Grande Motte

Ça ma permis tout juste de passer une heure de l’après-midi pluvieuse.

Jogging dans l’enceinte de confinement

Je prends des chemins détournés le long des jardins.Je fais bloum-bloum-bloum et les chiens aboient.

Pour que les choses soient claires, je n’ai pas le sentiment de commettre des imprudences avec mon jogging. Beaucoup moins que d’aller faire les courses à Intermarché ou à Leclerc ou encore aller chez le pharmacien.

Les gens ont la trouille. Contrairement à hier, ils ne sortent pas. Ils ont raison d’avoir peur. Ce ne sont que des bavardages de voisinage en promenant le chien sur le trottoir. Quelques voitures furtives et trois joggeurs.

RN66 Vieux-Thann 10h30, aucun véhicule en vue. C’est comme si le monde s’était arrêté de tourner
Aujourd’hui mon parcours est presque en forme de cœur (j’ai un peu bouffé sur le rayon d’un km le long de la Thur, chut!)

Chronique de pandémie

Le confinement est prolongé d’au moins deux semaines en France

C’est anxiogène. Tourner en rond dans son enceinte de confinement sans savoir si on ne ne finira pas prématurément dans la tombe après les pires sévices de la maladie.

Les voisins se saluent de loin en loin par dessus les haies des jardins. C’est notre premier samedi de printemps? je ne sais pas mais il fait beau. On ressort les tables et les chaises qui vont sous la tonnelle, les vélos et les trottinettes des petits enfants.

Mais ils ne viendront pas.

Tout le quartier est devenu une ruche qui bêche, qui taille, qui peint, qui sème.

Le va et vient des voitures est inhabituel. Une fois, deux fois,…trois fois on prend sa voiture son attestation en poche. C’est qu’on aura oublié « un achat de première nécessité » me dis-je…

Puis le jardin aménagé, on profite du soleil, du ciel bleu vide d’avions, de paramoteurs. Les cigognes viennent en couple survoler la ville. Elles doivent ressentir l’air pur pour la première fois.

En fin d’après-midi, le premier ministre Philippe a parlé, l’air grave. Flanqué des ses experts, les professeurs Karine Lacombe et Gérôme Salomon et le ministre de la santé Véran, les nouvelles sont tombées. Elles ne sont pas bonnes: le pire est à venir.

Le virus est plus contagieux que la grippe a ajouté Karine Lacombe. Puis Philippe s’est largement exprimé sur l’engagement du gouvernement, qu’il déniait à quiconque le droit de dire que le confinement avait été engagé trop tardivement, pour rappeler que les confinés que nous sommes sont au troisième plan, derrière les soignants, derrière ceux qui sont indispensables à la marche du pays, agents EDF, transporteurs, caissières, policiers, agriculteurs. Des gens en général peu payés et dont on parle rarement comme rouages de la société sont aux avants-postes de la maladie et réclament, à corps et à cris, d’être mieux protégés.

Le ministre Véran a commandé un milliard de masques dont une grande partie en Chine. Un pont aérien va commencer dès lundi. Est-ce que la polémique née autour des masques va s’éteindre? après nous avoir tant déconseillé de porter des masques, voici qu’on risque d’en avoir trop!

Le professeur Salomon a égrené les chiffres monstrueux de la pandémie qui ne cessent d’enfler. Comme on s’en doute, le Haut-Rhin est en tête avec 325 morts le 28 mars.

Mortalité du coronavirus le 28 mars. Le Haut-Rhin en tête

Le gouvernement continue de gérer comme il peut une stratégie de confinement qui peine à faire ses preuves. La pandémie continue de se propager comme en Italie et en Espagne. Et le principe du confinement des « inactifs » se télescope dangereusement avec l’injonction à travailler de ceux qui doivent continuer de bosser. Ceux-là se doutent qu’ils participent un peu à leur manière à une œuvre de déminage.

Les jeunes élèves infirmières, et les moins jeunes déjà plus aguerries, pleurent.

Les pompes funèbres sont en flux tendus, les fabricants de cercueils n’arrivant plus à suivre, et prennent aussi beaucoup de risques, surtout s’il faut extraire une pile au lithium et un pacemaker sur un corps.

La bataille se déplace dorénavant vers les maisons de retraite. Le gouvernement recommande aux personnels de loger sur place avec les pensionnaires et de ne plus sortir. On ne compte pas. Nos vieux risquent de disparaître en nombre puisque la plupart ne sont pas admissibles à la réanimation trop violente pour des organismes fragiles.

Ce triste tableau nous interpelle. La fin de journée de samedi est morose. On s’interroge. Comment peut-on être aussi soudainement foudroyé? qui sont ces gens qu’on amène en masse dans les hôpitaux? peut-être des gens comme vous et moi? il semble que le virus frappe indistinctement la population.

Le professeur Karine Lacombe a commencé à douter lors de sa conférence que la contamination se propage uniquement par les gouttelettes expectorées et les surfaces de contact. Alors qu’on ne cesse de nous le rappeler depuis le début.

Un autre mode de contamination serait possible. Mais lequel?

Ma mère pense aux extra-terrestres. Moi je pense plutôt à une contamination par les micro-particules de pollution contenues dans l’air. Ni elle, ni moi ne sommes experts.

C’était ma 12eme chronique de pandémie.

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