieux-Thann. Je commence à puiser dans mes maigres réserves en surveillant mon rythme. Je sens que ma carcasse pèse et que l’ensemble du personnage est brinquebalant et désarticulé. Un vrai guignol!
Devant le lycée, je trébuche (sur rien!) et je manque de m’affaler, signe de fatigue manifeste.
J’espère pouvoir être plus à l’aise la fois prochaine. C’est clair qu’avec cinq kilos de moins je ferais des merveilles.
Je n’ai pas affiché le cardio pendant toute l’heure, le seul moyen de ne pas me faire peur (avec 150 pls de moyenne à l’arrivée)
C’est mon deuxième 10 kilomètres. Je suis content car je tiens les 7mn/km comme si je courais le cinq habituel.
4 heures 26. Voila déjà plus d’une heure que je me retourne dans mon lit. Je n’y tiens plus. Ma tête va exploser sous l’amoncellement d’informations qui m’assaillent. Mon sac est-il complet? je le révise…il y manque des bricoles, celles qui feront de mon quotidien des journées habituelles. Alors je le complète.
Pour aller où?
Je ne sais pas. Je suis un penseur de la nuit. Au-dehors tout est noir. Ces enfoirés d’élus coupent l’éclairage public, celui qui me dessine des ombres et des lumières pendant mes insomnies.
Alors comme ça on monte?
Les Français se précipitent vers les quarantièmes rugissants de leurs bagnoles. Pour aller où? vers les demeures et châteaux, les mobil-homes à cheminée intégrée, les campings de la plage. Pourvu qu’ils montent, les Français, le jour de l’Ascension! La grande dépression covidesque est derrière, il faut rattraper le temps perdu à tourner en rond. Alors on se casse n’importe où.
Se casser, on saura le faire aussi le jour où les Poutine en puissance vont nous montrer comment ils comptent redevenir des tsars autocrates à la tête des nouveaux empires. L’Ukraine en fait les frais, pour commencer. A force de bombardements, son image se brouille. On n’est plus très sûrs en Occident qu’il faut qu’elle gagne face à Poutine, l’Ukraine. Vendre des armes, oui. Mais se priver de gaz, non. Ce qui me fascine c’est l’extrême détermination des dictateurs face de la mollesse des démocraties. Le dictateur est sûr de son bon droit, il n’est face qu’à lui-même et ne rend compte à personne. Les démocraties se prennent en permanence les pieds dans le tapis de valeurs approchées, confuses et contradictoires. Le moment venu, une grande débandade se produira chez nous, on peut s’y attendre. Toutes sortes de drapeaux sortiront des placards, comme ceux des épisodes sportifs nationaux que je vois à la télé. Dans les stades.
Dans les stades, qui y mettra t-on alors?
Boomers
François de Closets sort Boomers. Voila un type qui n’a cessé de cracher sur sa génération et qui vient encore nous donner des leçons. Forcément, ça le dérange de Closets de ne pas avoir pris quelques bombes sur la tronche depuis 80 ans.
Je vais reprendre ma route avec Tchitchikof, tenter de savoir s’il trouve encore des Âmes Mortes (N.Gogol) à s’acheter en parcourant la Russie tsarine. J’ai hâte de retrouver des lectures plus frivoles. J’ai un gros Proust qui m’attend depuis des jours sur le coin du bureau. Mais j’aimerais aussi jeter un œil sur « la condition noire » de Ndiaye, le nouveau ministre qui déstabilise notre universalisme affiché et sur « guerre » de Céline qui vient d’être exhumé. Je sais, c’est très disparate tout ça. Je fais ce que je peux avec un faible bagage. J’allais oublier ma trousse de toilette. Pour me faire beau quand le jour viendra.
Forcément mon jour qui vient, après un sommeil raccourci, sera tout de même moins beau. Je vais l’amputer de mes projets ambitieux de boomer sur le déclin. Le tour de roue sera plus court. Il faudra réduire la voilure car les forces me manqueront.