Je me suis rendu à l’évidence, pour poursuivre mon chemin, il fallait prendre la route des autos
Oui, c’est non essentiel le déneigement d’une piste cyclable pour paraphraser ce qu’on nomme les commerces non essentiels aujourd’hui lors de la crise épidémique.
On aurait pu imaginer qu’après tant et tant de militantisme pro-vélo, les pouvoirs concernés auraient pris l’affaire en main. Non, vingt ou trente ans plus tard, il n’existe toujours pas en France un cadre réglementaire du déneigement pour les infrastructures cyclables.
La raison est pertinente et je suis même prêt à la recevoir: le vélo reste en-dessous d’une masse critique et son intérêt est à relativiser puisque les pistes cyclables, en principe, ne concernent que le monde des loisirs. Or le monde des loisirs peut attendre en ces temps de pénuries diverses. Absence de crédits mais aussi absence d’une prise de conscience politique suffisante pour lier le vélo à une vision d’ensemble des mobilités.
Quelques hurluberlus comme moi seront loin de peser sur les politiques publiques locales. Nous sommes des « pèse-peu »! Alors au plan national, on peut toujours attendre. Si l’on pousse le raisonnement, on ne sait pas qui de la poule ou qui de l’œuf peut faire émerger le changement. Les vieux dogmes du pouvoir populaire ne sont plus d’actualité, il faut donc attendre qu’une conscience universelle s’éveille pour rendre au vélo la place qu’on lui doit.
Mais au demeurant, si la piste était déneigée, chouchoutée, il resterait à convaincre les masses populaires qu’un changement est inéluctable, abandonner sa bagnole pour moins de cinq kilomètres. Or dans nos zones extra-périphériques, le taux de population est tellement peu dense que le vélo ne sera jamais gagnant comme il pourrait l’être dans un pays nordique densifié.
Cela dit, le dégel va vite nous redonner espoir. Seuls les chemins vicinaux comportent encore quelques congères. Il faut donc s’armer de patience avec ce redoux avant de retrouver nos routes de montagne.