
Je me suis couché de bonne heure. Comme Proust.
Et je ne me suis pas mouché comme la nuit précédente à chaque demi-heure. A trois heures, le tonnerre. A six heures, l’averse.
Mon tour habituel consiste à rejoindre le centre-ville à deux kilomètres à vol d’oiseau, puis je rentre. Ce qui me fait cinq kilomètres. Ne pas se méprendre: ma ville habite la campagne, ce n’est qu’un gros bourg décati depuis que le Moyen-Âge l’a abandonné. Depuis, c’est devenu un refuge de rurbains, une excroissance au bout d’une voie rapide qui s’étrangle pour traverser la vallée. Sûr que si les locaux me lisent, je me faire incendier. Mais ils ne me lisent pas.
J’ai repris ma route en CAP (abréviation de course à pied). Un tour de ville où la biennale photo s’expose. Dès le départ, ma trachée brûle; je m’en accommode avec une giclée de corticoïde avant le départ.
J’ai à la main la petite gourde de 17cl. De quoi me désaltérer à mi-chemin. Je progresse lentement dans ma technique de course. Je teste des choses grapillées sur le net. Fractionné ou pas? les avis divergent. Moi, je stoppe le chrono et je marche sur 50 ou 100 mètres. Puis je repars.


Puis j’ai zigzagué à travers le nouveau marché.
Je consulte les nouvelles à l’ordi un Kleenex sur la tête pendant que j’éponge le bureau qui ruisselle.

Je suis vanné comme si j’avais couru un 10 km.
Trente-cinq minutes pour évacuer le stress qu’on accumule, dit-on. C’est dommage, je n’arrive pas à en saisir une miette au passage pour voir à quoi ça ressemble, le stress.