Accompagné de mon fidèle VTC, je m’installe rue des Jardins.
Intrigués, les riverains s’arrêtent. J’ai du mal à commencer. Puis la critique suscite des conciliabules. On me propose une expo, vous vendez?, je ne peux m’extraire des conversations. Alors je temporise, je fais semblant, mais c’est démotivant, j’arrive à ne plus savoir où j’en suis. La rue qui était dans la lumière commence à s’assombrir. Je reteinte en gardant de la chaleur.
La voisine vient photographier mon tableau en souvenir.
Je suis patient. Je termine lorsque le soleil n’éclaire plus que la forêt au fond et alors que la Collégiale n’a plus de lumière. Il fait déjà froid. Je range.
Un spectateur avisé me demande si je vais laisser le candélabre. Bonne question. Je veux respecter mon époque et aussi ma profondeur de perspective.
En plein soleil, le travail est plaisant, mais une fois à l’intérieur mes couleurs apparaissent ternes. Alors je redonne de la lumière et je force un peu sur les feuillages d’automne du vignoble.
Oh! un peintre à vélo. C’est la première fois que je vois ça. Je peux vous photographier?
C’est ainsi qu’en ce 8 octobre, je passe à la postérité dans l’album photo de cette dame…et peut-être même sur les réseaux dits sociaux.
J’en suis tout ému.
Grimper le Rangen sur son vélo avec son matériel, il semble que ce ne soit pas encore pas arrivé. Pourtant la ville se prête à l’exercice avec ses nombreuses perspectives, mais je ne vois pas « de photographes à la main » avec qui je pourrais deviser.
Les chiens des promeneurs viennent renifler mon médium fait d’huile de térébenthine et de withe-spirit tandis qu’un maître me félicite pour mon « art abstrait ».
Un automobiliste promène les visiteurs en 2CV. « Visitez les vignes avec le vigneron » est-il écrit
A midi, je remballe les gaules.
Pour accéder au vignoble, il faut ouvrir les barrières électriques. Le centre de Thann le long de la Thur témoigne ce matin du passage des sangliers qui retournent la terre des espaces verts.
L’aqueduc des Arceaux a été construit au XVIIIème siècle pour alimenter en eau la ville de Montpellier. Au bout des Arceaux, le château d’eau du Peyrou de belle facture architecturale.
Si l’alimentation en eau de Montpellier vous intéresse, allez voir ici l’histoire de l’aqueduc de Saint Clément qu’on appelle aujourd’hui les Arceaux.
Il faut que je perfectionne mon paquetage. Avec la peinture à l’huile, la question urgente se pose à la fin: comment ramener son tableau pas sec?
Aujourd’hui j’ai glissé le format 30×40 dans la sacoche. Parfait! Pour les plus grands formats, je vais devoir inventer un truc.
Je commence à déambuler dans les rues avec mon bardas qui cliquette. Soleil dans le dos. Je m’installe dans les contre-allées du Peyrou. Bruit infernal du trafic en contrebas et bourrasque de vent encore frais.
Puis j’esquisse.
Runners et chiens toute la matinée.
J’ébauche le Pic St-Loup dans le lointain et mon clocher. Un platane en appui à gauche.
Deux heures pour passer le temps et je retraverse la ville au pas jusqu’à la Comédie.
Ce matin j’ai tourné en rond avec mon vélo le temps de trouver une perspective qui me convienne.
Ce sera donc cette voie verte le long des vignes du Rangen. De nombreux cyclistes sont passés. L’un d’eux, Marc, m’a même reconnu. C’est dire ma notoriété! Nous avons bavardé un peu puis Marc a repris sa route.
Un couple a souhaité immortaliser sur son smartphone ma bobine avec mon tableau « wunderbar! »,
« danke! »
devant la page blanche, je m’inquiète, bien cadrer avant de commencer
Les premiers visiteurs de passage sont déçus devant la toile esquissée « vous venez seulement de commencer… »
Un autre « je suis peintre, je peux regarder? »
Puis vient un plaisantin « alors, on photographie à la main?… »
Finalement, je remballe à 12h30.
« On dirait une photo » me dit le dernier passant. Un compliment, j’espère.
La Thur à Thann (huile sur toile 40×50), travail approximatif
J’ai mis une dernière main à ma peinture « sur le motif ». Ce n’est pas facile de peindre devant les passants alors que je balbutie avec mes pinceaux et mes couleurs. Parfois j’ai droit à un « c’est très beau » d’encouragement de personnes qui passent en faisant leur jogging et d’autres qui s’arrêtent dans mon dos sans rien dire. Il y a des dizaines d’emplacements à Thann pour peindre, pourtant j’hésite car d’autres paramètres me font hésiter. J’ai besoin d’un éclairage offrant de bonnes perspectives; donc peindre un sujet vers l’ouest le matin et vers l’est en soirée.
Alors je me déplace avec mon barda sur le vélo, hésitant lorsqu’il y a trop de monde. A force, je deviens louche pour le voisinage. Il m’est arrivé de quitter les lieux puis de revenir plus tard m’installer.
Peindre « sur le motif » (sur place) favorise les couleurs, les contrastes naturels mais en même temps rend le champ de l’image plus complexes à traduire. Car les préceptes d’un bon paysage restent toujours les mêmes: un sujet, un nombre d’or, des fuyantes, des harmonies de couleurs,…
Pour un peintre comme moi c’est difficile d’autant qu’il faut aller vite car la lumière est changeante et il faut savoir saisir les personnages en instantané.
Je vois parfois des choses dans des galeries ou des vitrines que je n’oserais pas présenter.
Je peins, je peins. Et puis un jour c’est plein. Je ne sais pas comment remettre le compteur à zéro.
Alors, je repeins sur les plus moches un nouveau sujet pour ne pas déborder dans les pièces voisines. Un sujet devient parfois moche plusieurs mois après lorsque je le compare à d’autres plus récents.
En dernier ressort, ce sera pour les Emmaüs.
A force de regarder des tutos Youtube, j’ai appris qu’il y aurait un million de peintres amateurs en France et que seuls ceux qui ont un talent reconnu peuvent se présenter sur le marché.
Ces falaises se trouvent à Sassetot-le-Mauconduit (Seine Maritime). Elles sont situées au bord de la plage des Petites Dalles.
Claude Monet a peint là en 1880. Mais sa peinture est au musée de Boston alors que la mienne n’est que dans l’escalier.
Élisabeth de Wittelsbach, surnommée « Sissi », impératrice d’Autriche, sur les conseils de ses médecins, a séjourné durant l’été 1875 dans le château du village39. Elle allait se baigner aux Petites Dalles et parcourait à cheval la campagne.
Les écluses de Valdieu-Lutran, au nombre de douze, illustrent les efforts de l’homme, jadis, pour franchir une crête comme ici la ligne de partage des eaux Rhône – Méditerranée / Rhin – Mer du Nord. (voir mon article de 2006)
Transporter de lourdes charges devait prendre du temps. Un temps compté qu’on n’accepte plus aujourd’hui avec le flux tendu des marchandises.
Amicalement, je faisais remarquer à un éclusier qu’on devait perdre beaucoup d’eau en éclusant des coquilles de noix à faible tirant d’eau…alors que les chalands d’antan bien chargés devaient occuper un grand volume de l’écluse…
Il ne m’a pas, semble t-il, compris. Alors lorsqu’un plaisancier passe, on véhicule d’abord de l’eau, de l’eau qu’on peine à capter dans la Largue et la rigole de Belfort.
Mais le volume d’eau V1 perdu à la première écluse n’est perdu qu’une fois, il devient ensuite V2, V3,…heureusement.
Dans les années 70, je passais à vélo le long de ce village touristique qui borde l’Hérault. Venant du Causse-de-la-Selle, on rejoignait le Pont-du-Diable, Aniane, La Boissière avant de rentrer à Montpellier par Montarnaud et Juvignac. On ne s’arrêtait pas Saint-Guilhem trop encombré mais il fallait faire attention aux piétons rejoignant leurs voitures. Je suis retourné à St-Guilhem en juin 2021, à VTT cette fois https://velomaxou.com/2021/06/15/saint-guilhem-le-desert/
copie à l’huile sur toile 29.7×42 (1148cm2) j’ai moitié moins de surface que l’original et fatalement la précision du lointain n’est pas facile à rendre
Je commence par une esquisse sur une toile
Route en courbe (1875- 38x61cm) 2318 cm2 gravure extraite de Grands Peintres éd. Hachette
Une lumière ferme baigne la campagne sous un de ces ciels d’été dont Sisley écrivait à Tavernier qu’il n’est pas un fond lointain et insignifiant, mais qu’il contribue aussi à donner ses plans- car il a des plans, comme le terrain- la profondeur et le mouvement
Comme de nombreux peintres, Sisley fut reconnu après sa mort en 1899. Il appartient au mouvement des impressionnistes né vers 1860 qui tranche avec l’académisme. L’impressionnisme vise « à représenter le caractère éphémère de la lumière et ses effets sur les couleurs et les formes« .
Le plus sédentaire de ces adorateurs de berges, de viaducs, de pontons, de sentiers et de routes boisées, de maisons riveraines, de prairies, de coteaux, de parcs et de vergers en fleurs (Claude Roger-Marx)
Alfred Sisley, né à Paris le 30 octobre 1839, était anglais. Proche ami de Renoir, Monet et Pissarro.
Mort à Moret- sur- Loing en 1899 d’un cancer de la gorge.
Je poursuis par le ciel
et je termine par le paysage, le lointain d’abord et le proche, comme pour une aquarelle.
J’ai utilisé un medium de ma fabrication soit 1/2 solvant (white-spirit) 1/2 huile de lin, quelques gouttes de siccatif Onyx ( Leclerc-Brico).
Je ne suis pas philosophe, j’avoue ne rien connaître des préceptes de la discipline. En revanche, l’âge passant, je dois bien admettre que cette fuite du temps me pose problème.
On aimerait parfois, lorsqu’on aime encore la vie, pouvoir agir sur un bouton et freiner la course du temps quand tout va encore bien.
Passons!
Mon atelier de peinture a été refait à neuf. Il est plus lumineux, plus fonctionnel et aussi plus confortable sur le plan thermique. Je vais donc pouvoir en profiter.
J’ai dans la tête plein de projets de peinture. L’huile qui fait hésiter car d’un abord compliqué s’avère finalement facile, plus facile que l’acrylique. Pourquoi? perce qu’elle est malléable et qu’elle accepte beaucoup de contorsions, les maladresses, avant de durcir.
Peinture expressionniste de Sisley, j’adore. Tout me contente dans ce paysage. La nature, le lointain, les nuages, ce chemin, ces marcheurs et cette lumière apaisante des couleurs.
Je vais tenter de m’améliorer avec l’huile tout en essayant de ne pas me disperser dans mes sujets. Les paysages en priorité, et peut-être y ajouter une forme d’expressionnisme. Cette période picturale du XIX -ème me plait beaucoup.
Acrylique sur toile (46×55) Beaucoup de problèmes avec cette toile. On apprend en peignant. D’abord l’ombre qui doit « marier » une complémentaire du sol ensoleillé. Ensuite le ciel hyper bleu de la photo que j’ai du dégrader pour tenir compte de l’harmonie des couleurs
Et le vélo?
Je n’ai pas fait de sport depuis le 28 mars. Entretemps j’ai eu une rhino et je m’en sors tout seul. C’est une victoire car d’habitude je dois avoir recours à la médecine.
Mais je temporise avant de reprendre.
Voici résumé mon trimestre
quelques collinets glanés dans le Gard
CAP 104km/route 413km/VTT419km
Pas de quoi pavoiser! Même si je m’astreins chaque semaine.
Au revoir
Que d’aventures avec ce vélo! il mérite une bonne retraite (St Roch-Turini 2007)
J’ai dit aurevoir à mon VTT. Mon fidèle destrier avait dix ans d’âge. Je l’ai bien entretenu mais certains composants de la cinématique arrière montraient des signes de fatigue.
Voici donc mon nouveau VTT. 27.5 pouces avec la méga cassette 12 pignons et la tige de selle rétractable